La foi et la spiritualité, est-ce encore important en 2019? Je suis de ceux qui croient que oui. Le débat sur la laïcité au Québec, les gens qui s’émeuvent devant Notre-Dame de Paris qui brûle et… les salles de yoga qui se remplissent démontrent que la religion nous touche et qu’on a tous, encore et peut-être même plus que jamais, besoin d’une vie spirituelle.
Quelques chiffres
Évidemment, les statistiques démontrent le déclin rapide de la religion. De plus en plus, les gens se détachent de l’Église. Au Canada, en 2001, 16,5 % de la population se disait sans appartenance religieuse, alors qu’en 2011, on était passé à 23,9 %. C’est près d’une personne sur quatre! Du côté du Québec, nous sommes passés de 5,8 % en 2001 à 12,1 % en 2011. En 2021, le pourcentage augmentera probablement encore. Ces chiffres ne sont pas difficiles à prévoir. Il suffit de questionner son entourage, ou simplement d’entrer dans une église le dimanche matin.
La foi liée à une seule et unique religion?
On s’identifie de moins en moins à une religion, mais avons-nous pour autant perdu la foi? C’est complexe et vague ce concept. On a souvent l’impression que pour se donner le droit d’avoir la foi, il faut entrer dans une boîte : c’est-à-dire croire en fonction d’une religion précise. Et pourtant!
En plus, on dirait que le mot « religion » nous fait peur. On ne veut surtout pas avoir cette étiquette de collée sur le dos!
Petite, mes camarades de classe se moquaient de moi, car j’allais à l’église. En effet, je suis de ceux qui étaient obligés d’y aller chaque dimanche. Je peux vous l’assurer, c’était pénible! Je ne savais plus quoi faire pour occuper mon esprit tellement que je trouvais ça long et ennuyant. Je me racontais des histoires dans ma tête avec les nombreuses statues qui nous entouraient, mais à un moment, j’arrivais au bout de mon inspiration et là, les minutes devenaient interminables.
Heureusement, il y avait parfois des scènes vraiment drôles, comme une vieille dame qui cognait des clous dans un banc pas très loin de moi, qui se penchait doucement, mais qui finissait toujours par se redresser. Je crois que j’ai eu mes plus gros fous rires dans une église, alors qu’on ne pouvait bien sûr pas faire de bruits. Et il est arrivé un âge où je pouvais rester seule à la maison. Libération!
La religion pour se sentir bien, tout simplement?
Pourtant, au début de l’âge adulte, alors que je peinais à trouver un sens à ma vie, je suis entrée comme ça, par hasard, dans une église à Montréal un dimanche matin. Et… je me suis sentie bien. D’abord, ce lieu majestueux et silencieux. Ensuite, le prêtre. Je crois que c’était la première fois que j’en écoutais un véritablement. Et il était intéressant! Ça m’a rappelé mes cours de philosophie. Il n’imposait pas de grandes vérités, il semait plutôt des réflexions. Et il a ajouté que j’avais ma place et que j’étais importante… C’était d’ailleurs un peu étrange de l’entendre parler à la 2e personne du singulier. Je savais bien qu’il ne me parlait pas directement… mais en même temps ça ressemblait à ça! Bref, sans comprendre exactement pourquoi, ça m’a fait du bien et j’ai tout à coup vu l’Église d’une autre façon. Au fond, c’était simplement un endroit pour se recueillir et prendre un peu de recul. Et ça, on en a tous besoin. On peut le vivre dans la nature, en pratiquant un sport ou en écoutant de la musique. Il suffit de trouver ce qui nous fait du bien. On pourra toujours critiquer les églises et les religions; les gens y adhèrent, car ils y trouvent du réconfort et une certaine paix intérieure.
La religion indissociable du voyage?
Lorsque je suis partie à la découverte du monde, il s’est produit sensiblement la même chose, un autre éveil. Je me suis retrouvée dans des célébrations religieuses, indépendamment de la religion qui y était associée. J’étais toujours fascinée de voir que tout le monde était accueilli à bras ouverts. J’ai vite réalisé que le nom de notre religion avait peu d’importance. J’étais catholique parce que je suis née au Québec, mais j’aurais très bien pu être musulman ou bouddhiste, si j’étais née ailleurs sur notre planète.
Je suis donc étonnée de voir l’ampleur des débats liés à la religion alors que les différences se situent surtout au niveau culturel. Car à la base, le message est le même dans toutes les religions. Aime ton prochain, comme toi-même. Même Le petit prince nous rappelle que "l’essentiel est invisible pour les yeux, on ne voit bien qu’avec le cœur…" et pourtant ce n’est pas un livre religieux!
Avoir la foi ou simplement avoir confiance?
Également lorsqu’on est loin de chez soi, les tabous tombent rapidement et on réalise que la grande majorité des gens ont la foi. Car avoir la foi, c’est surtout avoir confiance à la vie.
Est-ce par nécessité? Peut-être! On souhaite tous avoir une aura de protection qui nous arrive d’on ne sait où exactement… Surtout lorsqu’on sort de notre zone de confort… Sur ce point, tous les humains se ressemblent! C’est peut-être simplement nos pensées positives qui provoquent cette protection et la résolution des problèmes, mais peu importe!
Peut-être est-ce aussi, car lorsqu’on s’éloigne de notre quotidien, on accède plus facilement à cette autre dimension qu’est la vie spirituelle. On comprend que l’on est petit et qu’on est rattaché à cet infini. On comprend qu’il y a quelque chose de bien plus grand que nous qui nous pousse vers le chemin où l’on doit être.
Au-delà de nos croyances, peu importe si on s’identifie à une religion ou non, on a tous besoin d’espoir, d’amour et de paix. Ce sont des valeurs universelles. C’est d’ailleurs peut-être pourquoi les flammes de Notre-Dame de Paris ont atteint le cœur de plusieurs. Malgré ce qu’on vit, malgré que l’on soit dans l’instantanéité, on a encore besoin de pérennité et de symboles forts qui représentent ces précieuses valeurs.
L’engouement pour le yoga, une nouvelle forme de religion?
Alors qu’on se détache de toutes les religions, le yoga connait un véritable engouement.
La première fois que je suis entrée dans un cours de yoga, j’ai été frappé par les similitudes entre la religion et le yoga : le calme, le message d’amour, le fait de rendre grâce, la méditation qui est selon moi un autre mot pour prière, la posture de l’enfant si confortable qui s’apparente à une prosternation, les mains en prière au cœur. On réalise vite qu’au-delà des postures, la vie du yogi est très spirituelle.
Yoga signifie union en sanskrit et selon moi, il signifie également l’union entre toutes les religions. On enlève toutes les barrières, toutes les règles imposées par l’homme et il en reste un message d’amour envers soi et envers les autres. Voilà, c’est simple, mais tellement complexe à la fois. Car malheureusement, lorsqu’il y a des hommes, il peut y avoir de l’hommerie. Ce n’est donc pas si surprenant d’apprendre qu’un professeur de yoga à Montréal a utilisé son pouvoir d’enseignant à mauvais escient, un peu comme dans tous les scandales reliés aux religions.
Ce ne sont donc pas les religions, encore moins le yoga, la problématique. C’est souvent ce qu’on décide de faire des textes ou des grands principes qui y sont associés.
Un besoin de croire depuis la nuit des temps
Depuis toujours l’homme a besoin de croire. Croire en quoi exactement? Cela est propre à chacun. Croire que cette force est à l’intérieur ou à l’extérieur, peu importe, mais on a besoin de croire qu’il y a quelque chose de plus puissant que notre petit être. Croire qu’on peut toujours trouver une force insoupçonnée, trouver une réponse à ce qui nous tourmente dans les textes qu’on lit, dans les chansons qu’on écoute, dans la nature qui nous entoure. Il faut tout simplement se rappeler que la vérité ne se cache pas dans un seul et unique livre, mais dans tout ce qui nous entoure.