La dépression post-partum est un problème de santé mentale sérieux qu’il ne faut surtout pas sous-estimer. Il s’agit d’une dépression qui peut avoir de graves répercussions sur la vie de la mère et de l’enfant.
En Amérique du Nord, le taux de dépression post-partum est en augmentation considérable. Le pourcentage de femmes diagnostiquées est maintenant de près de 20 %, selon l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). La situation est alarmante, mais existe-t-il des moyens de la prévenir?
Qu’est-ce qu’une dépression post-partum?
Contrairement à un baby blues, qui est un mal-être passager qui ne dure que quelques jours et qui disparait sans trop de difficulté, la dépression post-partum est une maladie qui peut durer plusieurs mois et avoir de graves conséquences si elle n’est pas prise en charge par un médecin. De plus, le baby blues n’affecte pas la relation mère-enfant à l’inverse de la dépression post-partum qui peut entrainer des troubles importants d’attachement. Au-delà des idées noires, voire violentes, que la mère peut ressentir envers son bébé, la dépression post-partum rend celle qui en est affectée incapable de répondre aux besoins de l’enfant.
Le baby blues survient entre le troisième et le dixième jour après l’accouchement, la véritable dépression peut survenir à n’importe quel moment durant l’année. Le post-partum implique les mêmes symptômes qu’une grave dépression : une humeur triste, un sentiment de dévalorisation, de désespoir et des troubles importants du sommeil. Ces symptômes sont souvent accompagnés d’un sentiment de culpabilité et de honte de la part de la mère.
De plus, elle ressent parfois un manque total d’intérêt et de tendresse à l’égard de son bébé. Ces changements peuvent avoir des répercussions significatives sur le développement psychologique de l’enfant.
Comment prévenir la dépression post-partum?
Malheureusement, bien souvent la dépression post-partum est diagnostiquée trop tard alors que la mère est en grande détresse. Les nouvelles mamans, se retrouvant souvent seules, ont honte de leurs sentiments à l’égard de leur bébé. Elles ne comprennent pas pourquoi elles sont si malheureuses dans une étape de leur vie qui devrait être associée au bonheur. Elles sont donc moins portées à se confier à leur entourage par peur d’être jugées.
De plus, puisque les nouvelles mères ont souvent des nuits entrecoupées, il est tout à fait normal qu’elles soient très fatiguées. Leurs proches ne peuvent alors pas se douter que quelque chose de plus grave se cache derrière cet épuisement. Toutefois, dans certaines circonstances, il existe des façons de prévenir la dépression post-partum pendant la grossesse et après l’accouchement.
Pendant la grossesse
Antécédents dépressifs
Les mères qui ont déjà vécu une dépression avant ou pendant leur grossesse sont plus vulnérables que les autres et sont plus à risque de faire une rechute. Il est donc important de surveiller plus particulièrement ces futures mamans. Dès l’apparition de symptômes tels que l’insomnie, des crises d’angoisse ou des fluctuations dans l’humeur, il est essentiel de prendre psychologiquement en charge la mère.
De plus, pendant la grossesse, les femmes vivent des fluctuations hormonales extraordinaires. Pour certaines d’entre elles, la grossesse représente un défi pour leur santé mentale. Elles sont alors plus sensibles à ces débalancements hormonaux et doivent être plus vigilantes.
Consultations prénatales
Les consultations psychologiques pendant la grossesse sont une bonne manière de dépister une prédisposition à la dépression post-partum. À titre d’exemple, une dépression post-partum peut être déclenchée lorsqu’une grossesse n’a pas été désirée ou lorsque des problèmes sont survenus chez le bébé ou chez la mère pendant la grossesse.
Les consultations prénatales sont l’occasion d’aborder des questions sur la mère, les changements de son corps, de son environnement affectif, de sa vie professionnelle, etc. Elles permettent également de savoir si la future mère est bien entourée, si sa condition économique n’est pas précaire ou encore, si elle vit des événements stressants tels qu’un deuil ou une rupture. Une femme enceinte qui présente des symptômes d’une dépression ou de déprime pendant la grossesse a de grandes chances de basculer dans une dépression post-partum si elle n’est pas prise en charge par un médecin.
Faire le plein d’Oméga-3
Selon plusieurs études dont l'une menée par le Dr Gabriel Shapiro et une équipe de chercheurs de l’Université de Montréal et du Centre de recherche du CHU Ste-Justine, les mères pourraient plus facilement éviter une dépression post-partum en faisant le plein d’Omega-3. Selon Dr Shapiro « le taux d’Omega-3 chute naturellement pendant la grossesse, car les réserves dont la future maman dispose sont transférées au bébé. Et ces réserves continuent d’être au plus bas pendant les six semaines qui suivent l’accouchement. » En consommant au moins 150 g de poisson gras par semaine, les femmes enceintes pourraient gagner à augmenter leur apport en Oméga-3 et ainsi diminuer leur risque de développer une dépression post-partum.
Après l’accouchement
Briser l’isolement
Afin de prévenir une dépression post-partum, il est essentiel d’être bien entouré. En Amérique du Nord, contrairement à plusieurs pays d’Amérique du Sud, d’Europe et d’Asie, les femmes se retrouvent seules avec leur enfant à la suite de leur accouchement. Le réseau social et le soutien familial sont moins au rendez-vous qu’ailleurs dans le monde. Cette solitude représente un facteur considérable dans l’augmentation des dépressions post-partum en Amérique du Nord. Il est donc primordial pour une nouvelle mère d’être entourée et aidée après la naissance afin qu’elle puisse se reposer et être en mesure de bien s’occuper de son enfant.
Mieux dépister la dépression post-partum
Les intervenants de la santé et l’entourage des nouvelles mères ont malheureusement tendance à minimiser les souffrances de ces dernières et à banaliser leur fatigue. Bien souvent, le diagnostic de dépression post-partum et l’aide médicale appropriée surviennent trop tard.
Dre Marie-Josée Poulin, psychiatre à l’Institut universitaire en santé mentale de Québec, soutient que « la dépression post-partum fait partie des complications psychiatriques périnatales autour desquelles il existe encore beaucoup de méconnaissance et de confusion ». Elle est donc bien souvent mal diagnostiquée. Plus la dépression est détectée tôt, plus le traitement sera efficace.
En conclusion…
Il ne faut pas tarder à consulter et surtout ne pas banaliser la dépression. Bien sûr, la majorité des nouvelles mamans auront des épisodes de déprime, sans nécessairement vivre une dépression post-partum. Néanmoins, pour la prévenir et l’éviter autant que possible, il faut en parler, sans honte et sans jugement. Si dans certaines situations, il est impossible de l’éviter; pour la guérir, un professionnel de la santé s’avérera indispensable. N’hésitez pas! Il en va de votre bien-être et de celui de votre bébé.
Sabrina Hammoum, rédactrice Canal Vie