C'est bien connu, les enfants d'aujourd'hui ont souvent l'horaire surchargé de présidents de compagnie : l'école, le service de garde, les emplettes avec les parents, les mille et une activités organisées. Du temps qui leur reste, bien peu est utilisé pour le jeu libre. Fait alarmant : plusieurs chercheurs notent une corrélation entre la courbe de déclin du jeu libre et la courbe croissante de certains désordres mentaux chez les enfants et les adolescents. Une analyse de leurs études couvrant les soixante dernières années a été publiée en 2011 dans l'American Journal of Play.
Les troubles observés
Depuis le milieu du 20e siècle, l'angoisse, l'anxiété, la dépression, le taux de suicide, le sentiment d'impuissance et de perte de contrôle ainsi que le narcissisme chez les jeunes ont augmenté constamment et drastiquement. À titre d'exemple, 85 % d'entre eux affichent un taux d'anxiété et de dépression supérieur aux jeunes d'un même groupe d'âge des années cinquante. De moins en moins aptes à accepter la critique, les réactions agressives se multiplient. Leur faible estime d'eux-mêmes les porte à sous-estimer l'emprise qu'ils peuvent avoir sur leur propre existence.
Selon le Dr Stuart Brown, fondateur de la National Institute of Play, « les recherches scientifiques tracent un lien direct entre un déficit de jeu et certaines tendances de santé publique particulièrement inquiétantes : [...] l'augmentation de la dépression chez les enfants et l'augmentation des problèmes de comportements observés à l'école, notamment la violence et les problèmes d'interaction sociale. »
Les atouts du jeu libre
Idéalement pratiqué à l'extérieur en compagnie d'autres enfants, le jeu libre est une période de jeu qui n'est ni organisée ni structurée par un adulte, celui-ci n'étant présent que pour assurer la sécurité. Les jeux de ruelles en constituent l'exemple le plus parfait.
Durant cette période, les enfants raffinent leurs notions de socialisation et de partage. Ils doivent aussi apprendre à contrôler leurs émotions et leur impulsivité : qui veut jouer avec un Monsieur Grognon ou une Madame Chipie?
Ils devront user d'imagination, de créativité et de collaboration pour fixer le cadre de jeu et les objectifs à atteindre. Ils apprennent à se structurer. En apprivoisant l'échec dans un contexte ludique, ils se familiarisent avec la résolution de problème.
Les parents cherchent tous le jeu qui développera chez leur enfant l'autonomie, la confiance en soi, la pensée créative, le contrôle des émotions, l'esprit d'équipe et l'intelligence. Le jeu libre remplit toutes ces fonctions. De plus, il semblerait que les apprentissages effectués lors du jeu libre aideraient grandement à la lecture et aux mathématiques. Un tout inclus, finalement !
Cet été, laissez les enfants jouer dehors avec les petits voisins, sans culpabiliser. Simplement. Librement. S'ils s'ennuient, laissez-les trouver des idées pour s'amuser. Un bon roman à la main, étendue sur la chaise longue, vous contribuez au développement de vos amours. Un petit rosé avec ça?
Catherine Lemire, rédactrice Canal Vie