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Qui dit juin, dit Mois de la Fierté. Et qui dit Fierté, dit « on en parlera jamais assez! ».
Pourquoi a-t-on toujours besoin d’un mois consacré aux communautés LGBTQIA+? Je vous parle du cheminement qui m’a amené vers mon coming-out, des étiquettes nécessaires, mais pas toujours évidentes à comprendre et de l'importance d'accueillir son orientation sexuelle.
Oui, le mois de juin est placardé de drapeaux de toutes les couleurs, les compagnies s’habillent en arc-en-ciel, et oui, plus tard cet été il y aura le défilé de la Fierté... Et c’est parfait comme ça.
On n’a pas le choix d’habituer la société à parler haut et fort des enjeux des communautés LGBTQIA+. Les esprits s’ouvrent tranquillement, mais la vitesse de croisière est à slow motion mettons. Il faut que ça change.
Pour donner quelques statistiques avant de raconter mon histoire, saviez-vous que dans 69 pays sur 193, l’homosexualité est interdite? Et que dans 11 pays, les relations dites homosexuelles sont passibles de peine de mort? Être lesbienne est comparable à un meurtre vous pensez? REALLY? Et je ne parle même pas des autres communautés queer...
C’est pour cette raison que depuis 1979 (dix ans après les émeutes de Stonewall), la communauté LGBTQ2S+ et ses allié.es marchent au défilé de la Fierté. Défilé qui est devenu, au fil des ans, un festival d’une dizaine de journées célébré dans de nombreux pays. C’était donc une manifestation au début, il est pertinent de s’en rappeler.
J’ai fait mon entrée dans la grande communauté LGBTQ+ en 2009. J’avais fait quelques rencontres avant, mais c’était loin d’être ce que je m’apprêtais à vivre. Après avoir participé à la Star Académie, j’ai été propulsée dans le monde artistique. Un monde où les homosexuels pleuvent comme les opinions de Richard Martineau. Il y en avait au centimètre carré et J’ADORAIS ça!
Aujourd’hui, je me rends compte que tous mes meilleurs amis sont gays et/ou font partie de la communauté. J’en faisais aussi partie par la bande. Je me promenais fièrement dans le Village et participais au défilé pratiquement chaque année. Parfois je regardais passer la parade, parfois j’en faisais partie. Les bars de la rue Ste-Catherine n’avaient plus de secret pour moi, j’y étais quatre soirs par semaine! Les gens me saluaient dans la rue et je me sentais comme une vraie queen.
Je me sentais accueillie, aimée, regardée sans préjugés et je n’étais pas (encore) gay. C’est ce que j’ai toujours apprécié.
En fait, je ne me considérais pas encore queer dans ces années. Même si, plus jeune, je me posais des questions, je croyais que c’était juste normal et que tous les jeunes passaient par là. Ce qui n’est pas totalement faux. Plusieurs ados se sont questionnés quant à leur orientation sexuelle juste après avoir regardé les seins d’une amie trop longtemps ou après avoir piqué une crise de jalousie parce que Jeffrey voulait aussi voir d’autres copains. C’est normal! Mais moi, ça a perduré.
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J’ai pas mal toujours été à l’aise avec le flirt féminin. Rien ne me dérangeait là-dedans parce que j’étais convaincue que ce n’était pas ma réalité et que c’était « pour le fun ». J’aime les hommes, mais « de l’attention, ça se prend peu importe le sexe ». C’est ce que je me disais.
Sachez que les orientations sexuelles et les identités de genre peuvent changer avec le temps. C’est pour ça qu’il est important que tout le monde soit représenté.
Il y a six ans, après plusieurs échecs amoureux et de dates malaisantes, j’ai décidé de m’inscrire sur l’application de dating lesbienne HER. J’ai rencontré deux filles. J'ai fait quelques dates peu concluantes au niveau relationnel, mais très pertinentes au niveau personnel et sexuel.
Je n’étais plus hétéro. J’étais bisexuelle. Je l’assumais.
Mais je me disais intérieurement que je ne serais probablement jamais en couple avec une femme, j’aimais trop/plus les hommes. Je n’avais donc pas de coming-out à faire, ça ne servirait à rien, je ne ramènerais pas de fille chez mes parents.
Les années passent, 2015 devient rapidement 2020. Je me réinscris une millième fois sur Tinder. J’ouvre la recherche aux hommes et aux femmes, juste pour le plaisir. On est en pandémie, je ne commencerai pas à faire des rencontres et j’avais en fait besoin de me faire dire que j’étais jolie par tout le monde. Dix minutes après mon inscription, j’ai un match.
C’est une femme. Elle est magnifique. On s’écrit. Elle rit de mes blagues, je ris des siennes. On ne dort plus. On FaceTime sans cesse. J’ai le ventre trop plein de papillons pour manger quoi que ce soit. Elle comprend. On s’écoute. On se rencontre. On s’embrasse. On se connait depuis peut-être toujours.
Ma blonde est la plus belle histoire que j’ai vécue. Le plus beau visage que j’ai vu et le plus beau rire que j’ai entendu. Je ne me suis jamais sentie aussi aimée (bon ok, à égalité avec mes parents!).
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Je ne vous ferai pas de cachette, j’ai combattu au début. Combattu le sexe de la personne que j’aime, combattu mon orientation sexuelle. Les autres c’était correct, mais moi non. Je ne voulais pas être encore plus marginalisée. Je devais la présenter à mes amis, ma famille… Mais qu’est-ce qu’ils allaient dire?
Qu’est-ce que je suis réellement? Lesbienne, bisexuelle, pansexuelle? Je savais bien que la question allait finir par m’être posée, mais quoi répondre quand tu ne le sais pas vraiment toi-même?
J’ai décidé de ne pas me donner d’étiquette pour le moment, voire jamais. J’ai le droit. On a tous le droit. On n’est pas obligés d’appartenir à une catégorie de gens en particulier. Pour certains c’est rassurant et pour d’autres c’est angoissant. Il faut accepter cela.
Sachez que les orientations sexuelles et les identités de genre peuvent changer avec le temps. C’est pour ça qu’il est important que tout le monde soit représenté. Pour se donner le droit d’être et de ne pas être - et pour que la société respecte ce droit, le droit d’aimer et de s’aimer.
Cela étant dit, je suis plus que fière d’être qui je suis et d’être avec la femme que j’aime. Je suis aussi fière de ma communauté et de ses allié.es. Merci d’exister au nom de L, de G, de B, de T, de Q, de A, de I et de tous les autres.
Bon mois de juin, bon Mois de la Fierté.
Parce que le processus de coming-out (en commençant par celui qu’on se fait à soi-même!) peut être difficile, voici quelques ressources LGBTQIA+ friendly si vous avez besoin de parler :
lasterisk@coalitionjeunesse.org
1575 rue Atateken, Montréal
questions@p10.qc.ca
(514) 989-0001
(514) 528-8424
2075 Rue Plessis #110, Montréal
4126 Saint Denis St bureau 301, Montreal
(514) 526-2452
3155 Rue Hochelaga #201, Montréal
(514) 590-0016