Aurora Aedo, 68 ans, est la mère de Lolitta Dandoy, fondatrice du populaire blogue Fashion is Everywhere.
Atteinte de polyarthrite rhumatoïde chronique depuis 30 ans, la femme d’origine péruvienne a l’habitude de se rendre à Lima pendant les longs mois d’hiver québécois qui lui sont physiquement difficiles.
Elle a donc quitté Montréal en janvier dernier, sans savoir que la crise de la COVID-19 allait tout chambouler...
Coincée à Lima
Ce n’est pas la clémence de la température québécoise qui fera revenir Aurora Aedo au Canada cette année. Plutôt la chance qu’elle aura - ou pas - de se voir offrir une place à bord de l’un des deux derniers vols de rapatriement d’Air Canada.
« Dès qu’on a su que les choses commençaient à être sérieuses au Canada, mes frères et moi avons entamé les démarches pour essayer de faire revenir notre mère au plus vite », explique Lolitta Dandoy. Cela doit faire maintenant 2 semaines qu'on essaie.
Deux semaines de démarches et d’aléas qui occupent et stressent au possible ses trois enfants (Lolitta et ses deux frères). Lolitta a d’abord tenté pendant 2 jours de rejoindre Air Canada, pour se faire répondre qu’il n’y avait plus de vols dû à la fermeture des frontières du Pérou (qui avait fermé ses frontières avant que ne le fasse le Canada).
« On nous a dit que, comme le Pérou rouvrirait ses frontières seulement le 30 mars, ils regarderaient à partir de là », ajoute-t-elle. « On a eu une place le 4 avril. On était content, mais deux jours plus tard, on a appris que le Canada fermait aussi ses frontières. Et surtout, qu’Air Canada n’allait désormais voler que pour certaines destinations, n’incluant pas le Pérou. En fait, la route Lima-Montréal était annulée ».
La famille, qui a continué de tenter de rejoindre Air Canada, a entre-temps appris que la compagnie aérienne allait offrir des vols de rapatriements. Elle a aussi réussi à inscrire ma mère dans les divers registres des Canadiens à l’étranger. Première bonne nouvelle : la famille a appris qu’il y aurait 3 vols à venir pour le Pérou.
Le 23 mars, Lolitta a reçu le précieux code envoyé par Air Canada, sa mère faisant partie des passagers du premier vol en partance de Lima. Un vol Lima-Toronto par contre, stipulant qu’une fois à destination, les voyageurs devraient se débrouiller seuls pour retourner à la maison.
Jonathan, le mari de Lolitta, avait prévu faire la route jusqu’à Toronto pour se rendre chercher sa belle-mère au système immunitaire compromis, afin de ne pas trop l’exposer et ne voyant aucune autre solution.
Lorsqu’est venu le temps de payer pour le vol (1400$!), c’est une page d’erreur qu’ils ont vu apparaître.
« Il n’y avait plus de billet », n’en revient toujours pas Lolitta. « Ce premier vol devait pourtant être en priorité pour les mineurs non accompagnés et les personnes avec des problèmes de santé et des systèmes immunitaires compromis. Apparemment, ce code ne le spécifiait pas. Malheureusement, j’ai compris que les gens partageaient leur code (ce qui est interdit), faisant en sorte que l’avion s’est rempli rapidement ».
Et maintenant?
Il ne reste donc que 2 vols, 2 dernières chances de faire revenir Aurora à la maison : ce jeudi et ce vendredi. Des vols qui atterriront à Toronto ou à Montréal, on n’en sait trop rien pour le moment, mais au moins au Canada.
« Je ne sais pas ce qui va arriver avec le code qui n’est plus valide », confie Lolitta. « J’ai essayé de rejoindre l’ambassade par courriel et par téléphone, sans réponse. Pour l’instant, je ne sais pas ce qui va se passer ».
« La seule bonne nouvelle est que la députée fédérale de la circonscription d’Outremont, Rachel Bendayan, a vu ma récente publication Facebook et m’a téléphoné ce matin », ajoute Lolitta, qui maintient la communication avec sa mère par téléphone. « On a pris les renseignements de ma maman et on allait essayer de les redonner aux Affaires mondiales Canada afin de recevoir un deuxième code. Je dois surveiller les courriels sans cesse et y répondre immédiatement ».
Pendant ce temps, Aurora Aedo est en quarantaine dans la maison de sa maman aujourd’hui décédée à Lima, où un couvre-feu – que la police et l’armée se chargent de faire respecter – est imposé entre 20h et 5h. Elle habite exceptionnellement avec ses sœurs, mais chacune a son logement séparé.
« Ma mère est passée à travers beaucoup de choses, elle a eu une vie qui n’a pas toujours été facile », confie Lolitta. « Elle est capable d’en prendre, mais elle a peur de ne pas revenir au Canada. Elle a aussi vraiment peur de la partie voyage, car les voyageurs doivent se rendre à l’ambassade 5 heures avant le vol. Sur place, on fait un tri sanitaire, puis les gens doivent partir en autobus vers l’aéroport militaire du Pérou d’où ils partiront. C’est un long et difficile voyage pour quelqu’un de son âge et dans sa condition. Elle ne voudrait pas non plus attraper le virus dans l’avion ou pendant le voyage... »
D’ailleurs, en plus de son arthrite, sa mère a aussi le syndrome de Sjögren faisant en sorte qu’elle ne produit plus de larmes ni beaucoup de salive et … cela la faisant tousser lorsque sa gorge devient trop sèche. « Ça lui fait donc extrêmement peur que les gens associent sa toux, qui fait partie de sa condition, à la COVID-19 ».
Elle a heureusement un billet du médecin expliquant les effets de son syndrome.
« Je sais qu’elle n’est pas la seule dans cette situation. Ma mère est venue au Canada pour nous offrir, à moi et mes frères, une vie meilleure lorsque nous étions jeunes. Nous nous devons de lui rendre la pareille en la faisant revenir au Canada ».
Pour suivre Lolitta Dandoy sur Instagram, l’aider dans sa démarche ou lui partager de beaux mots d’encouragement : @lolittadandoy