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Témoignages

Avortement : des femmes nous racontent pourquoi c'était la meilleure décision à prendre

À moins de vivre dans le fin fond des bois ces derniers jours, vous avez certainement entendu parler de l’annulation du jugement de Roe vs. Wade par la Cour Suprême des États-Unis, une décision qui (re)donne maintenant le pouvoir aux États de choisir de criminaliser ou restreindre l’accès à l’avortement.

Le droit des femmes de terminer une grossesse, peu importe les raisons, leur est, ou sera sous peu donc retiré dans près de la moitié du pays selon les prédictions.

Frustration, colère, peine, incompréhension ; le monde entier est choqué devant ce recule énorme des droits des femmes dans le pays « de la liberté ».

Plus que jamais, il est important de supporter les femmes autour de vous et d’écouter leurs histoires. Certaines d’entre elles ont eu la gentillesse de se confier à moi, de me raconter leurs avortements pour que ce sujet ne soit jamais tabou, et afin d’encourager d’autres femmes à exercer leur droit de choisir.

Trop jeune pour être parent

« J’avais 14 ans, me raconte Julie*, un âge impensable pour devenir mère, j’étais au secondaire, je voulais terminer l’école. »

Pour elle, qui prenait la pilule contraceptive, et son copain de l’époque, c’était clair et net qu’ils ne pouvaient être parents à un si jeune âge. Heureusement pour elle, l’infirmière de l’école et leurs parents les ont aidés dans le processus d'avortement. « C’est pas le fun, ça fait mal et je voulais tellement avoir des enfants un jour…mais pas là! »

Aujourd’hui mère de 3 enfants, Julie ne regrette aucunement sa décision et se trouve très chanceuse d’avoir été si bien accompagnée. « Pendant le reste de mon secondaire, l’infirmière m’a invité à discuter avec environ 5 ou 6 autres filles qui ont traversé la même situation. Je pense que ça m’a aidé un peu aussi là-dedans et j’avais l’impression que mon histoire les aidait elles. »

Quand le couple bat de l’aile

Pour Anne, ça ne s’est pas tout à fait passé ainsi. « J’avais 33 ans à ce moment-là, et j’étais nouvellement mariée. Nous étions vraiment dans une phase difficile de notre relation. L’ajout d’un nouveau-né alors qu’on en avait un d’à peine un an (et deux grands enfants), était inconcevable. »

Jamais Anne n’avait considéré l’avortement avant et elle a d'abord résisté à l’idée… « Mais lui y tenait vraiment. Ç’a été une source de conflit jusqu’à l’avortement, mais au final, c’est aussi devenu ma décision. »

Pratiquement un an plus tard, séparée de son conjoint, elle est reconnaissante d’avoir fait ce choix et d’avoir pu recevoir les services nécessaires.

Mon chum n'était pas impliqué. La décision me revenait : mon corps, mon choix.

« Ce n’est pas parce qu’on sait que c’est la bonne décision que c’est facile »

Roxane est passée à travers deux avortements dans la dernière décennie. Elle qui disait ne pas vouloir d’enfant croyait qu’avec la bonne personne au bon moment, elle changerait certainement d’idée. Sur la pilule contraceptive, elle accuse un retard dans ses règles et le verdict tombe : elle est enceinte.

« Honnêtement, ma réaction a été viscérale, c’était in-con-ce-vable pour moi que j’aie une enfant malgré ma belle relation avec mon copain. Quand je lui ai annoncé, lui aussi ne se sentait pas prêt à être parent.»

Après plusieurs appels dans les cliniques, elle tombe sur un rendez-vous annulé lui donnant la chance de se faire avorter dans les 3 jours. « Quand j’ai eu l’avortement, j’ai forcé mon copain de venir avec moi parce que je voulais qu’il prenne conscience que ce n’est pas une mince affaire. Ciao bye, je ne suis plus enceinte… Non, ce n’est pas juste ça.

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Et ce n’est pas parce qu’elle ne voulait pas de cet enfant que l’avortement a été facile pour elle. « J’ai trouvé ça vraiment rough pour être honnête. Je n’arrêtais pas de pleurer, c’était très émotif. Et la médecin m’a dit que ce n’est pas parce qu’on sait que c’est la bonne décision que c’est facile. J’étais vraiment contente que ce soit elle qui soit là pour moi. » 

Environ 8 ans plus tard, la pilule contraceptive lui a encore fait défaut, mais cette fois-ci, elle était dans une relation qui n’allait pas bien. Bien qu’elle ne désirait pas se faire avorter de nouveau, elle ne voulait pas avoir ce lien avec son copain de l’époque. « Ça ne prend pas que des cas extrêmes pour qu’un avortement soit nécessaire. Je serais malheureuse si j’avais eu ces enfants-là, les enfants seraient malheureux…quand tu ne veux pas en avoir, tu ne devrais juste pas en avoir. »

« Il n’aimait pas le condom »

Em m’explique que c’est lors de sa première relation de couple qu’elle est tombée enceinte. « J'avais autour de 20 ans, premier chum à vie. Il n'aimait pas le condom et mettait de la pression pour faire l'amour sans protection. J'étais en amour, on avait fait des tests de dépistage, alors on s'est fiés à la méthode du calendrier pendant un court laps de temps, mais ce fut assez pour tomber enceinte malgré tout! »

Sa relation n’était pas au beau fixe et pour elle, il était hors de question d’avoir un enfant avec cet homme, en plus d'être aux études.

« La décision fut très simple à prendre. Donc à 10 semaines, je me suis fait avorter à l'hôpital. Mon chum n'était pas impliqué. La décision me revenait : mon corps, mon choix. Je me trouvais stupide d'avoir plié à ses caprices. Il a même décidé d'aller à ses cours plutôt que de m'accompagner à l'hôpital... Ça démontre son niveau d'empathie. »

Em ne regrette pas sa décision. Elle se trouvait trop jeune, trop immature, et par-dessus tout, dans une relation plutôt malsaine. « J'ai 40 ans, sans enfant. J'ai eu une hystérectomie l'an passé à cause de fibromes, alors ce n'est plus une option pour moi, mais je suis totalement en paix avec tout ça. »

*Nom fictif 

Ressources au Québec pour un avortement

Si vous désirez mettre terme à votre grossesse ou en discuter avec un professionnel de la santé, rendez-vous sur le site https://sante.gouv.qc.ca/repertoire-ressources/avortement/ pour trouver la clinique la plus près de chez vous. Pour vous informer de votre droit à l’avortement, consultez ce lien : https://educaloi.qc.ca/capsules/avortement/

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PAR : Maude Carrier