La dépendance au jeu peut prendre plusieurs formes : loteries, machines à sous, bingo, jeux à gratter… Selon l’Agence de la santé et des services sociaux, 81 % des Québécois auraient participé au moins une fois dans leur vie à un jeu de hasard et d’argent. Et si le but de cette activité est avant tout récréatif, on estime qu’au moins 5 % de la population vit un problème de jeu, et que 2 % en serait dépendant.
Les conséquences du jeu pathologique sont dramatiques, autant pour le joueur que pour l’ensemble de son entourage. L’Association américaine de psychiatrie reconnaît même cette pathologie comme un trouble psychologique. Depuis 2002, la Régie de l’assurance maladie du Québec couvre d’ailleurs les frais de thérapie qui y sont liés.
Et si de nombreuses mesures ont été mises en place pour prévenir la dépendance au jeu, le nombre de personnes touchées est tout de même en constante progression, notamment à cause de l’augmentation et de l’accessibilité de l’offre.
Pourquoi devient-on dépendant au jeu?
Selon les spécialistes du Centre Dollard-Cormier, il existe trois profils de joueurs pathologiques : récréatifs, problématiques et excessifs. De nombreux facteurs peuvent causer la dépendance au jeu.
Chez certains, ce divertissement est utilisé comme source d’excitation, souvent dans le but d’oublier un mal-être comme la dépression, l’hyperactivité, ou une dépendance déjà existante.
Pour d’autres, sombrer dans le jeu de façon excessive leur permet d’indiquer à leur entourage un malaise ou d’exprimer leur colère.
Dans certains cas, c’est avant tout le gain qui motive les excès, l’argent étant interprété comme une preuve de réussite.
Comment devient-on dépendant au jeu?
Quand nous jouons à des jeux de hasard et d’argent, c’est essentiellement pour gagner. Le problème, c’est que nous n’avons évidemment aucun contrôle sur les gains et les pertes qui en résultent.
Pourtant, même si nous sommes rationnels, les émotions prennent tout de même le dessus. En effet, nous avons tendance à nous souvenir davantage des sommes gagnées que des perdues…
La fameuse « chance du débutant » fait naître en nous un sentiment d’euphorie qui nous pousse à jouer plus, puisque nous nous percevons chanceux et habiles. Malheureusement, les phases de perte prennent rapidement et inévitablement le dessus. Persuadés qu’ils peuvent « se refaire » et que la chance « va tourner », c'est ainsi que le joueur développe une dépendance au jeu.
Reconnaître les signes
Quelques indices peuvent aider l’entourage des joueurs pathologiques à détecter la dépendance au jeu.
Le mensonge
Les personnes touchées par les problèmes de jeu tentent par tous les moyens de le cacher à leurs proches.
Vouloir « se refaire »
Même si les joueurs compulsifs essuient de nombreuses pertes d’argent, ils ont la certitude que leur chance va tourner.
Miser toujours plus
Le joueur pathologique augmente sa mise pour augmenter son sentiment d’excitation et de bien-être. Il est convaincu qu’en misant gros, il gagnera davantage.
Emprunter de l’argent
Le joueur pathologique est persuadé que l’argent n’est pas perdu irrémédiablement. Il en emprunte alors à son entourage pour continuer à jouer.
Jouer pour oublier
Plus il perd, plus la dépendance au jeu devient une source de stress. Le joueur pense alors que ce divertissement va lui changer les idées, et l’aider à régler ses problèmes.
Jouer par besoin
Quand un joueur tente de réduire ou d’arrêter de miser, il ressent des « symptômes psychologiques de sevrage ».
Voler pour jouer
Les joueurs pathologiques accumulent d’importantes pertes d’argent. Quand ils ne peuvent plus en emprunter à leurs proches, ils n’ont souvent d’autres choix que de s’en procurer autrement, les poussant parfois à agir de façon illégale.
Jouer est plus important que tout
La vie des joueurs pathologiques ne tourne plus qu’autour du jeu. Ils délaissent leur carrière, leurs proches, et l’ensemble de leurs activités. Leur quotidien est alors dominé par une seule et unique chose : jouer.
Les impacts du jeu pathologique
Selon l’Agence de la santé et des services sociaux, entre 10 et 17 personnes seraient touchées par la dépendance au jeu d’une seule personne. En effet, quand le jeu devient une dépendance, il entraîne de nombreux impacts négatifs dans la vie du joueur, mais aussi sur celle de son entourage.
Parmi les conséquences de la dépendance au jeu, on trouve :
- Les problèmes de santé mentale comme la dépression, les idées suicidaires, le manque d’estime de soi, l’anxiété, la perte de contrôle, l’épuisement.
- Les problèmes sociaux comme l’isolement, la violence verbale ou physique, le mensonge.
- Les problèmes physiques comme l’insomnie, les maux de tête, les douleurs musculaires.
- Les problèmes de dépendances à la drogue, à l’alcool, à la cigarette.
- Les problèmes financiers, autant chez le joueur pathologique, que la famille, les amis et les collègues. L’argent emprunté n’est jamais remboursé, et l’endettement s’installe, ce qui peut aussi entrainer des problèmes juridiques.
- Les problèmes de confiance, à force de mentir et de manipuler son entourage. Les proches ne sont d’ailleurs pas à l’abri d’user de comportements similaires afin de cacher, eux aussi, la dépendance au jeu à leur propre entourage.
Comment s’en sortir?
Bien souvent, la prise de conscience se fait trop tardivement, quand les joueurs ont touché le fond, et qu’ils ont déjà tout perdu. Ils demandent rarement de l’aide parce qu’ils le veulent réellement, mais plutôt parce qu’ils n’ont plus de ressources et qu’ils sont en détresse.
D’ailleurs, un joueur pathologique sur cinq aurait déjà fait une tentative de suicide, tandis que seulement 2 % des joueurs avec une dépendance au jeu demanderaient de l’aide.
Au Québec, de nombreux organismes offrent de l’aide aux joueurs et à leurs proches. Pour consulter la liste suivante : Liens utiles – Dépendances – Santé et Services sociaux Québec.
Philippine de Tinguy, Rédactrice Canal Vie