
Les recommandations sanitaires changent tellement vite. Au printemps dernier, porter un masque était tellement inhabituel et considéré comme bizarre ici! Mais maintenant, c’est devenu le contraire : avoue que lorsqu’une personne ne porte pas de masque, tu le remarques et tu te poses des questions.
J’ai commencé à porter un masque pour faire les courses au début avril 2020. Oui, il y a eu un certain flottement au début –les sources étaient contradictoires, les experts disaient qu’ils n’étaient pas sûrs que c’était efficace, ils affirmaient que la priorité allait au personnel de la santé.
Mais quand même, ça n’a pas été long que «le buzz» sur les réseaux sociaux confirmait que c’était devenu la norme. Et je me disais : «Bien, ça ne peut pas faire de mal d’en porter un…»
Fast-forward à il y a quelques semaines alors que j'étais en train de regarder, avec bonheur, l’inauguration de Joe Biden à la télé. Et à part le changement de ton, j’ai remarqué quelque chose qui m’a vraiment marquée : beaucoup de gens portaient DEUX masques. Un par-dessus l’autre. Parfois deux masques en tissu, et parfois un masque de procédure plus un masque réutilisable. Je me suis donc demandé ce qui se passait avec ça.
Depuis ce temps, je n’arrête pas d’entendre parler du «double masking». Et, après avoir fait mes recherches, je me retrouve moi-même à me dire : «Bien, ça ne peut pas faire de mal de porter deux masques.»
Le « double masking », c’est quoi au juste?
Pourquoi soudainement les gens se sont mis à porter deux masques?
C’est simple : pour obtenir une protection accrue contre le virus qui cause la COVID-19. En fait, les «problèmes» reliés aux masques n’ont pas changé depuis le début : ce ne sont pas tous les masques qui offrent la même protection. Si comme moi tu as plusieurs masques réutilisables et que tu alternes entre chacun, tu constates forcément la différence entre leur niveau de confort et de «respirabilité». Certains masques sont en tissu épais avec des mailles très serrées, tandis que d’autres permettent de voir au travers. Certains ont une seule couche, certains en ont deux, et quelques-uns en ont trois. Certains permettent de glisser un filtre (ce qui ajoute une couche), mais c’est loin d’être la majorité, et puis ces filtres ont eux aussi une efficacité bien variable.
Bref, il n’y a aucune norme, que ce soit pour les masques lavables en tissu ou même pour les masques de procédure jetables non-médicaux. C’est donc presque impossible de savoir jusqu’à quel point ces masques sont efficaces, que ce soit pour protéger les autres ou pour se protéger soi-même.
En gros, porter deux masques permet donc tout simplement d’ajouter des couches de protection sur son visage!
Quelles sont les recommandations officielles?
Aux États-Unis, le Dr Anthony Fauci, leader des maladies infectieuses au pays et nouveau conseiller médical en chef de l’administration Biden, a récemment affirmé que «deux masques était probablement mieux qu’un seul».
Ici. au Canada, les autorités n’ont pas encore parlé de la pratique du double masque. La dernière recommandation de l’Agence de la Santé Publique du Canada remonte à novembre (il y a 3 mois), à l’effet qu’il fallait porter un masque avec trois couches.
Cette recommandation n’est pas contradictoire avec le fait de porter deux masques, au contraire : comme la plupart de nos masques ont seulement une ou deux couches, les combiner permet tout simplement d’atteindre le chiffre magique des trois couches!
Une question de variants
Le passage graduel vers le port de deux masques est lié à un contexte bien particulier: l’apparition de nouveaux variants du virus SARS-CoV-2, qui le rendent plus difficile à maîtriser.
Il y a plusieurs variants qui circulent en ce moment : celui provenant du Royaume-Uni (qui serait au moins deux fois plus contagieux, donc vraiment plus facile à attraper!), celui de l’Afrique du Sud (qui semble réduire l’efficacité des vaccins) et celui du Brésil (qui connaît une percée fulgurante).
Les variants sont normaux et attendus : les virus sont constamment en train de muter et leurs caractéristiques changent au fil de leurs mutations dans différents endroits donnés, que ce soit pour le mieux, ou pour le pire. Mais ces 3 variants spécifiques, dont deux sont présents au Québec mais pas encore dominants, posent problème parce qu’ils ont le potentiel d'empirer la situation de fa¸on considérable. Comme l’affirme la biologiste Sarah Otto de l’Université de la C.-B., le nouveau variant britannique, «qui accroit la transmission de 40 % à 80 %, risque de faire déborder la marmite. Cela pourrait entrainer une croissance exponentielle du nombre de cas et surcharger le système hospitalier qui est déjà dépassé».
Bref, ce que ça signifie, c’est que la lutte contre le virus n’est plus la même qu’il y a presque un an. Même en gardant ses distances, en limitant ses déplacements et en prenant le moins de temps possible pour faire ses courses, les chances d’attraper le virus vont constamment aller en augmentant dans les prochaines semaines et les prochains mois. Même si on n’aurait jamais dit ça l’année passée, porter deux masques semble donc être une manière bien simple et peu coûteuse de mieux se protéger.
Est-ce que tout le monde a besoin de porter deux masques?
Ça dépend de ta tolérance au risque et de ton exposition. Travailles-tu dans le public à effectuer un service de première ligne? Prends-tu les transports en commun? Es-tu plus vulnérable que la moyenne à cause d'un facteur de risque? Es-tu enceinte? Dans ce cas, tu ne devrais vraiment pas hésiter.
C'est certain que personne n'est pas obligé d'adopter le «double masking». Mais, comme on a déjà pris l'habitude et que ça n'est pas tellement plus compliqué de porter deux masques qu'un seul, c'est à considérer sérieusement.
Si tu choisis de ne pas le faire, c'est correct. Sauf que les experts s'entendent pour dire qu'à ce moment-ci de la pandémie, avec les variants plus contagieux qui s'en viennent, c'est le temps de dire adieu à tout ce qui ne tient pas la route comme masque: ceux en mousse qui laissent complètement passer l'air, les couvre-visages improvisés comme les bandanas ou les cache-cols de sport, les masques qui sont trop grands et super mal ajustés, etc.
Comment pratiquer le «double masking»?
Si tu veux porter deux masques, le Dr Gerald Evans, professeur en maladies infectieuses à l’Université Queens de Kingston en Ontario, conseille que la couche extérieure (le 2e masque) soit en tissu résistant à l’eau.
La couche du dedans (le 1er masque) pourrait quant à elle être un masque de procédure jetable («officiellement» médical ou non; c’est écrit sur la boîte), qui offre une bonne capacité de filtration des particules.
Chacun des masques doit complètement couvrir le nez et la bouche et être le plus serré possible (sans être super inconfortable non plus).
Oui, il y a des contraintes environnementales attachées à cela, alors c’est bon de savoir que certains masques lavables ont aussi cette particularité de filtration, mais il faut bien les choisir. Ces masques en tissu seront décrits comme ayant une «couche intermédiaire en polypropylène», un matériau synthétique qui emprisonne les particules du virus. Il va sans dire que ces masques sont moins faciles à trouver et un peu plus chers, mais si on veut éviter les masques jetables, c’est un bon investissement.
Même s’il y a peu d’études qui prouvent l’efficacité du «double masking» à date, le Dr Evans croit que «le gros bon sens indique que ce soit la bonne chose à faire». Puisque la théorie veut que plus grande est la barrière entre nous et l’air ambiant, mieux on est protégés contre le virus, «ce serait utile de porter deux masques, que ce soit deux masques en tissu ou un en tissu et un de procédure».
Les limites du «double masking»
Même avec deux masques, le concept du «fromage suisse» s’applique encore! C’est-à-dire que, aucune mesure ne permet de prévenir une infection à la COVID-19 à 100 %… C’est plutôt la combinaison de mesures qui est efficace, parce que si le virus passe par «un trou» d’une des tranches de notre fromage, il pourra éventuellement être stoppé par des tranches supplémentaires (correspondant à d’autres mesures).
C’est donc important de ne pas avoir une trop grande confiance en ta protection, même avec deux masques. Il faut quand même rester à la maison le plus possible, garder ses distances, éviter les rassemblements, limiter l'exposition, essayer d’être le plus souvent dehors ou d’avoir une bonne ventilation, se laver les mains, etc.
Quelques masques à te procurer
1. Masques de grade médical, noirs
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Ces masques répondent à plusieurs standards de sécurité et ont été testés, entre autres pour être résistants à l’eau. En plus, le noir est plus stylé et neutre que le bleu qu'on a l'habitude de voir.
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2. Masques de procédure non-médicaux
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Non mais tsé, ces masques affichent des ananas! Ils ne sont pas certifiés mais ils sont confortables et ont une bande ajustable pour le nez.
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3. Masque en tissu avec filtre en polypropylène intégré

Il est fait à la main au Canada, avec une bande ajustable pour le nez et des courroies ajustables pour les oreilles. Il correspond aux recommandations canadiennes: 3 couches, avec matériel de filtration des particules au centre.
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4. Masque réversible avec filtre en polypropylène intégré
En plus d’être disponible en plusieurs belles couleurs, celui-ci a l’avantage d’être réversible. C’est donc comme deux masques pour le prix d’un! Il a également 3 couches; il est même possible d’ajouter des filtres.
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5. Masque moulé avec filtre en polypropylène
Ce masque est fabriqué en coton bio épais et présente de jolis motifs, des teintures naturelles. En plus, son design n’écrase pas le visage.
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6. Filtres en polypropylène
Pour ajouter à tes masques existants lorsque tu fais du «double masking».
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