La petite face d’un chiot, ça a quelque chose… d’irrésistible. C’est tellement mignon que ça réveille un coté complètement spontané et émotif en nous. Quitte à mettre complètement la raison de côté.
Mais une fois le moment cute passé, amener un animal de compagnie à la maison, c’est une énorme responsabilité. Et malgré le fait que toutes les sources le disent, peu de gens en prennent complètement conscience avant qu’il ne soit «trop» tard. Voici ce qu’il faut comprendre le plus sérieusement du monde avant d’accueillir un nouveau membre de la famille à quatre pattes.
Les chiens versus les chats
Sans entrer dans le débat sur la supériorité de l’un ou de l’autre (j’ai un exemplaire des deux spécimens à la maison et je les aime tout autant), il est certain que la responsabilité de l’un et de l’autre est TRÈS différente.
Les chats sont beaucoup plus autonomes, apprennent la propreté presque instantanément, peuvent rester seuls pendant de plus longues périodes, etc.
Les chiens eux, surtout si vous les adoptez en bas âge, ne font rien de tout ça. Ils demandent beaucoup plus de temps, de patience et d’énergie, point barre.
Alors, si ce que vous recherchez surtout dans un animal c’est «un minimum de trouble». c’est assez clair lequel des deux vous devriez choisir!
Le temps passé à la maison
Contrairement aux chats qui ne se formaliseront pas trop de vos longues heures de travail ou de votre vie sociale active, les chiens sont des êtres très dépendants. Il faudra impérativement prévoir d’être à la maison à des heures régulières et d’avoir du temps à leur consacrer. CHAQUE JOUR. BEAU TEMPS, MAUVAIS TEMPS.
Même si plusieurs chiens le font, aucun toutou ne bénéficie vraiment de passer 45 heures ou plus par semaine seul! Et ce particulièrement lorsqu’ils sont jeunes et en entraînement, alors que leur vessie ne leur permet pas de se retenir pendant 8, 9 ou 10 heures de temps.
Si vous ne pouvez pas, par exemple, revenir à la maison durant la journée pour sortir ou promener le chien, il existe des services qui le font pour vous. Ainsi que même, des garderies pour chien, pour les toutous parmi les plus sociables/énergiques/qui ont de la difficulté à rester seuls! Par contre, ces services ne sont pas donnés et il faut les ajouter au budget global canin (voir la section correspondante plus bas).
Les promenades
Même si cela est variable selon l’âge, la taille, la race et le tempérament du chien, il faut s’attendre à ce qu’un chien ait besoin d'environ 1 HEURE de marche/course/jeux dehors par jour. Même lorsqu’il pleut à verse. Même lorsqu’il fait -26.
Une fois propre et devenu adolescent, un chien aura besoin de sortir faire ses besoins (même sans prendre nécessairement une marche) un minimum de 4 à 6 fois par jour.
Certains chiens de race plus gros et assez énergiques, peuvent également devenir de bons compagnons de vos activités physiques, par exemple le jogging ou la randonnée en montagne. Par contre, cet entrainement ne pourra habituellement pas commencer avant l’âge de 1 an et devra se faire graduellement. Il ne s’agit donc pas d’une «formule magique» pour épuiser un chiot trop énervé!
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La première année
Un chien devient adulte entre 12 et 18 mois. Avant cela, il va demander… jusqu’à 20 fois plus de temps, d’énergie et de difficulté que son compatriote de 2 ans et plus. Pas 2 fois, 20 fois! Pour passer au travers de cette fameuse première année, il faut donc se préparer et… s’attendre au pire. Pour vrai.
La propreté a elle seule occupera entre plusieurs semaines et plusieurs mois, au début. Et ces semaines à ramasser sans arrêt des accidents partout, elles paraissent particulièrement longues et débilitantes. L’apprentissage de la propreté inclut également la nuit : à moins d’avoir des pipi pads, il faudra probablement sortir toutou au moins une fois pendant… ce qui paraît une éternité. Certains chiots ne sont toujours pas propres la nuit à 6 mois.
Une grande partie des abandons de chiens s’effectue durant cette première année de vie, surtout durant le plus fort de l’adolescence, c’est-à-dire entre 5 et 9 mois. Tout comme les humains, le chien durant cette période pourra avoir des comportements complètement déconcertants, qui remettent en doute ce qu’on croyait savoir de lui. Par exemple, mais pas uniquement:
- Avoir une régression par rapport à la propreté;
- Ne plus écouter comme avant;
- Ne plus répondre aux commandes de base;
- Défier volontairement votre autorité;
- Manger ses besoins (ou ceux du chat!);
- Se sauver alors qu’il n’avait jamais montré cette volonté auparavant;
- Commencer à aboyer furieusement envers les passants, les voisins ou les autres chiens;
- TOUT gruger dans la maison (chaussures, coussins, armoires, murs, rampe d’escalier, moustiquaires, meubles, tapis, divans, etc.);
- Poser des gestes impulsifs insensés, par exemple se jeter devant un autobus!
Le niveau d’activité
Une heure de marche, ça ne correspond pas au temps total d’activité, d’interaction et de stimulation dont a besoin un chien. Et puis il s’agit d’une moyenne: si certains (surtout les très petits et les très grands) chiens ont besoin de peu d’activité, certaines autres races très énergiques ont besoin de beaucoup plus que ça!
C’est entre autres le cas des Huskies, dont la race a été développée pour l’endurance des spécimens ainsi que leur capacité à tirer de lourds traineaux à plein régime pendant toute une journée! Même chose pour les chiens de berger, comme mon border collie Bowie. Cette race a été utilisée pendant des centaines d’années pour garder des moutons en Écosse sur un terrain très accidenté et dans des conditions climatiques extrêmes. Il ne faut donc pas s’attendre à ce que ces chiens redoutablement intuitifs et intelligents (un peu trop, parfois) puissent faire une transition automatique comme chiens d’appartement qui dorment toute la journée!
Il est donc primordial de choisir un chien pour son niveau d’activité et d’énergie, ET NON PAS pour son physique. C’est probablement l’erreur numéro 1 que les gens font: tomber en amour avec un chien parce qu’il correspond physiquement à l’idée qu’ils s’en font en rêve.
Si vous êtes assez sédentaire et très occupé, c’est évident que vous appréciez plus l’expérience avec un chien qui se situe plus bas dans l’échelle d’énergie et de l'attention! Encore une fois, il s’agit souvent de très petits chiens dont la race a spécifiquement été développée pour tenir compagnie aux humains plutôt qu’en fonction d’un «travail» à accomplir, par exemple les chihuahuas, les pugs, les yorkshires, etc. Mais entrent également dans cette catégorie de très gros chiens «gentils géants» tels que les grands danois, les dogues allemands, les terre-neuve, etc.
Une fois le stade du chiot passé, plusieurs races populaires comme les labradors et les bouviers bernois deviennent aussi beaucoup plus tranquilles et conciliants!
L'entraînement
Un chien, c’est comme un enfant, ça ne s’éduque pas tout seul. Il aura besoin d’apprendre – et beaucoup plus tôt que la plupart des gens le croient – non seulement les commandes de base, mais aussi la discipline, la manière d’agir dans différentes situations et la socialisation (avec les humains et les chiens).
Négliger cette étape exigeante ne fait souvent qu’inviter des problèmes pour plus tard, malheureusement. Avec des récompenses, la plupart des chiens s’entraînent bien, mais il faut y mettre du temps et de la constance, tous les jours. Même quand on est fatigués. Même quand on a une tonne d’autres choses à faire. Même quand on n’a pas envie.
Les chiens sont prêts pour leurs premiers cours «d’obéissance» dès 8 ou 9 semaines, en tout cas idéalement avant 16 semaines, avant de prendre des «mauvais plis».
La liberté volée
C’est une autre chose qu’on ne réalise pas tout de suite, mais adopter un chien restreint d’emblée pas mal la liberté. À chaque fois que l’on part, il faut s’assurer de revenir à temps pour pouvoir le sortir. Plus de 5 à 7 improvisé après le bureau, jamais. Et beaucoup de stress si quelque chose ne se passe pas comme prévu (bouchon de circulation inhabituel, panne dans les transports en commun, etc.)
Avoir un chien signifie aussi prendre des mesures chaque fois qu’on s’absente pour une journée complète ou plus, même si c’est seulement une journée de ski par exemple. Comme il ne peut pas rester seul, il faut aussi trouver une pension ou un autre endroit pour le prendre lorsqu’on part une fin de semaine, en voyage d’affaires, pendant les vacances, etc.
Les coûts
Acheter un chien coûte souvent cher et parfois même très cher pour certaines races! Ça peut aller à plus de 1 000$. Mais ce n’est rien comparé au reste.
- Les frais de vétérinaire: vaccins (selon le poids de l’animal mais peut correspondre à plusieurs centaines de $ par année), examens de routine (à partir de 60$), RV de suivi, stérilisation (peut aussi correspondre à plusieurs centaines de $ selon la taille du chien, plus cher pour une femelle), traitements contre les puces et les tiques (100$)
- Les frais d’enregistrement: entre 75 et 100$ pour une micro-puce, 35$ et 40$ pour une médaille selon les municipalités, etc.
- La nourriture: variable selon le poids, l’âge et les conditions particulières de l’animal mais peut aller entre 35$ et plus de 120$ par mois. Certains chiots de grande taille mangent jusqu’à 8 tasses de nourriture sèche par jour!
- Les gâteries: Indispensables pour l’entraînement, elles reviennent souvent plus chères qu’on pense! On peut facilement ajouter 20$ par mois.
- Les jouets: variable, selon le type de chien et pas toujours égal de mois en mois, mais à prendre en compte quand même.
- Les os et autres choses à gruger: également indispensables pour de nombreux chiens qui ont un besoin irrépressible de mâcher – cela peut sauver plusieurs meubles et items de la maison auxquels vous tenez. Un autre 10 à 20$ par mois.
- L’équipement de base: un coussin, une bonne cage, un enclos, une boîte ou un sac de transport, etc. 200$ et plus.
- L’équipement spécialisé: selon vos besoins... Un harnais ou un filet pour la voiture, une laisse de jogging, un sac à dos pour la randonnée, etc.
- Les sacs pour les besoins (et les pipi pads) : À ne pas négliger non plus.
- Les laisses, harnais, colliers et cie: parce qu’ils grandissent, les usent, les brisent ou les mangent (occasionnel mais une autre dépense).
- Le toilettage: selon la taille du chien, entre 50$ et 110$ la tonte.
- Les cours d’obéissance: variable, mais au moins 40$ à 50$ par session.
- L’aide ponctuelle de professionnels pour des problèmes spécifiques de comportement. Un bon investissement, même si c’est autour de 90$ de l’heure.
- Une promenade pendant que vous êtes au travail: entre 15$ et 30$.
- Une journée de garderie: entre 30$ et 45$ par jour.
- Une semaine en pension: autour de 300$.
- Le remplacement de ce que le chien a brisé: quelques paires de chaussures, c'est une chose. Mais un tapis, un pouf et deux divans, c'est très cher!
Et ça, c’est pour un chien en parfaitement bonne santé! Sauf que la plupart des chiens finissent par développer des problèmes médicaux durant leur vie… Et ça veut bien sûr dire des frais supplémentaires, que ce soit en nourriture spécialisée, en médicaments, en chirurgie, suite à un accident, etc. Il n’est pas si rare que les maîtres doivent dépenser plusieurs milliers de dollars chez le vétérinaire. On peut parler de 7 000$ pour l'ablation d'un uterus chez une chienne de 7 ans, à titre d'exemple.
Les animaleries, c’est non!
Le saviez-vous?
Acheter un chiot d’une animalerie, c’est interdit dans de nombreux pays et états, entre autres la Californie. Pourquoi?
Premièrement, parce que c’est une pratique qui encourage l’industrie des animaux de compagnie, entre autres les «usines à chiot» horribles.
Ensuite, parce qu’un animal ne devrait pas s’acheter comme un autre produit commercial, c’est-à-dire sur un coup de tête et sans prendre le temps de s’assurer que toutes les bonnes conditions sont réunies.
Et finalement, parce qu’il y a déjà de nombreux chiens abandonnés dans les refuges qui ont besoin d’une bonne famille. Il y a même des chiots pour ceux qui ne souhaitent pas adopter des animaux plus vieux! Mais même s’ils sont moins mignons, les chiens adultes devraient certainement être pris en considération pour leurs avantages importants:
- Ils sont déjà propres;
- La période la plus difficile, c’est-à-dire la première année, est déjà passée;
- Leur caractère est pleinement formé et donc on sait beaucoup plus à quoi s’attendre;
- Dans un refuge, les gens connaîtront beaucoup mieux les qualités et les défauts de chaque chien. Ils chercheront ainsi à vous diriger vers le «bon» animal, qui vous conviendra réellement, plutôt que de vous laisser décider uniquement à partir de caractéristiques physiques.
L'amour
Cet article se voulait vraiment comme un avertissement sur la grande responsabilité associée à l’adoption d’un chien… Pour permettre aux maîtres potentiels de bien comprendre l’ensemble de la situation, qui n’est pas exactement facile, surtout au début.
Mais pour terminer sur une note plus positive, il va sans dire qu’un chien, ça amène aussi beaucoup d’amour dans une maison et une famille! Il n’y a rien comme leur loyauté et leur affection constamment renouvelée, même si ça fait seulement quelques heures qu’ils ne vous ont pas vu. Malgré la difficulté, ça vaut amplement la peine. Essayez simplement de vous en rappeler pendant leur crise d’adolescence.
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