Vous connaissez sûrement une personne qui a peur de la maladie à un point tel qu'elle croit être atteinte de divers maux alors que les diagnostics médicaux sont négatifs. Elle souffre peut-être du syndrome d'hypocondrie.
Le syndrome
Les personnes hypocondriaques craignent la maladie. Le moindre symptôme, la moindre douleur, devient un signe que leur santé se détériore. Un changement du rythme cardiaque, une douleur aux poumons, un épisode de transpiration, une petite plaie ou une toux, et les voilà persuadées d'être atteintes d'une affection grave, voire mortelle.
Elles vont consulter, mais le médecin ne décèlera pas de problème particulier. Elles verront alors un autre médecin, puis un autre, sans jamais trouver de réponse puisqu'il n'y a pas de maladie.
Si ce syndrome apparaît parfois chez l'adolescent, ce sont souvent les adultes qui en souffrent.
Trois formes d'hypocondrie
La première, dite névrotique, se traduit par des angoisses à propos d'une maladie précise : un cancer, un problème cardiaque, une tumeur. Lors des crises d'hypocondrie, le sujet consulte un professionnel de la santé, même s'il est conscient que son angoisse n'est pas nécessairement liée à la maladie dont il croit souffrir. Généralement, ces crises s'accentuent, de même que la fréquence des visites chez le médecin.
La seconde forme d'hypocondrie, dite démentielle, se caractérise par une détérioration de la condition physique de l'individu. Généralement, il devra composer avec un ralentissement psychomoteur : il lui faut plus de temps pour réagir à des stimuli ou à exécuter certains gestes de la vie courante.
Chez les sujets les plus atteints, l'hypocondrie peut devenir psychotique. La personne atteinte développe la conviction inébranlable qu'elle est atteinte d'une maladie, comme le cancer par exemple. Cette phase est souvent accompagnée d'hallucinations et de délire.
Les causes
Généralement, l'hypocondrie se développe chez les personnes anxieuses ou déprimées.Il peut arriver que le syndrome soit attribuable à un choc psychologique. Mais les causes sont méconnues et font l'objet de plusieurs hypothèses.
Plusieurs estiment que les croyances socioculturelles seraient en partie responsables du phénomène. C'est à dire que le sujet interprète mal les changements corporels et les informations glanées sur un problème de santé.
Certaines victimes multiplient alors la fréquence de comportements, comme l'auscultation, afin de vérifier si elles sont atteintes d'une maladie quelconque. Elles interprètent faussement leurs sensations corporelles qui, croient-elles, sont des symptômes évidents confirmant un état de santé chancelant. Et ça se transforme en cercle vicieux.
Toutes leurs pensées tournent autour de leur état de santé. Elles sont persuadées qu'elles sont atteintes d'une maladie grave, voire mortelle. Et les propos rassurants des médecins ne suffisent généralement pas à calmer leurs angoisses.
D'autres hypocondriaques ressentent le besoin d'attirer l'attention de leur entourage en « s'inventant » une maladie. Ils se plaindront de douleurs pour multiplier les contacts avec leurs proches ou un (ou des) médecin(s). Généralement, ces personnes craignent d'être délaissées.
Comment réagir face à l'hypocondriaque
La personne exprime un besoin d'attention et de réconfort. Elle ne cherche pas à se plaindre ou à empoisonner l'existence de ses proches, elle cherche simplement à évacuer ses angoisses.
Généralement, l'entourage d'un hypocondriaque a tendance à minimiser ses propos, voire à les ignorer. Or, la victime ressent véritablement les douleurs et les symptômes, même si elle n'est pas malade. Il fvaut mieux la prendre au sérieux, tenter de la calmer et de la rassurer, autant que faire se peut.
Vivre avec un hypocondriaque n'est pas une sinécure. Mais composer avec ce syndrome est encore plus difficile. Orienter les personnes vers les ressources adéquates est la meilleure chose à faire. Un bilan de santé complet, en présence d'une tierce personne, peut constituer un premier pas vers la guérison ou, du moins, vers l'atténuation du syndrome. L'objectif est de faire en sorte que la peur de la maladie ne l'empêche plus de vivre normalement.
Traitement
Traiter l'hypocondrie peut s'avérer ardu. Cela nécessite que le médecin et la victime reconnaissent que ces maux sont généralement liés à la condition psychologique du patient.
Cette étape est particulièrement difficile puisque le patient doit se convaincre, et accepter, que ses malaises ne sont pas d'ordre physiologique, d'autant plus que les douleurs sont réelles.
Dans les cas les plus graves, un psychologue ou un psychiatre sera d'un précieux secours. Le professionnel aidera l'hypocondriaque à prendre un certain recul, à mettre des mots sur ses maux.
Et il ne faut pas hésiter. Le syndrome d'hypocondrie peut conduire à l'invalidité professionnelle.