Les tutoriels de confection de masques artisanaux sont désormais nombreux sur le Web. Doit-on porter ou non un masque? Doit-on commencer une production pour notre famille? Au-delà de ces questionnements, il faut s’assurer de leur efficacité face au coronavirus.
Voici quelques informations à savoir avant de vous lancer dans la fabrication de vos masques artisanaux.
Protéger les autres
Il n’est pas dans la culture des Québécois de se promener dans la rue ou dans les supermarchés avec un masque. Néanmoins, cette réalité va probablement changer. En effet, depuis que l’administratrice en chef de la santé publique du Canada, la Dre Tam, a reconnu que le port d’un masque peut ralentir la propagation de la COVID-19, la mentalité de la population québécoise tend à se modifier.
D’ailleurs, il est dorénavant recommandé d’en porter un lorsque les mesures de distanciation physique peuvent difficilement être respectées, par exemple dans les transports en commun. En sera-t-il de même dans nos écoles? Dans les supermarchés? Le déconfinement graduel nous obligera-t-il à porter un masque? De nouvelles recommandations du gouvernement devraient être émises à cet effet dans les prochaines semaines.
Indépendamment des recommandations officielles, il faut savoir que le masque artisanal est porté pour protéger les autres, davantage que pour se protéger soi-même. Puisque de nombreuses personnes sont asymptomatiques, elles peuvent transporter le virus avec elle, sans en avoir le moindre doute.
Le masque artisanal, s’il est bien manipulé, contribue à réduire la transmission du coronavirus par les gouttelettes, que l’on émet en toussant, mais aussi en parlant ou en respirant. En portant un masque, chaque personne évite de contaminer les autres et les différentes surfaces. Évidemment, si tout le monde en porte un, la protection de tous est augmentée de manière considérable.
Alors, à vos machines à coudre!
Des tissus à privilégier
Avant de commencer à coudre son masque, il faut se questionner sur le matériel à utiliser. Heureusement pour nous, des chercheurs se sont déjà penchés sur le sujet.
Une étude de l’Université de Cambridge dresse une liste des matériaux ménagers selon leur efficacité à bloquer des particules de 0,02 micron.
En haut de la liste, le masque chirurgical bloque 89 % des particules, il est suivi de près par le filtre d’aspirateur avec 86 %. Le lin bloque pour sa part 62 % des particules alors que le chandail de coton obtient un résultat de 51 %. Il faut toutefois se rappeler que cette étude analysait la capacité à bloquer les particules, et non la respirabilité des matériaux. Un élément non négligeable pour l’être humain.
Alors, avant de se mettre un filtre à aspirateur sur le visage, il faut aussi s’assurer que l’on peut respirer adéquatement.
Une récente étude de Smart Air a, pour sa part, analysé l’efficacité d’une trentaine de matériaux à bloquer les microparticules de la taille d’un coronavirus, mais également le niveau de respirabilité. En tenant compte de ces deux variables, un top 5 des tissus à privilégier a été établi :
- Le denim
- Les draps
- Des essuies tout (bien sûr, dans ce cas-ci, le masque ne sera pas lavable, donc pas réutilisable!)
- Du canevas (toile en coton)
- Des serviettes d’atelier
Cette étude démontre aussi la très faible efficacité des foulards. De manière générale, ceux-ci ont un tissage peu serré, ils réussissent donc à filtrer très peu de particules.
Il faut plutôt privilégier un tissu avec un tissage serré. En principe, la lumière ne devrait pas passer au travers, ou si peu, et vous ne devriez pas pouvoir souffler une chandelle lorsque vous placez le tissu devant votre bouche. Cependant, vous devriez être capable de respirer sans problème avec le masque lorsque vous ne fournissez pas un effort.
Pour tout lire sur la COVID-19, c'est ici.
Deux épaisseurs de tissus, idéalement trois
Évidemment, ce n’est pas vraiment le meilleur moment pour magasiner des tissus. Mais, ne vous en faites pas. Vous avez sans doute déjà tout ce dont vous avez besoin.
Nos tiroirs regorgent souvent de vêtements qui n’attendent qu’à être transformés. Peut-être même que des draps n’étaient plus utilisés depuis un bon moment. Même si l’efficacité du tissu n’est pas optimale, le principe des multicouches l’augmente considérablement.
Effectivement, même si, par exemple, le coton bloque environ 50 % des microparticules, en utilisant plusieurs épaisseurs, on maximise son efficacité. Les masques doivent être fabriqués avec un minimum de deux épaisseurs, idéalement trois. Les filtres amovibles ne sont toutefois pas recommandés. Si, malgré tout, vous préférez en ajouter un, il doit s’agir d’un morceau de tissu. En aucun cas, il ne faut ajouter un filtre à café ou à aspirateur. Ceux-ci n’ont pas été conçus pour assurer une respirabilité. C’est bien beau éviter la propagation d’un virus, mais encore faut-il être capable de respirer!
Utiliser le masque adéquatement
Maintenant que vous savez quel matériel utiliser pour fabriquer votre masque, vous devez en plus savoir comment l’utiliser pour en assurer une efficacité optimale. À cet effet, le ministère de la Santé et des Services sociaux a mis une vidéo explicative en ligne.
D’abord, avant de le manipuler, lavez vos mains. Ensuite, placez le masque sur votre visage en touchant uniquement les élastiques. Assurez-vous qu’il recouvre bien votre nez et votre bouche.
Une fois cette opération réussie, lavez vos mains à nouveau.
Par la suite, l’un des grands défis s’avère de ne pas y toucher, sous aucun prétexte. Si vous l’enlevez, vous ne devez plus le remettre. C’est pour cette raison qu’il est préférable d’avoir plusieurs masques à portée de la main. De plus, il doit être changé après un maximum de 4 heures d’utilisation, si possible, toutes les 2 ou 3 heures.
Lorsque vous l’enlevez, même si vous touchez uniquement aux élastiques, lavez vos mains à nouveau et laissez les masques souillés dans un sac où ils ne seront pas en contact avec d’autres surfaces. Vous devrez par la suite les nettoyer pendant une trentaine de minutes, à une température de 60 °C.
Masques artisanaux : des limites à prendre en considération
Bien que les masques artisanaux semblent contribuer à diminuer les risques de propagation de la COVID-19, il présente également des limites.
En effet, il s’avère difficile, voire impossible, de connaitre l’efficacité réelle des masques artisanaux. Ils sont tous différents et, en plus, ils sont souvent utilisés de manière inappropriée.
Le Gouvernement du Canada rappelle que ces masques n’offrent pas une protection complète contre les particules de la taille d’un virus. Les bords de ceux-ci ne sont pas conçus pour sceller le tour du nez et de la bouche et les matériaux utilisés n’ont jamais la même efficacité que ceux utilisés dans le monde médical. De plus, ils peuvent provoquer des difficultés respiratoires et vous empêcher d’obtenir la quantité suffisante en oxygène requise par votre corps.
Le masque constitue donc un outil supplémentaire pour diminuer les risques de la propagation, mais il n’a pas les pouvoirs d’un superhéros, comme le mentionnait le Dr Arruda en point de presse. Celui-ci ne doit en aucun cas remplacer les mesures de distanciation physique, ainsi que le lavage fréquent des mains.
Malgré tout, on devra probablement se résigner à les porter dans les lieux publics. Aussi bien s’assurer qu'ils ont une certaine efficacité et qu’ils ne sont pas néfastes pour notre santé.
Sources : Le Parisien, À vos masques, Ici Radio-Canada, La Presse, huffingtonpost.ca
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Note
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