Depuis quelques années, on entend souvent dire que certains produits que nous utilisons au quotidien contiennent des composés chimiques qui auraient une influence néfaste sur notre système hormonal. Faut-il être alarmiste, et si c’est le cas, quelles sont les choses que nous devrions bannir de notre quotidien?
Que sont les hormones?
Les hormones sont des substances qui sont sécrétées par des glandes qu’on appelle endocrines. Elles existent en infime quantité dans notre corps, mais elles sont absolument nécessaires au bon fonctionnement des organes et au maintien de notre état de santé global.
Lorsque les hormones sont produites en trop petite ou en trop grande quantité, elles dérèglent notre système et peuvent entrainer de sérieux problèmes.
Les perturbateurs endocriniens
On appelle perturbateur endocrinien toute substance ou molécule qui altère le fonctionnement normal du corps (humain, dans ce cas). Lorsque l’équilibre hormonal est perturbé, cela peut entrainer des problèmes dans divers aspects de la santé. On connaît particulièrement les hormones sexuelles, évidemment (progestérone, testostérone, œstrogène), mais il y en a bien d’autres et celles-ci jouent des rôles variés. Elles régulent :
- le sommeil
- l’humeur
- la croissance
- la circulation sanguine
- le métabolisme
- etc.
Un perturbateur endocrinien agit très lentement et à très petites doses, et on ne peut donc pas le comparer à un agent qui « empoisonne » à proprement parler notre corps. Toutefois, une longue exposition à certaines de ces molécules dangereuses aurait des influences certaines sur le bon fonctionnement de notre système hormonal.
Que disent les scientifiques? Faut-il avoir peur?
Les spécialistes de tous les pays se sont penchés sur la question, et après avoir menés de nombreuses études en laboratoires, ils en sont venus à l’évidence qu’il existe effectivement des substances qui affectent notre système hormonal.
Pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les perturbateurs endocriniens sont des « substances chimiques d'origine naturelle ou artificielle étrangères à l'organisme qui peuvent interférer avec le fonctionnement du système endocrinien et induire ainsi des effets délétères sur cet organisme ou sur ses descendants. » Si l’on y réfléchit un peu, cela semble inquiétant, puisque même les descendants des personnes exposées à ces perturbateurs endocriniens pourraient en subir les effets…
Les perturbateurs se retrouvent de trois manières dans notre environnement immédiat, à dose plus ou moins élevée. Il y a :
- Les hormones synthétiques créées de manière intentionnelle : pilules contraceptives, médicaments contre la stérilité ou les effets de la ménopause, entre autres.
- Les substances chimiques créées pour diverses applications quotidiennes : insecticides, plastique (phtalates, bisphénol A), retardateurs de flamme (comme la mousse dans les divans), etc.
- Des composés chimiques naturels présents dans certaines plantes, comme le soya, par exemple.
Quels sont les risques?
Les chercheurs ne sont pas encore certains des risques que l’exposition aux perturbateurs endocriniens pourrait avoir à long terme. Ils ne sont pas non plus sûrs de comprendre exactement comment les effets se manifestent, mais ils ont remarqué la recrudescence de problèmes d’ordre hormonal depuis une vingtaine d’années.
Ils ont également en partie incriminé ces produits chimiques dans plusieurs problèmes de santé sérieux : infertilité masculine, malformations congénitales, obésité, difficultés d’apprentissage, apparition de certains cancers, entre autres.
La relation de cause à effet n’est pas totalement certaine, mais la communauté scientifique estime que « Même si elle n'a pas toutes les réponses, elle en sait assez pour règlementer ces substances selon le principe de précaution » (d’après Mme Asa Westlund, députée européenne.)
Trois façons d’être exposé
Même si les doses sont infimes, les scientifiques affirment qu’il existe trois manières principales d’être exposé aux perturbateurs endocriniens :
- Par l’eau et l’alimentation, principalement à cause de certaines molécules présentes dans les emballages.
- Par l’air, à cause des résidus chimiques de certains pesticides et herbicides, principalement.
- Par les cosmétiques.
De plus, il est évident que certaines personnes, en raison de leur profession, sont plus à même de subir de fortes expositions aux molécules néfastes. C’est le cas par exemple des agriculteurs qui manipulent fréquemment des herbicides, des personnes qui travaillent dans l’industrie pharmaceutique ou plastique.
Comment se protéger?
On n’est jamais certain à 100 % des molécules qui composent notre entourage, mais voici quelques trucs qui peuvent déjà limiter notre exposition :
- Ne pas plonger les biberons de plastique et les boîtes de conserve dans l’eau très chaude.
- Utiliser un savon à vaisselle à pH neutre.
- Ne pas passer au four à micro-ondes des contenants de plastique qui ne sont pas destinés à cet usage.
- Laver soigneusement les fruits et légumes, et choisir les produits locaux et de saison.
- Ne pas abuser des poissons de rivière.
- Choisir des viandes et aliments qui ne sont pas génétiquement modifiés.
- Choisir des cosmétiques dont la liste d’ingrédients est la plus courte possible, et éviter les ingrédients suivants : BHA, BHT, P-PHENYLENEDIAMINE, COCAMIDE DEA, LAURAMIDE DEA, DIBUTYL PHTHALATE, PARABEN, SODIUM LAURETH SULFATE, TRICLOSAN
La règlementation
Le problème, c’est que les molécules reconnues néfastes ne sont pas systématiquement identifiées comme telles dans nos produits d’usage quotidien. La plupart d’entre nous connaissent certains noms de substances à éviter comme le DDT, les parabènes. Les phtalates et le bisphénol A… Mais qu’en est-il de toutes les autres?
De plus, une étude récente, même s’il elle est un peu controversée, a affirmé que les perturbateurs endocriniens se retrouvent à notre insu dans un grand nombre de savons, shampoings, désodorisants et autres produits cosmétiques, jouets, articles en tout genre à base de PVC, médicaments, textiles, etc.
À la lumière de ces révélations, certaines personnes auraient tendance à devenir alarmistes (on le serait à moins), mais il convient toutefois de garder les pieds sur terre : tout comme les « bonnes hormones », les perturbateurs endocriniens sont présents en très infime quantité dans notre entourage. De plus, les autorités en matière de santé prennent maintenant le sujet à cœur et s’efforcent de mettre sur pied une législation de contrôle encore plus efficace dans la production et l’étiquetage des produits concernés.
Cécile Moreschi, rédactrice Canal Vie