Plusieurs mythes circulent à propos de la violence conjugale. Les proches des victimes ont souvent peur d'intervenir parce qu'ils croient qu'ils ne feraient qu'aggraver la situation. Un sentiment d'impuissance met en doute la capacité d'aider. Or, si vous avez un doute ou si la victime vous mentionne que son partenaire est violent avec elle, il est extrêmement important d'intervenir.
Savoir repérer la violence conjugale
D'abord, il faut tout de même faire la différence entre une chicane de couple et de la violence conjugale. Tous les couples, à un moment ou un autre, auront des différends concernant un sujet donné. Il se peut que le ton monte, mais les deux partenaires semblent en contrôle de la situation et tout redevient à la normale dans les minutes qui suivent.
C'est très différent dans le cas de violence conjugale. Le partenaire violent critique l'autre continuellement, tient des propos blessants, profite de la moindre occasion pour rabaisser sa partenaire, exerce un contrôle constant sur sa façon de s'habiller, ses sorties, etc. Bref, la victime se sent prise au piège 24 heures sur 24.
Ce qui rend la tâche de dénonciation difficile, c'est que bien souvent, ces signes ne sont vécus que dans l'intimité, à l'abri des regards et que la victime demeure discrète, par honte, par peur. Au moindre doute, n'hésitez pas à poser des questions à votre amie, car votre intervention pourrait lui sauver la vie.
« J'ai remarqué plusieurs ecchymoses sur ton bras, comment est-ce arrivé? »
« Je te sens triste et distante ces jours-ci, comment ça va avec Marc? »
« Je n'aime pas la façon dont Pierre te parle, tu ne mérites pas de te faire répondre comme ça... »
Soyez attentives au comportement non verbal, car bien souvent, il en dit long!
Savoir écouter
Si votre amie vous confie être victime de violence conjugale, il est extrêmement important de l'écouter sans la juger. Le fait de dénoncer son partenaire violent est une étape importante et il est fort possible qu'elle ait dû passer par dessus son sentiment de honte et de culpabilité pour vous en parler. Votre intervention pourrait lui éviter d'autres épisodes violents, alors ne sous-estimez jamais votre capacité d'écoute.
La dénonciation de son partenaire violent peut être un long cheminement parsemé d'embûches, car les sentiments sont partagés entre la peur du pire et l'espoir d'un monde meilleur. Restez auprès d'elle tout au long du processus et rendez-vous disponible en tout temps.
Il se peut que votre amie se sente prise au piège par vos questions et qu'elle refuse toute confidence. Dites-lui que vous tenez à elle et que vos inquiétudes ne sont que le reflet d'une amitié qui vous tient à coeur. Mentionnez-lui les exemples concrets qui vous font croire que la relation avec son partenaire ne vous paraît pas saine. Si elle continue de nier toute existence de violence conjugale ou qu'elle se fâche, dites-lui que vous serez toujours là pour elle. Peut-être que votre amie ne se sent pas prête à se confier pour le moment, mais elle sait maintenant qu'une porte est ouverte à toute confidence.
Des gestes concrets
Trouver ou l'aider à trouver une maison d'hébergement pour elle et ses enfants
Il est possible de contacter sans frais SOS Violence Conjugale au 1 800 363-9010 afin de vous aider dans votre recherche de maisons d'hébergement pour femmes victimes de violence conjugale.
L'aider à mettre en place un scénario de protection
Si votre amie ne se sent pas prête à quitter la maison, aidez-la à mettre en place un scénario de protection qui consiste à être prête à quitter les lieux lors du prochain épisode de violence. Elle pourra conserver une petite valise comportant quelques vêtements, un peu d'argent, les doubles de clés de la voiture et de la maison, un carnet d'adresses, etc.
Trouver un avocat
La recherche d'un avocat est une tâche difficile lorsque la victime est en situation de crise. Aidez-la à trouver un spécialiste en matière de violence conjugale qui saura la guider dans les démarches judiciaires du divorce.
Se rendre disponible pour les enfants
Si votre amie a des enfants, offrez-lui de vous occuper d'eux le temps qu'elle effectue les démarches nécessaires et pour lui permettre du temps pour elle.
Des chiffres alarmants
En 2008, le Ministère de la Santé publique a compté 17 321 infractions de violence conjugale au Québec, dont 11 homicides. Et ces statistiques ne tiennent pas compte des actes non dénoncés. Il ne faut jamais prendre à la légère un cas de violence conjugale, car une vie peut en dépendre. De plus, il faut savoir que la violence peut se poursuivre aussi après la séparation. Restez alerte même si votre amie n'est plus avec son conjoint violent, car 41 % des victimes recensées étaient des ex-conjointes.
Si vous êtes témoin d'un cas de violence conjugale, votre rôle est de contacter la police. C'est votre devoir de citoyen de dénoncer toute forme d'agression. En effet, selon la loi, garder le silence vous rend complice de l'agresseur.
Et rappelez-vous que lorsqu'on contacte la police, il est possible de garder l'anonymat. Les autorités s'occuperont d'analyser les preuves.
Entre temps, restez auprès de votre amie et répétez-lui l'importance de dénoncer un partenaire violent.
Afin de mieux comprendre ce qu'est réellement la violence conjugale, je vous invite à lire cette chronique : Ces hommes violents et manipulateurs: comment les reconnaître? qui dresse un portrait de cette triste réalité.
N'oubliez pas non plus que les hommes peuvent également être victime de violence conjugale. À lire sur le sujet : Les femmes violentes