La crise de la COVID-19 occupe le devant de la scène médiatique depuis plusieurs semaines et a bouleversé la vie de millions de gens. Parmi les corollaires de cette crise sanitaire sans précédent, il existe un véritable fléau dont on parle encore peu: la violence conjugale.
La conséquence du confinement
Dans de nombreux pays comme le Canada, les gouvernements ont imposé le confinement afin d'arrêter la propagation de la maladie. Malheureusement, si ce choix a des effets sur le plan sanitaire, il en a également sur la violence qui s'exerce dans les foyers.
Comme le rappelle l'Institut nationale de la santé publique du Québec, il est très difficile d'établir des chiffres en ce qui concerne la violence conjugale : «Ni les données policières, ni les enquêtes populationnelles ne parviennent à rendre compte de toute l’ampleur du problème».
Il n'en reste cependant pas moins vrai que tous les organismes d'aide aux victimes constatent une augmentation des cas et de la gravité des actes. «Il y avait tout lieu de croire que les restrictions imposées pour empêcher le virus de se propager auraient un tel effet, a déclaré récemment au New York Times Marianne Hester, sociologue de l'université de Bristol qui étudie les relations abusives. La violence domestique augmente chaque fois que les familles passent plus de temps ensemble, comme pendant les vacances de Noël et d'été».
Une enquête de Statistique Canada révèle que la COVID-19 a de profondes répercussions sur la santé, les comportements et les activités des Canadiens. Cette étude souligne notamment que parmi les femmes, 1 sur 10 a déclaré ressentir beaucoup ou énormément d'inquiétude à propos de la possibilité de violence familiale. De façon plus générale, il ressort que «le tiers des Canadiens ont déclaré ressentir beaucoup ou énormément d'inquiétude à l'égard des tensions familiales dues au confinement».
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Un phénomène international
Depuis le début de la crise, le problème des violences domestiques prend de l'ampleur, au point que les Nations unies, à travers la voix de son secrétaire général António Guterres, ont appelé il y a quelques jours les différents gouvernements de la planète à réagir et à mettre en place des mesures visant à donner la priorité à la sécurité des femmes. «Ces dernières semaines, tandis que s’aggravaient les pressions économiques et sociales et que la peur s’installait, le monde a connu une horrible flambée de violence domestique», a déclaré António Guterres.
Le phénomène de l'augmentation de la violence conjugale liée au confinement est un phénomène international. En France par exemple, le Ministre de l'Intérieur a récemment indiqué que les interventions des gendarmes et des policiers pour violences conjugales avaient connu une hausse de plus de 30% depuis la semaine précédant sa déclaration. Selon l'article du New York Times, en Espagne, le numéro d'urgence pour les violences domestiques a reçu 18 % d'appels en plus au cours des deux premières semaines de confinement que pendant la même période un mois plus tôt.
Au Québec, l'organisme SOS violence conjugale reconnaît également que «La pandémie du coronavirus complique beaucoup la situation pour les victimes de violence conjugale. Nos partenaires des Maisons d'hébergement sont surchargées. Surtout à Montréal mais aussi dans d’autres régions et plusieurs victimes sont actuellement hébergées dans des lieux alternatifs».
C'est dans ce contexte d'urgence que la ministre déléguée à l’Éducation et ministre responsable de la Condition féminine du Québec, Mme Isabelle Charest, ainsi que la ministre de la Santé et des Services sociaux, Mme Danielle McCann, ont annoncé récemment qu’une somme de 2,5 millions de dollars avait été débloquée pour combler les besoins accrus des organismes d’aide et d’hébergement pour femmes victimes de violence conjugale et femmes violentées vivant de multiples problématiques sociales.
Trouver de l'aide
Outre l'augmentation de la violence, un autre problème lié au confinement est la difficulté pour les victimes de rejoindre les réseaux de soutien afin d'obtenir de l'aide. Des solutions existent au Québec comme celles offertes par SOS violence conjugale, un organisme accessible gratuitement et anonymement 24h sur 24, sept jours sur sept à travers ce numéro 1 (800) 363-9010 ou ce courriel sos@sosviolenceconjugale.ca.
Malheureusement, pour certaines victimes, il n'est pas simple, voire impossible, d'appeler au secours discrètement. Elles se trouvent en effet en permanence en présence de leur bourreau. De l'autre côté de l'Atlantique, les victimes française peuvent donner l'alerte discrètement en envoyant un SMS au 114. «Il permet d'appeler au secours sans se faire entendre par les auteurs de violences», a indiqué le ministre de l'Intérieur hexagonal.
Au Québec, une autre solution vient d'être proposée dans la région de Rimouski. La Débrouille, une maison d'aide et d'hébergement pour femmes et enfants victimes de violence conjugale, a demandé le 17 avril dernier le soutien des pharmaciens. «Nous souhaitons que les femmes puissent demander de l’aide au personnel afin qu’il puisse leur donner accès à un téléphone pour appeler rapidement une ressource d’aide», explique Marie Beauchesne, coordonnatrice co-gestionnaire à La Débrouille.
Espérons que cette initiative localisée trouve un écho national et que d'autres options d'aide aux victimes soient proposées le plus rapidement possible.
Pour appeler de l'aide:
1 (800) 363-9010
www.sosviolenceconjugale.ca sos@sosviolenceconjugale.ca
Plus d'informations et de ressources: www.violenceconjugale.gouv.qc.ca
Sources:
- http://www.education.gouv.qc.ca/salle-de-presse/communiques-de-presse/detail/article/covid-19-25-millions-de-dollars-supplementaires-pour-soutenir-les-victimes-de-violence/
- https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/200408/dq200408c-fra.htm
- https://www.inspq.qc.ca/violence-conjugale/statistiques/ampleur
- http://www.scf.gouv.qc.ca/index.php?id=61
- https://www.nytimes.com/2020/04/06/world/coronavirus-domestic-violence.html
- https://www.ladebrouille.ca/actualites/la-debrouille-demande-le-soutien-des-pharmacies-pour-aider-les-femmes-victimes-de-violence-conjugale-a-demander-de-laide
- https://www.lapresse.ca/covid-19/202004/13/01-5269212-violences-conjugales-et-pandemie-qui-appeler.php
- https://www.lapresse.ca/international/202004/05/01-5268117-le-chef-de-lonu-exhorte-le-monde-a-proteger-les-femmes.php