Plus que jamais, il est facile d’emporter notre musique avec nous de manière virtuelle. Finie, l'époque où on devait traîner notre collection de disques compacts complète avec notre Walkman. Et dire que pendant des siècles, il fallait chanter une chanson soi-même ou avoir le rare privilège de tomber sur des musiciens pour s'entourer de cette forme d'art qui peut faire tant de bien à l'âme. Depuis, les choses ont bien changé. De nos jours, le streaming est la forme la plus populaire de consommation musicale. Pourtant, des options du passé regagnent en popularité, comme les cassettes audio et les vinyles. En ces temps où certains tentent d'avoir une meilleure conscience environnementale, devrait-on se réjouir de la musique intangible?
Le digital est-il vraiment la solution la plus durable? Quelle est réellement la manière la plus écologique de jouer de la musique? Croyez-le ou non, la musique a aussi des conséquences sur notre environnement.
Petit tour d’horizon...
Le vinyle
Pour les amateurs de musique, mettre la main sur le microsillon d'un de nos artistes favoris peut être un réel bonheur. Peut-être vous est-il arrivé récemment de vous faire plaisir en achetant un album vinyle à la table de marchandise lors d’un concert ou dans une vente de garage? Avouez qu'on ressent alors le sentiment d'avoir entre les mains quelque chose de précieux à chérir pour de nombreuses années.
Ce contact tangible oblige les auditeurs à prendre le temps d’apprécier ce moment dédié entièrement à l'écoute. Après tout, lorsqu’on fait jouer un disque sur notre table tournante, on ne peut pas juste peser sur un bouton et vaguer à nos occupations pendant des heures comme avec une liste de chansons virtuelle. Il faudra manuellement tourner la face du disque après quelques chansons seulement. C’est en soi une véritable cérémonie musicale, qui valorise ce moment que l’on prend pour connecter avec nos découvertes musicales.
À l’ère des nuages informatiques et du streaming, il est paradoxal de constater l'engouement pour cet objet physique, alors que les ventes de CD sont en constant déclin.
Objet sacré des mélomanes, le vinyle est au sommet de sa popularité depuis les 25 dernières années. Avec la nostalgie qu'on peut ressentir au contact de ces disques noirs, on replonge dans une époque lointaine (qu'on n'a parfois jamais connue!) qui semblait tellement plus simple...
Il ne faut pas se laisser berner par son allure attendrissante d'antan : le vinyle est très toxique pour l’environnement, de sa fabrication à la fin de sa vie utile. De quoi faire déchanter royalement les amateurs de tourne-disques...
Au banc des accusés, on retrouve le PVC, aussi connu sous le nom de polychlorure de vinyle. Selon Greenpeace, le PVC est le type de plastique le plus polluant sur la planète. Cette substance empoisonne l’environnement et ses habitants tout au long de son cycle de vie.
Alors, comment se débarrasse-t-on du PVC? Des albums vinyles fabriqués à partir d’algues brunes pourraient bien être la solution à tous les maux écologiques, selon ce que rapporte Télérama. Mais pour le moment, ils sont tellement biodégradables qu’ils se détériorent en quelques semaines seulement… il existe aussi une compagnie hollandaise qui tente actuellement de trouver un processus plus durable et écoresponsable pour la fabrication des vinyles.
Plusieurs seront surpris d'apprendre que malgré tout, le disque vinyle serait toutefois moins polluant que la musique en ligne.
Bien sûr, cela serait peut-être différent si toutes les oeuvres musicales étaient accessibles à la population sous cette forme. (Imaginez le nombre de vinyles que ça représenterait dans le monde!)
En fait, l'industrie ne pourrait probablement pas fournir à la demande, surtout depuis l'incendie majeur d'un fournisseur qui était responsable de 80 % de l'approvisionnement mondial de laque (une matière utilisée pour graver les disques) qui fait craindre une pénurie mondiale.
On espère donc qu'une solution moins toxique verra rapidement le jour afin de résoudre tous ces problèmes.
Le streaming
La meilleure solution est-elle de s’en remettre au streaming? Pas nécessairement...
Comme vous le savez peut-être, la technologie et les serveurs informatiques qu’on utilise autour du monde génèrent beaucoup de pollution. D’après une étude, jouer un album en ligne plus de 27 fois équivaudrait à un coût énergétique supérieur à la fabrication d’un CD. Et avec les heures d'écoute que chaque consommateur passe en ligne, ça fait beaucoup de ressources énergétiques accaparées.
Voilà une bien mauvaise nouvelle, qui s’explique par la quantité d’énergie nécessaire à stocker et diffuser toutes les chansons du monde.
Vladimir Sukhachev / Shutterstock
Les cimetières des CD
La production de disques compacts a grandement diminué depuis son âge d'or au tournant du siècle. En plus de la pollution générée par le CD lui-même, qui a une vie utile moindre comparée à d'autres options, car il finira par se dégrader après quelques années. Sans compter le boîtier en plastique, qui est fait entièrement de PVC...
Puis, il y a la cassette audio, qui n'est ni une alternative durable ni un format optimal pour apprécier la qualité sonore, même si elle jouit d'un regain d'enthousiasme de la part de certains hipsters.
Alors finalement, polluer en écoutant sa chanson préférée, c'est d'une tristesse innommable, non?
Peut-on écouter de la musique sans contribuer au déclin de l'environnement? Voilà une question qui semble surréelle, et qui pourtant, ne l'est pas.
La solution au problème n'est pas de cesser d'écouter vos chansons préférées, au contraire!
Comme la musicothérapie nous l'a appris, la musique peut améliorer notre qualité de vie de manière bien tangible, peu importe sur quel support elle est jouée.
Il s'agit plutôt de prendre conscience que tous nos gestes ont un impact environnemental, et grâce à la créativité du génie humain, tenter de continuer de trouver des moyens durables d'en profiter pleinement à moindre coût pour la planète. D'ici là, essayez de ne pas laisser votre plateforme de streaming jouer en boucle quand vous ne l'écoutez pas ou d'acheter inutilement un quatrième exemplaire du même disque vinyle dans l'unique but de décorer votre salon.