Depuis quelques années, c'est la mode du Dry January. L'idée, c'est de passer le premier mois de l'an à s'abstenir de boire de l'alcool. Personne n'est contre la vertu, mais est-ce vraiment la bonne manière de mieux gérer la santé de notre foie?
À la base, l'idée est brillante: on commence l'année avec un grand ménage tout de suite après les Fêtes, ce moment phare où l'abus d'alcool est généralement la norme pour plusieurs.
Les bénéfices réels du Dry January existent
On peut songer à de nombreux avantages associés à cette pause d'ivresse de source liquide. Selon une étude de l'Université du Sussex, plusieurs pans de notre vie pourraient d'ailleurs bénéficier d'une sécheresse stratégique: meilleure qualité de sommeil, amélioration de l'humeur, tour de taille qui fond à cause de calories en moins, et porte-monnaie plus rempli.
En principe, tout est beau. Cependant, le fait que cette tendance prenne tant d'ampleur semble pointer du doigt une certaine relation problématique avec l'alcool pour la plupart d'entre nous. Et je ne parle pas d'alcoolisme : les alcooliques n'ont ni l'envie, ni le besoin de cesser de consommer de l'alcool seulement 4 semaines.
Je parle plutôt des picoleurs ordinaires, de ceux qui ne peuvent passer une soirée sans se verser un petit verre de vin et, en gros, de la normalisation de l'alcool dans nos interactions sociales et personnelles.
La modération à l'année a bien meilleur goût!
Les mauvaises habitudes sont généralement trop faciles à adopter. On prend quelques verres dans un 5 à 7, quelques-uns de plus lors du party de Noël du bureau, puis le vendredi, le samedi et le dimanche... et le lundi on se dit que ça ferait du bien de boire un peu de vino en revenant du travail pour relâcher la pression. Pourquoi prendre une pause mardi, mercredi et jeudi? De toute façon, on aura l'occasion d'arrêter pendant un mois en janvier, tsé.
Ça fait que envouèye mon chéri, juste un autre petit verre, c'est bientôt les vacances! Et pourquoi pas une p'tite crème de menthe avec ça, pour digérer? Il faudra bien finir la bouteille un jour, après tout on l'a depuis 1987. Un peu de Baileys dans ton café avant de partir? Envouèye donc. Rends hommage à tes origines irlandaises, Ginette...
Alors que la légalisation de la marijuana était perçue par plusieurs comme l'arrivée de l'Apocalypse, l'omniprésence de l'alcool dans nos vies fait peu les manchettes. Par contre, aucun problème à faire de la publicité pour des boissons alcoolisées. Et Dieu sait comment une bouteille de vin ou un cidre de glace s'offre bien comme cadeau d'hôtesse!
Il n'y a rien de mal à prendre un verre de temps en temps. Le problème avec le Dry January, c'est que de cesser de boire drastiquement pendant un mois ne vaut pas grand-chose, si on passe les autres mois de l'année à avoir la gueule de bois chaque semaine parce qu'on a trop profité du vindredi.
Regardez-moi en train de ne pas boire d'alcool, SVP
Un autre aspect dérangeant de ce phénomène est que la plupart des gens qui font de Dry-Jan se sentent obligés de s'annoncer sur les réseaux sociaux. Il existe peut-être, quelque part, quelqu'un qui décide de s'abstenir de boire en janvier et qui ne ressent pas le besoin d'en parler à tout son réseau de contacts. La plupart se font cependant un grand plaisir de nous en parler sur Facebook! Comme si au fond, tout ceci n'était qu'une manière de dire à tout le monde qu'on est dans la gang... et qu'on s'attend à des félicitations en plus de ça.
Vous pouvez bien passer le mois prochain à ne plus vous couper les ongles d'orteils si vous voulez, je n'ai rien à redire sur le sujet. Idem pour une odyssée sans alcool d'une période de 4 semaines. Ce n'est pas un accomplissement grandiose. Le monde ne sera pas meilleur ni pire grâce à ça. Mais si ça vous fait vraiment du bien, alors c'est tant mieux!
C'est la faute du père Noël
Si les gens voulaient vraiment prendre une pause d'alcool qui mérite des applaudissements, ils feraient plutôt un Dry December! Parce que c'est principalement durant cette période qu'on consomme un cocktail après l'autre sans trop se poser de question, et que notre foie nous fait souffrir, parce qu'en plus, on se goinffre de bouffe des Fêtes.
Si on abolissait toute cette période de festivités, il n'y aurait pas besoin de prendre une longue pause en janvier. Au fond, le problème, ce n'est pas l'alcool: c'est le mois de décembre. Ha!
Alors, sans blague, peu importe vos vices et vos plaisirs coupables, le secret pour vraiment les apprécier sera toujours d'opter pour la modération, et ce, à longueur d'année.
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