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« Deux possibilités existent: soit celle que nous sommes seuls dans l’univers, soit celle que nous ne le sommes pas. Les deux hypothèses sont tout aussi effrayantes », a un jour déclaré le célèbre écrivain de science-fiction et inventeur britannique Arthur C. Clarke.
C’était une belle façon de résumer une situation qui encore aujourd’hui, après tant d’années de recherches, de quêtes et d’observations, reste toujours aussi nébuleuse. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé de savoir.
Les projets Sign, Grudge et Blue Book
En 1947, à la suite de l’histoire de Kenneth Arnold, ce pilote américain qui, le premier, parla de « soucoupes volantes », les États-Unis ont créé le projet Sign, la première commission chargée d’étudier la réalité ou non des ovnis qui, deux ans plus tard, fut rebaptisée projet Grudge. En 1952, après l’avalanche de témoignages d’ovnis qui déferla sur les États-Unis (et ailleurs), on augmenta le budget du projet qui fut rebaptisé projet Blue Book. Le projet Blue Book avait trois objectifs : trouver une explication pour l’ensemble des témoignages d’observations d’ovnis, déterminer si les ovnis étaient une menace pour la sécurité des États-Unis et s’ils offraient une technologie exploitable par les Américains. Un premier rapport de la commission, rendu public en 1955, conclut à l’inexistence des ovnis.
Ce qui n’empêcha pas les divergences d’opinions de régner au sein de la commission et les directeurs de s’y succéder à un rythme étourdissant, jusqu’à ce qu’un nouveau rapport, le rapport Condon, tranche la question: les ovnis n’existent pas et tous les témoignages reposent soit sur une méprise avec des phénomènes naturels, soit sur des hallucinations et toute recherche scientifique dans ce domaine ne présente aucun intérêt. Le projet Blue Book fut officiellement dissout en décembre 1969.
Il n’en reste pas moins que le projet Blue Book aura étudié 12 618 cas dont 97 % ont été élucidés. Les archives du projet Blue Book sont dorénavant disponibles en ligne Le GEPAN, le SEPRA et le GEIPAN En 1977, la France créa un Groupe d’étude des phénomènes aérospatiaux non identifiés, le GEPAN, dont le but était d’étudier sérieusement les ovnis. Sa mission principale était d’élaborer des méthodes d’analyse scientifique des rapports d’observation des PAN. (Aparté : l’acronyme OVNI, pour Objet volant non identifié, est la traduction du terme anglais UFO, pour Unidentified Flying Object. Les études tendent à prouver que ce terme ne convient pas: dans la plupart des cas, les observations décrivent un phénomène connu ou inconnu, généralement lumineux, mais sans preuve de la présence d’un objet matérialisé. L’utilisation du terme général PAN, pour phénomène aérospatial non identifié, est donc plus appropriée.)
En 1988, on remplaça le GEPAN par le Service d’études des phénomènes de rentrées atmosphériques, le SEPRA, dont l’objectif était la poursuite des rentrées atmosphériques, mais aussi des PAN. À sa création, le GEPAN comprend une équipe de sept personnes à temps plein. L’équipe du SEPRA en comptera 2,5… En 2005, le SEPRA est rebaptisé GEIPAN, soit le Groupe d’études et d’information sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés, le « I » supplémentaire voulant insister sur la fonction dorénavant surtout informative du service.
Depuis 2007, les archives du GEIPAN sont en ligne sur le site internet du groupe. Cette évolution s'exprime à travers la publication progressive, à partir de 2007 des archives du GEIPAN sur son site Internet, où sont recensés plus de 2000 cas français de PAN. SETI Le programme SETI, pour Search for Extra-Terrestrial Intelligence (recherche d’une intelligence extraterrestre) est né aux États-Unis dans les années 1960. SETI regroupe plusieurs projets (on en comptait près de 90 en 2010) dont le but commun est de détecter les signaux qu’une intelligence extraterrestre pourrait émettre depuis sa planète d’origine. L’idée derrière SETI est de repérer les ondes qui seraient émises, de manière intentionnelle ou pas, par une intelligence lointaine, tout comme les ondes électromagnétiques qui, à chaque instant, sont émises de la Terre pourraient être détectées depuis l’espace sans qu’il s’agisse pour autant de signaux émis spécifiquement pour signaler notre présence. Quelques projets du programme SETI : L’Allen Telescope Array (ATA est un radiotélescope conçu pour balayer des millions d'étoiles à la recherche des planètes qui émettent des signaux radio. Il est installé sur le site de l’Observatoire radio de Hat Creek, dans le Parc national volcanique de Lassen, au nord de la Californie. Ce projet, destiné aux astronomes et au projet SETI, a été baptisé en l’honneur de Paul Allen, le cofondateur de Microsoft et principal mécène du projet.
Le Microwave Observing Program (programme d’observation des micro-ondes) est un programme datant des années 1980 portant sur la détection de signaux micro-ondes grâce à des radiotélescopes qui scrutent un millier de sources stellaires situées à moins de 80 années-lumière du système solaire. Le programme a été rebaptisé High Resolution Microwave Survey en 1992 et annulé un an plus tard par le Congrès des États-Unis. L’institut SETI a alors collecté des fonds privés (environ 27 millions de dollars sur onze ans) pour poursuivre la recherche, sous le nom de projet Phoenix.
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L’antenne géante d’Arecibo, à Puerto Rico, où le projet Phoenix eut lieu de 1998 à 2004.
Le projet Phoenix a été créé en 1995 dans le cadre du programme SETI afin de rechercher une intelligence extraterrestre par l’analyse des caractéristiques de signaux radio. Du début des observations, en février 1995, jusqu’en mars 2001, Pheonix a trouvé 1 074 402 signaux parmi lesquels seulement 685 ont été détectés avec des ondes électromagnétiques appropriées, mais sans qu’on puisse les exploiter par la suite. En mars 2004, les responsables du projet ont annoncé qu’ils avaient vérifié les 800 étoiles inscrites sur la liste du projet à l’aide de télescopes situés en Australie, aux États-Unis et à Porto Rico, sans parvenir à trouver une seule preuve de signaux extraterrestres. Comme l’a fait alors remarquer le chef du projet, Peter Backus: « Force est de conclure que nous vivons dans un voisinage calme ».
Les sceptiques et la contagion psychosociale Bref, les scientifiques ont cherché et n’ont rien trouvé. Les sceptiques, eux, vont droit au but: toutes ces histoires d’ovnis et d’extraterrestres manquent de preuves empiriques ou de reproductibilité et tant que ces preuves ne seront pas empiriques, réelles et reproduisibles, ce n’est que de la charlatanerie et/ou de la contagion psychosociale La contagion psychosociale est une thèse qui explique la plupart des observations d’objet volant non identifié dans un cadre sociopsychologique, c’est-à-dire dans un milieu social où les individus peuvent s’influencer mutuellement, que ce soit par communication directe, par le bouche à oreille ou par l’amplification faite par les médias. Derrière cette théorie, un principe tout simple: pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ou, en d’autres mots, « les hypothèses suffisantes les plus simples sont les plus vraisemblables ».
C'est l’un des principes de recherche fondamentaux en science, sans être pour autant à proprement parler un résultat scientifique, qui veut que l’explication la plus simple à un phénomène a priori inexplicable doive être privilégiée au détriment de thèses plus compliquées (particulièrement lorsqu'elles mettent en avant des éléments non prouvés comme des visites de la Terre par des extraterrestres). Cette hypothèse explique le phénomène OVNI par des méprises, des erreurs d'interprétation, des hallucinations ou de faux souvenirs…
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La photo ci-dessus est l’exemple parfait d’un ovni qui n’en est pas un. C’est une image numérisée extraite d’un film original de la NASA pris par Apollo 16 montrant un objet dans l’espace. On voit également les reflets dans la fenêtre, à gauche et à droite. Alors qu’ils amorçaient leur retour de la Lune le 27 avril 1972, les astronautes John Young, Thomas Mattingly et Charles Duke ont capturé sur bande vidéo environ 4 secondes d’un objet qui ressemble tout à fait à une version hollywoodienne d’un vaisseau spatial venu d’un autre monde. L’objet a été décrit comme ayant la forme d’une soucoupe surmontée d’un dôme. Les images ont été filmées avec une caméra 16 mm filmant à 12 images secondes.
L’objet apparait dans environ 50 images. L’image a été longtemps été le centre d’un débat - c’en est un, c’en n’est pas un - jusqu’à ce qu’un groupe de spécialistes fasse finalement une analyse détaillée du film original, pour conclure finalement que « Toutes les informations reçues pour cette analyse sont consistantes avec la conclusion que l’objet dans le film d’Apollo 16 était en fait la perche d’inspection et d’éclairage de sortie dans l’espace. Il n’y a rien dans le film qui suggère le contraire.
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Une image agrandie du film d'Apollo 16, à gauche, comparée avec les éléments de la perche d’éclairage et d’inspection vue de la fenêtre du module de commande et de service, à droite.