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Les quinze dernières années ont vu une montée en popularité de voyageuses qui prennent la décision de vagabonder en solo.
Une étude de l’Association des agents de voyages britanniques (ABTA) démontre que la possibilité d’entreprendre ce que l’on veut au cours de son voyage constitue la principale raison de voyager en solo (76% des répondant.es). Les voyageuses ne souhaitent donc plus attendre de trouver le ou la partenaire idéal.e et ne souhaitent plus devoir faire des compromis au sujet de leurs champs d'intérêt.
Rencontre avec Rose Rivest, jeune voyageuse solo et randonneuse à long court, qui vous partage ce qu’elle a appris sur elle-même, en transit autour du globe.
C’est en 2014, pendant ses études au cégep, que Rose saisit l’opportunité unique d’un échange pendant quatre mois à Liège en Belgique. Tout le monde est surpris de sa décision, elle est la première à ne s’être jamais considérée comme une aventurière. Il faut dire que le voyage n’est pas très encouragé dans sa famille.
À l’époque, Rose vit de l’anxiété de performance de façon significative. Un stress important l'envahit à l’idée de partir à l’aventure en Belgique, mais son intuition lui indique que c’est ce qu’elle doit absolument entreprendre!
«J’ai réalisé que puisque personne ne me connaissait, je pouvais enfin laisser aller toute la pression que je me mettais de performer à l’école et d’être la meilleure dans tout», se souvient-elle.
Elle revient de ce séjour satisfaite d’avoir osé partir à l’étranger, désire continuer à voyager et ne souhaite surtout pas retomber dans ses vieilles habitudes. «C’était la première fois de ma vie que je me sentais vraiment libre de faire ce qui me plaisait, confie-t-elle. Ce fut le voyage le plus marquant de ma vie - malgré la destination plus occidentale - et tout a changé pour moi à partir de ce moment!»
«Un petit pas devant l’autre sur le Chemin de Compostelle, j’ai réalisé que je n’étais nullement obligée de satisfaire aux exigences des autres.»
Rose part ensuite habiter en France et travailler principalement en tant que fille au pair. Un bon point de chute pour partir à la découverte du vieux continent. Quoique n’ayant jamais vraiment marché auparavant, elle s’engage tout de même sur le Chemin de Compostelle en 2017.
Soixante jours à fouler le sol français et espagnol l’amènent aussi à réfléchir sur ce qui la fait vraiment vibrer dans la vie.
«Un petit pas devant l’autre sur le Chemin de Compostelle, j’ai réalisé que je n’étais nullement obligée de satisfaire aux exigences des autres. J’ai réalisé que je suis maîtresse de ma vie et que je peux avoir confiance en mes propres choix.»
Vers la fin du premier mois sur le sentier de Compostelle, Rose se donne le défi de marcher pendant une semaine sans dépenser un sou, un clin d’œil à la simplicité volontaire... Et ça fonctionne!
Elle n’en revient pas de toute la nourriture qu’elle reçoit et des logements et des douches qu’on lui offre presque uniquement grâce au bouche-à-oreille. D’autres marcheurs en parlent entre eux et ont envie d’appuyer sa démarche. Certains compagnons de route un peu plus âgés lui partagent qu’ils sont admiratifs de sa soif de voyage et sa quête de sens à 22 ans seulement.
«Je ne peux qu’encourager toutes les femmes du monde à tenter l’expérience de voyager en solo.»
Rose poursuit des études universitaires en enseignement pendant une année, puis met son programme en pause pour continuer de voyager en solo. Elle me partage qu’à ce moment-là, elle pense décevoir son père, pour qui réussir signifie aller à l’école et obtenir de bons résultats. Mais ce dernier va finir par la rejoindre à l’étranger à deux reprises et il n’aura pas d’autre choix que de réaliser que sa fille se trouve exactement là où elle doit être!
Désormais, Rose travaille au sein d’un organisme communautaire, mais en tant que contractuelle, toujours dans l’optique de pouvoir partir comme bon lui semble.
Dans les deux dernières années, Rose a aussi voyagé en famille et elle a adoré l’expérience. Mais elle conçoit que ce sont vraiment ses voyages en solo qui ont transformé sa vie et qui font toujours partie intégrante de son essence. Elle prend à l’occasion l’initiative de partir quelques jours seule en rando pour se retrouver et gérer son anxiété.
De la jeune femme qui était hésitante à expérimenter de nouvelles choses seule et s’accrochait à la routine, elle est devenue la femme qui a foulé seule le sol de l’Appalachian trail aux États-Unis en 2019: 3000 km en quatre mois et demi!
Tout un défi puisque le terrain est accidenté, mais que l’expérience doit se faire en autonomie. Son rythme est plus lent que d’autres randonneurs très expérimentés, mais il est constant. Elle prend aussi la décision de ne prendre qu’une seule journée de pause lors de ce périple.
«Je n’ai jamais vécu d’émotions aussi fortes que de boucler cette longue randonnée au mont Kathadin. Tout le monde s’est tassé afin que je sois seule avec le signe au sommet. Un pas à la fois, l’un après l’autre, c’est ma devise!»
C’est en 2018 que l’Italie, la Chine et la Nouvelle-Zélande l’interpellent pendant un périple d’environ trois mois. C'est notamment qui l’Italie l’éblouit au plus haut point!
Quant à la Chine, il faut dire que son passage lui demande toute une logistique d’organisation sur place: à pied d’un village à l’autre, en métro d’un quartier à l’autre et d’un autobus à un wagon de train. En premier lieu, le défi au niveau de la langue est important. Et l’anglais est encore sa bête noire! «Mais j’ai ressenti une immense fierté de me débrouiller par mes propres moyens à l’autre bout de la planète, en Chine, à vivre une foule d’expériences enrichissantes et à surmonter plein de petits défis.»
Elle a la chance de rencontrer en ligne une autre voyageuse qui part vivre la vanlife en Nouvelle-Zélande pour parcourir les deux îles si diversifiées qui composent le pays. Elle se joint à elle avec grand plaisir. Une expérience de vie inoubliable au milieu de la nature!
Les voyages en solo ont permis à Rose de mieux se connaître, de croire en son potentiel et de s’aimer davantage. Rose prend de plus en plus confiance à chaque périple et développe sa débrouillardise. «Je ne peux qu’encourager toutes les femmes du monde à tenter l’expérience de voyager en solo. Les petites victoires suite à devoir prendre les initiatives pour s’organiser et faire les choses à sa façon, amènent un sentiment indescriptible», soulève la voyageuse aguerrie.
C’est un fait: les gens nous approchent davantage lorsque l’on voyage seule, sûrement dû au fait que l’on soit plus réceptive aux autres. Et ce n’est pas parce que l’on voyage seule que l’on souhaite rester isolée tout le temps! Rose a souvent rencontré des personnes généreuses sur la route. Par exemple, lors d’un transport en covoiturage, on lui propose de loger gratuitement dans un chalet pendant une semaine, seule.
Rose mentionne se sentir même plus en sécurité en étant seule, car elle devient beaucoup plus alerte et prend davantage conscience de son environnement. Son sens de l’observation est allumé et le tout lui permet d’apercevoir certaines magouilles.
Commencer par se loger dans des auberges de jeunesse, afin de rencontrer plus facilement d’autres voyageurs dans les espaces communs et de récolter quelques trucs (des chambres privées plus confortables sont aussi maintenant offertes);
Choisir une destination francophone ou occidentale;
Débuter par un défi à sa mesure (un petit pas à la fois!);
Y aller graduellement dans le choix de la destination du voyage choisie, l’activité ou même la randonnée seule. Éventuellement, entreprendre un court séjour chez soi au Québec pour commencer!
Écouter son instinct qui ne ment jamais, mêlé à son bon sens de l’observation.
Oser se lancer tout simplement!
Il reste tout même qu'en tant que femme, les préoccupations au niveau de la sécurité sont différentes de celles des hommes. Voici donc d’autres conseils pour les voyageuses en solo:
S’informer sur l’étiquette et les coutumes du pays visité afin d'améliorer ses interactions avec les gens et s’informer concernant certaines zones dangereuses à éviter;
Se brancher avec les ressources locales, comme des associations de femmes qui accueillent les voyageuses;
Organiser son arrivée en réservant au moins les premières nuitées ainsi que le transport de l'aéroport vers l'hôtel (à réserver aussi via le même hôtel).
Enfin, malgré la pression sociétale que l’on peut ressentir, voyager en solitaire ne nécessite pas impérativement de partir à la recherche du dépaysement total, dans des contrées bien exotiques, ou de voyager «à la dure», si cela ne vous correspond pas. Il faut surtout savoir s’outiller, apprendre à respecter son état d’esprit du moment et à écouter son intuition.
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