J'ai testé le sentier Mini Compostelle de Mégantic et vous raconte mon expérience inoubliable
Le Mini Compostelle de Mégantic est un parcours qui totalise 115 km et qui traverse 8 municipalités. Il se fait en 5 ou 6 jours, à raison d’une vingtaine de kilomètres de marche par jour, et différents parcours sont proposés aux randonneurs.
Ce mini Compostelle au Québec existe grâce à Chantal Ladouceur qui, à la suite de certains événements de vie lui ayant fait prendre un chemin plus spirituel, a imaginé une route à emprunter à pied menant de village en village à travers les Cantons-de-l’Est.
J'ai vécu l'expérience et voici un résumé de mon parcours de 6 jours.
Avant de commencer le mini Compostelle de Mégantic, je fais une randonnée jusqu'au sommet du Mont Saint-Joseph Si cette petite rando ne fait techniquement pas partie du parcours, elle s’avère un bon et bel échauffement pour les jours de marche à venir.
On emprunte le sentier du Mont-St-Joseph (3,2 km aller, 475 m de dénivelé, le tout au cœur du parc national du Mont-Mégantic, classé première Réserve internationale de ciel étoilé) pour faire battre le cœur un peu plus vite et profiter de jolis points de vue sur les Cantons-de-l’Est et sur la chaîne montagneuse des Appalaches.
Au sommet, la petite église, la végétation boréale et la vue sur la région donnent une bonne idée de ce à quoi ressemblera cette longue et bucolique balade à travers les cantons.
Idem pour la nuit passée dans l’un des chalets dans les arbres Mont-Mégantic plantés au cœur de la forêt.
Jour 1: Marche de Val-Racine au village de Scotstown (19,4 km)
La moitié de la première journée de marche se déroule sur la route et la seconde, dans le parc et sa forêt; on goûte à la première vingtaine de kilomètres de marche d'une bien belle manière!
À l’arrivée, le petit pont menant jusqu’au camping de la Rivière Étoilée (dressé au bord de la rivière au Saumon) donne des envies de louer un kayak, un canot ou un pédalo et d’oublier sa fatigue le temps d’une balade afin de conclure la journée en beauté.
Du petit village écossais de Scotstown, où ne vivent que 500 habitants et fiers membres des Cœurs Villageois, on retient les drapeaux de tartans représentant les familles et l’héritage écossais, les maisons de style victorien, les légendes de fées et de lutins formant le «Petit Monde», le patrimoine celtique ainsi que les petites entreprises dont la familiale charcuterie Scotstown.
La deuxième nuit se déroule dans le premier gîte du village, soit Le Bonheur de Scotstown, une maison victorienne de 1891 flanquée du Salon de thé Scott, d’une chambre de thérapie et de 3 chambres douillettes. On y offre d'ailleurs aux marcheurs 10% de rabais sur le prix d’une chambre.
Jour 2: Marche de Scotstown à La Patrie (22,3 km)
Quelques bonnes montées dans les rangs traversant les champs, des paysages ruraux aux couleurs vives, des animaux, des fermes, de jolies maisons dotées de jardins et de terrains magnifiquement entretenus, une ferme hôte de 6 sympathiques alpagas ainsi que des paysages typiques de cantons verdoyants, vaches et chevaux inclus: voilà ce qui nous attendait lors de cette deuxième bonne journée de marche.
Le tout sur fond de montagnes bleutées menant au village de La Patrie, situées à à peine 14km du New Hampshire. C’est là que se trouve le gîte Les Trois Étangs (maintenant fermé), qui fut notre arrêt dodo, découvertes gourmandes et petites merveilles (retrouvées dans le ciel, entre autres). Un coup de cœur de notre parcours!
Avec son jardin, sa terrasse, ses 8 ruches (on y fait la microproduction de miel), ses chambres douillettes, son joli point de vue sur les montagnes environnantes et ses cours d’astronomie offerts gratuitement (on y fait l’observation d’étoiles en fin de soirée au téléscope), l’endroit est le parfait havre de paix où s’arrêter passer la nuit le long du chemin.
Jour 3: Marche de La Patrie à Notre-Dame-des-Bois (22 km)
Au fil des kilomètres qui s’accumulent, la fatigue est balayée par la beauté des paysages qui eux, ne s’essoufflent pas. On marche dans des rangs au bout desquels se dressent des forêts, des longues routes principales et de belles collines. On croise encore plus de fermes, de champs et de sentiers, dont celui baptisé «Le sentier des rêveurs» truffé de citations poétiques et dressé en pleine forêt.
Arrivé à Notre-Dame-des-Bois, l’un des plus hauts villages du Québec avec ses 563 mètres d’altitude, on déguste l’un des meilleurs repas depuis longtemps à l’Épicurieux, la table de la gentille et créative chef Julie Demers. À nous les plats délicieux composés de produits frais du jardin et d’artisans de la région!
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Jour 4: Notre-Dame-des-Bois à Piopolis (25 km)
Sans doute la journée de marche la plus ardue, car c'est la plus longue et le parcours est empreint de soleil. Un petit bémol du fait d’emprunter longuement la route principale est que les voitures y passent plutôt rapidement, mais au moins, nous avons encore et toujours de superbes paysages. Des collines qui ne demandent qu’à être défiées, et dont les montées rendent fiers les marcheurs.
Puis vient l’arrivée à Piopolis, qui charme avec sa jolie marina donnant sur le Lac Mégantic, ses petits cafés et terrasses, ses activités sur l’eau ainsi que ses points de vue sur le lac et les montagnes autour. Mention spéciale à la nuit passée dans une yourte du lieu d’hébergement et de ressourcement aux Cinq Sens, mené par l’inspirante Paule Rochette.
Puisant dans ses racines autochtones (huronnes), la jeune femme se fait un devoir de proposer à ses visiteurs des activités porteuses de sens: des marches à l’unisson avec l’esprit de la forêt (guidée par Benoit Paquet, biologiste et animateur d’activités autochtones ayant reçu l’enseignement d’un chaman), discussions sur la culture et les traditions amérindiennes, soirées aux étoiles racontées et hébergements en parfaite harmonie avec la nature: yourtes, tipis, tentes-hamacs suspendues dans les arbres et mini-maisons. Ressourçant!
Jour 5: Piopolis au camping Baie-des-Sables (19 km)
C'est à cette partie du parcours que deux belles âmes se sont jointes pour marcher avec nous: la maman de ma partenaire de route et une amie venue nous soutenir.
Avec elles, nous avons marché tout en discutant de la vie, nous avons emprunté les rangs et la grande route, puis nous avons rejoint la plage et le camping de la station touristique Baie des Sables un peu avant que le soleil se couche derrière le lac.
Nous avons passé la nuit dans une des chambres des chalets faisant face au lac, où nous aurions volontiers fait du kayak ou du catamaran si nous n’avions pas été aussi fatiguées…
Jour 6: Dernière journée de marche - environ 10 km jusqu’à la ville de Mégantic
Deux petits sentiers traversant la forêt du camping Baie des Sables (Le Cardinal et le Roselin), puis une dernière ligne de marche le long de la piste cyclable menant à la ville, une biche la traversant soudainement devant nos yeux ébahis, puis l’arrivée dans cette tristement mythique ville de Mégantic: l’ultime journée de marche s’est faite émouvante et significative.
En empruntant doucement «la marche du vent», ce trottoir de bois érigé le long du chemin de fer où s’est produite la catastrophe ferroviaire de 2013 en hommage aux 47 personnes disparues, nous avons découvert les sculptures, citations, récits des événements et autres hommages aux victimes de la tragédie. À ce moment, toute cette randonnée prend soudainement son sens.
Ainsi, c’est la tête et le coeur remplis de compassion, de douceur et d’espoir que nous avons terminé notre aventure en nous rendant jusqu’à la croix plantée au sommet du Parc de la Croix. C'est à cet endroit que la vue sur la ville et les monts voisins, du haut des 495 mètres d’altitude, se transforme en parfait point final de cette merveilleuse aventure!
Un service de transport de bagages est offert aux marcheurs le long du parcours de marche au coeur de Mégantic. Pour en savoir plus sur cette expérience unique, visitez le site Web de la randonnée Mini Compostelle. Vous y trouverez également des hébergements disponibles tout au long du trajet.
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