Grâce aux avancées de la science, il est désormais possible de déjouer la nature et de décider à l’avance du moment de son accouchement. Il ne s’agit pas pour autant d’une décision à prendre à la légère. Au Québec, la décision de programmer une naissance est habituellement prise pour des raisons médicales. Cependant, d’autres arguments peuvent être évoqués et pris en considération par le corps médical.
Pourquoi programmer un accouchement?
De nombreuses raisons d’ordre physique, psychologique ou organisationnel peuvent mener à un accouchement programmé. En voici quelques-unes.
Grossesse à terme ou post-terme
Lorsque la grossesse dépasse le cap des 41 semaines, ou encore 38 semaines pour une grossesse gémellaire, un accouchement peut être programmé pour éviter des complications.
Eaux crevées
Une autre condition médicale qui justifie qu’on ait recours à une telle mesure est une rupture prématurée de la poche des eaux qui ne serait pas rapidement suivie par des contractions.
Menace pour la vie
Si la vie du bébé ou celle de la mère est menacée, il est préférable de provoquer la naissance, même si le terme de l’accouchement n’est pas atteint. Ainsi, on va souvent provoquer l’accouchement dans des cas d’hypertension ou de prééclampsie.
Proximité de l’hôpital
Celles qui habitent très loin de l’hôpital peuvent choisir de minimiser les risques d’avoir à parcourir une longue distance alors que le travail a commencé.
Autres raisons
- Certaines mères souhaitent s’assurer de la présence du père, ou encore de celle de leur médecin traitant.
- D’autres préfèrent être certaines de ne pas accoucher à un moment où l’équipe médicale est réduite, comme c’est parfois le cas en pleine nuit.
- D’autres encore veulent s’assurer de recevoir la péridurale.
Dans tous les cas, le bien-être de la mère et de l’enfant doivent prédominer. Le déclenchement artificiel du travail ne doit jamais être lié à une optimisation du temps, tant du côté des obstétriciens que des futurs parents.
Comment se déroule un accouchement planifié?
L’accouchement planifié peut se dérouler de diverses façons, selon l’état de santé de la femme enceinte et du fœtus, et selon l’équipe médicale sur place. Toutefois, de grandes lignes se dégagent d’une majorité de circonstances.
- Après une discussion entre le médecin et la femme enceinte, un rendez-vous est pris.
- La femme enceinte se présente à l’hôpital le matin du rendez-vous ou la veille au soir.
- On procède d’abord à un examen médical pour s’assurer que les conditions sont favorables. Il est notamment important que le col de l’utérus de la future maman soit, au moment du déclenchement, déjà un peu ouvert, raccourci et ramolli. Lorsque ce n’est pas le cas, il est possible d’utiliser, entre autres, de la prostaglandine, sous forme de gel, d’ovule ou de comprimé, pour favoriser la maturation du col. Cette simple action peut être suffisante pour déclencher les contractions.
- Idéalement, on souhaite que l’accouchement se déroule le plus naturellement possible. Alors, si le col se dilate suffisamment, la rupture de la poche des eaux sera privilégiée. Si les contractions se poursuivent à un bon rythme, il ne sera pas nécessaire d’administrer de l’ocytocine, un médicament qui provoque ou accentue les contractons utérines.
- Toutefois, si le col ne se dilate pas, ou pas suffisamment, l’ocytocine sera administrée par voie intraveineuse avant la rupture de la poche des eaux. Parfois, même si la membrane est perforée, les contractions ne sont pas suffisamment fortes et l’ocytocine s’avère nécessaire pour que le travail débute réellement.
- Après ces différentes étapes, les contractions s’intensifieront et se rapprocheront. L’accouchement se poursuivra comme n’importe quel autre accouchement naturel.
Quels peuvent être les inconvénients d’un accouchement programmé?
Nous avons énuméré plus tôt un certain nombre de raisons qui peuvent mener au déclenchement artificiel du travail. Toutefois, il n’y a pas que des avantages à cette procédure; il faut les considérer dans votre prise de décision.
- Ces accouchements sont souvent caractérisés par des contractions plus douloureuses, qui rendent souvent indispensable le recours à la péridurale.
- Le déclenchement artificiel du travail peut mener à une césarienne.
- Les risques d’infection utérine d’origine bactérienne, de rupture utérine ou de prolapsus du cordon ombilical sont augmentés.
- Aussi, il ne faut pas oublier qu’accoucher sur rendez-vous, c’est choisir un accouchement surmédicalisé. On est loin des tendances du moment, qui prônent plutôt un retour aux méthodes naturelles.
- Par ailleurs, certains s’inquiètent de l’impact qu’un accouchement programmé peut avoir sur le nourrisson; se pourrait-il que le traumatisme de la naissance soit plus intense dans ces cas-là?
Pression du médecin ou choix personnel?
La question la plus importante à se poser avant de prendre rendez-vous pour votre accouchement est la suivante : ai-je toutes les informations qui me permettent de prendre une décision éclairée? Certaines femmes cèdent aux pressions de leur médecin, qui peut parfois encourager l’accouchement programmé pour des raisons de rationalisation du travail. Donner naissance à un enfant est une des plus belles choses qui soient; vous êtes en droit de décider, dans la mesure du possible, bien entendu, des conditions dans lesquelles vous vivrez ce moment.
Rappelez-vous que donner naissance est avant tout un acte naturel. Si vous êtes en parfaite santé, tout comme votre bébé, pourquoi ne pas alors laisser la nature faire son travail?
Pour plus d’informations, consultez infogrossesse.ca et le guide Mieux vivre avec notre enfant, de la grossesse à 2 ans.
Jeanne Dompierre et Cynthia Brunet, rédactrices Canal Vie