L'hiver est long et les heures d'ensoleillement trop peu nombreuses ne contribuent pas à nous redonner un air de santé. Plusieurs se réfugient donc dans des salons de bronzage afin de contrer le teint verdâtre causé par le manque d'exposition à la lumière du jour. Cependant, ces salons se voient fréquentés par une population de plus en plus jeune, alors que la liste des méfaits des rayons ultraviolets (UV) sur la peau ne cesse d'augmenter.
Les rayons UV, ennemis jurés!
Les rayons UV sont les ennemis jurés des dermatologues. Qu'ils proviennent du soleil ou d'une lampe solaire, ils sont cancérogènes. Comment donc sensibiliser les gens et, plus particulièrement les jeunes, aux conséquences de l'utilisation de ces lampes solaires? Il s'agit d'une bataille qui vaut la peine d'être soutenue...
Les lits de bronzage : cancérogènes connus
Le cancer de la peau est sans équivoque l'enjeu principal de cette lutte contre les appareils de bronzage. De ce fait, en août 2009, l' « Organisation mondiale de la santé » (OMS) a fait passer la classification des appareils émettant des UV de « cancérogènes probables » à « cancérogènes connus »! Ce n'est pas peu dire! Il n'est donc plus possible d'affirmer que les lits de bronzage causent « probablement » le cancer de la peau; nous savons aujourd'hui sans équivoque qu'ils « causent » le cancer de la peau.
De plus en plus de cancers de la peau chez les jeunes
De plus, en 2007, des dermatologues ont lancé un cri d'alarme sur les ondes de Radio-Canada en affirmant qu'ils diagnostiquaient de plus en plus de cancers de la peau chez des patients de plus en plus jeunes.
Depuis, l'OMS presse les gouvernements de réglementer l'industrie du bronzage, en recommandant, entre autres, d'interdire les salons aux moins de 18 ans. Malheureusement, rien n'a encore été fait au Québec, alors que la Nouvelle-Écosse et Victoria, en Colombie-Britannique, ont passé récemment une loi en ce sens.
Plus tristement encore, « le Centre international de recherche sur le cancer » a démontré que l'exposition à un rayonnement UV émis par un dispositif de bronzage artificiel avant l'âge de 35 ans accroît le risque de cancer de la peau de plus de 75%!
Le bronzage artificiel plus nocif que le soleil
Le Dr Marc Rhainds travaille à l'Institut national de santé publique du Québec en prévention des cancers de la peau. Selon lui, le bronzage artificiel est plus nocif que le soleil. « C'est du concentré qui est l'équivalent d'être exposé au soleil toujours à l'heure du midi, en plein zénith. »
Une peau bronzée = une peau endommagée
Qu'on se le dise : il n'y a pas de bronzage sécuritaire. Ainsi, les lampes solaires, tout comme les rayons du soleil, dégagent des rayons ultraviolets qui déclenchent le processus de bronzage de la peau. Lorsque celle-ci change de couleur après avoir été exposée aux rayons ultraviolets, c'est parce qu'elle produit de la mélanine.
Le rôle principal de la mélanine est la protection pigmentaire contre les radiations UV. Voici une première réalité : une peau bronzée est une peau endommagée! Le bronzage est peut-être joli, mais une fois disparu, les dommages laissés derrière lui persistent.
Il est donc important de comprendre que, peu importe leur source, les rayons UV sont nocifs pour notre peau dès que l'on s'expose à ces derniers. Il ne faut pas se mentir : les risques de cancer de la peau en sont exacerbés.
Par ailleurs, plusieurs pensent que « le bronzage est un signe de santé ». Il s'agit plutôt du contraire. Tel que mentionné plus haut, le processus du bronzage de la peau « endommage » celle-ci, entraînant son changement de couleur.
Les conséquences de ces dommages sont donc le vieillissement prématuré de la peau et même, on le sait maintenant, l'apparition de mélanomes ou de carcinomes cancéreux.
Les mythes liés au bronzage artificiel
Les coups de soleil ne sont pas les seuls responsables
Une des fausses croyances entourant le bronzage est l'information véhiculant que seuls les coups de soleil sont dangereux pour notre santé. Or, il n'en est rien; toute forme et quantité d'exposition aux rayons UV peut être nocive.
Selon le Dr Joël Claveau, spécialiste des cancers de la peau du CHUQ, « les salons de bronzage ne sont malheureusement pas sécuritaires. Lorsqu'on les fréquente régulièrement, on augmente aussi notre risque de développer des cancers de la peau.»
Source : émission La Facture, Radio Canada, 6 mars 2007.
Le bronzage, un bon protecteur?
« Mon bronzage me protège du soleil » est une phrase souvent entendue, surtout venant des personnes qui prévoient un voyage dans le Sud. Mais il s'agit d'une pensée erronée. Selon le Dr Claveau, « la littérature scientifique mondiale est claire : les salons de bronzage sont à proscrire. C'est s'exposer à des rayons ultraviolets en grande quantité. Il est faux de dire qu'en allant au salon de bronzage, on protège notre peau, on se fait un fond. »
Un bronzage ne protège pratiquement pas des rayons du soleil ou des brûlures, d'autant plus que certains lits de bronzage diffusent une quantité de rayonnement jusqu'à cinq fois supérieure à celui du soleil. Ils sont donc beaucoup plus dangereux que le soleil lui-même!
La vitamine D et les lits de bronzage
Enfin, l'apport en vitamine D que procure le soleil est une argumentation en faveur de l'utilisation des lits solaires par leurs consommateurs, surtout en période hivernale. Un consensus scientifique a d'ailleurs été établi au printemps 2006, affirmant que la vitamine D, que l'on peut synthétiser directement par la peau, empêche de contracter de nombreuses maladies.
Mais selon la Société canadienne du cancer, « les lits de bronzage ne constituent pas un moyen sans danger d'obtenir de la vitamine D. Il est préférable de l'obtenir par le soleil, les suppléments ou l'alimentation. En automne et en hiver, un supplément est une solution beaucoup plus sûre et économique d'assurer votre apport en vitamine D ». Selon le Dr Gregory Hartl, porte-parole de l'OMS, « une alimentation adéquate, en plus du soleil que vous recevez, sont tout à fait adéquats pour satisfaire tous les besoins en vitamine D.
Il n'y a donc pas lieu d'aller dans un salon de bronzage. » Il faut savoir qu'une courte exposition d'à peine 10 minutes de notre visage ou de nos mains à la lumière du jour nous procure une bonne quantité de vitamine D et prévient, de plus, les risques de déprime saisonnière!
Catherine Darlington, rédactrice Canal Vie