Chaque année, des centaines de Québécois abandonnent le réseau public de la santé pour se tourner vers les cliniques privées. Généralement, ils y trouvent leur compte, en y mettant le prix. Plusieurs raisons expliquent ce phénomène.
L'attente en fonction de la cote
Dans un premier temps, les délais d'attente dans le réseau public en découragent plus d'un. À l'urgence, selon la gravité de vos malaises, il vous faudra compter au moins quatre bonnes heures avant de recevoir un diagnostic ou de vous retrouver à l'extérieur, prescription en main. Bien sûr, tout dépend de votre état de santé. Vous n'attendrez que quelques instants si votre condition mérite la cote 1 (réanimation). Pour les conditions très urgentes ou urgentes, vous verrez généralement un.e médecin moins de deux heures après l'évaluation initiale faite par le personnel infirmier.
Mais si vous obtenez des cotes de 4 ou 5, prévoyez passer plusieurs heures dans la salle d'attente avant de voir un.e médecin. Les bénéficiaires doivent donc être patients.
Les fameux corridors!
Si votre condition nécessite un séjour plus ou moins long dans un établissement de santé, il est probable que vous vous retrouviez sur une civière, dans un corridor, pour une période moyenne de 17h. Dans certains hôpitaux, des bénéficiaires passent en moyenne plus de 33 heures dans un couloir éclairé jour et nuit, à la vue de tous.
Pénurie de médecin de famille
Il y a plus. À ce jour, plus d'un million de Québécois sont sur une liste d'attente pour un.e médecin de famille. Ils doivent donc se présenter à une clinique sans rendez-vous, ou à l'urgence, pour recevoir des soins. Il n'est donc pas étonnant que de nombreuses personnes se tournent vers les cliniques privées.
En outre, les chirurgiens sont souvent confrontés à un manque de disponibilité des salles d'opération. Certains n'opèrent qu'une seule journée par semaine, faute de personnel ou de budget au centre hospitalier. Pas surprenant alors que les listes d'attente s'allongent.
Les avantages des cliniques privées
Les cliniques privées offrent généralement les mêmes services que le réseau de santé publique, sauf l'hospitalisation à long terme. Vous n'avez qu'à prendre rendez-vous, puis à vous présenter à la date et à l'heure convenues, pour être reçu par votre « médecin de famille ». Ce dernier (généralement, toujours le même) prendra le temps de vous écouter. Il demandera les examens nécessaires, souvent effectués à la clinique, posera un diagnostic et traitera vos malaises, le tout en un temps « record » si vous le comparez au système public.
Comme l'attente est réduite au strict minimum, vous n'aurez pas à vous farcir les récriminations de votre voisin malade ou à subir la longue liste de maladies dont vous feront part les nombreux « patients » de l'urgence. Pour certains, il s'agit là d'un avantage indéniable.
Dans la majorité des cas, le « réseau » privé vous prodiguera les soins appropriés en quelques semaines, tout au plus. Par exemple, pour les chirurgies orthopédiques, de plus en plus de Québécois se tournent vers le privé dû au long temps d'attente dans le réseau public. En 2021, une clinique orthopédique privée à Montréal a même quadruplé son nombre de chirurgies de remplacement du genou et de la hanche. Lorsque la douleur est permanente, ces semaines de souffrance font une grande différence pour le patient.
Soyons francs. Souvent à la fine pointe de la technologie médicale, ces cliniques bénéficient d'équipements qui se comparent à ceux des centres universitaires, rien de moins. Le personnel est généralement trié sur le volet et les médecins peuvent souvent s'appuyer sur une équipe de spécialistes, au besoin.
Les inconvénients des cliniques privées
Comme il s'agit d'une entreprise qui doit réaliser des profits pour survivre et payer des équipements médicaux onéreux, le service y sera prompt, rapide, courtois et professionnel, en échange de vos dollars. Le bénéficiaire qui fait appel à une clinique privée doit donc s'attendre à délier les cordons de sa bourse. Et la facture peut être salée. Certes, vous connaissez généralement les tarifs de base. Mais il arrive parfois que des examens nécessaires, ou des soins particuliers fassent grimper les coûts de consultation.
Les tarifs
Les tarifs varient d'une clinique à l'autre. Il est donc préférable de magasiner avant d'arrêter votre choix. Pour l'ouverture du dossier, par exemple, nous avons trouvé une clinique qui demande 85 $ et une autre, 435 $ (incluant une consultation initiale de 60 minutes). Une fois membre de la clinique, chaque service est offert à la pièce, ou à forfait. Ainsi, nos recherches ont permis de dénicher un établissement qui vous facturera 100 $ pour une consultation de base. La facture peut grimper rapidement, selon la durée de la visite et les examens nécessaires (laboratoire, radiographies, etc.).
Il vous faudra vraisemblablement sortir votre carte de crédit, ou de débit, pour payer les honoraires réclamés. Toutefois, plusieurs compagnies d'assurances collectives assument une partie des frais encourus en clinique privée. Selon la couverture choisie par l'employeur, et parfois l'employé, vous n'assumerez qu'un pourcentage de la facture totale.
Enfin, la Régie de l'assurance-maladie du Québec défraie les coûts de certaines interventions en clinique privée si le réseau public ne peut vous offrir le service dans un délai « raisonnable ».
Combien?
La plupart des cliniques ne pas leurs tarifs sur Internet, concurrence oblige. Rappelez-vous : ce sont des entreprises à but lucratif. Toutefois, nous avons déniché une clinique qui affiche ses tarifs sur le web. Ainsi, pour une consultation médicale de base, comptez un minimum de 250 $. Même prix pour la pose d'un stérilet.
On vous charge 99 $ pour un test de dépistage d'ITSS. Attendez-vous à verser 50 $ pour renouveler une prescription et 330 $ pour une infiltration de cortisone.
Pour un simple bilan de santé, certaines cliniques peuvent vous remettre une facture de plus de 500 $.
À vous maintenant de décider si votre santé mérite cet investissement.
Et le réseau de santé public?
La situation est loin d'être idéale, nous le savons tous. Toutefois, nombreux sont ceux qui ne peuvent, faute d'argent, bénéficier de soins en clinique privée. En mai 2022, le gouvernement du Québec a annoncé une grande réforme du système de santé « pour un réseau plus humain et plus performant ». Reste à voir comment ces changements vont se traduire pour les patients dans les prochaines années.
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Note
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