Récemment, je suis allée méditer 10 jours en silence à Montebello. Cette expérience fut pour le moins des plus intéressantes et enrichissantes de ma vie (pis j’en ai vécu des affaires!). Voici le récit de mon expérience.
Pourquoi une retraite silencieuse?
Et pourquoi pas? Depuis le temps que je voulais vivre ça! Tout remonte au printemps 2013 quand une ancienne collègue qui me paraissait particulièrement rayonnante, heureuse et sereine m’avait parlé de la méditation Vipassana. Toutes les cellules de son corps respiraient le bonheur et souriaient pleinement. Elle était magnifique à voir.
La graine d’inspiration qu’elle a semée en moi a pris du temps à germer parce qu’évidemment, 10 jours dans une vie de jeune adulte, ce n’est pas facile à trouver. Surtout pour aller méditer quand tu n’as jamais médité. Je continuais donc de regarder les dates de temps en temps, mes disponibilités, mes très-peu-de-congés-par-année, etc. sans jamais faire le move.
D’autres idées ont pris racine, mais celle-ci n’attendait que le bon moment pour fleurir.
Chaque chose en son temps
Il y a un an, m’étant donné le défi de ne pas travailler à temps plein pendant un an, je me suis lancée en tant que travailleure autonome, ce qui me laissait le temps de faire plein de nouvelles choses : voyager, parler beaucoup, apprendre à jouer un instrument, lire et *roulement de tambour* finalement m’inscrire à une retraite Vipassana!
C’était presque un « trip ». Ne m’étant pas beaucoup renseignée, on dirait que c’est plutôt l’expérience spirituelle qui me tentait. La nouveauté. Le défi.
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Le jour J arrivé, ou plutôt le jour 0
J’ai finalement fini par partir en nowhere spirituel avec moi-même. Plutôt que covoiturer et devoir faire du small talk, j’ai opté pour le transport en commun pour ce trip-là. Sur la route, je commençais à légèrement stresser. Pour une fille qui ne stresse jamais dans la vie, c’est quelque chose « légèrement stresser ».
Lorsque je parlais de cette retraite silencieuse autour de moi, les gens me disaient que ça allait être « donc bien dur ». Tous connaissaient quelqu’un qui l’avait déjà fait et qui avait trouvé ça éprouvant, ou qui n’avait pas réussi à compléter les 10 jours. Je commençais à me demander ce que je faisais dans ce bus vers Montebello...
Arrivée sur place, j’ai agréablement été surprise par la belle énergie et par la diversité de gens qu’il y avait! Ça papotait tellement que je me demandais comment ça allait fonctionner pour que tous ces gens-là se taisent complètement à un moment donné.
J’ai visité ma chambre, fait un tour des lieux, puis je me suis assise pour écouter les organisateurs donner les instructions du séjour avant la toute première séance de méditation suite à laquelle le noble silence débutait.
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Les longs 10 jours de méditation
Chaque journée débutait par une première méditation à 4 heures du matin et prenait fin vers 21 heures pour un total de 10 heures de méditation par jour.
Les séances de méditation étaient entrecoupées par des périodes de repos ou par les repas. Chaque moment était indiqué par un gong. Un gong qui semblait parfois se faire attendre loooooooooongtemps (quand mon corps me criait de me lever) et qui arrivait parfois trop rapidement (quand mes narines profitaient de l’air frais de Montebello).
Le gong finissait toujours par sonner et rythmer habilement nos journées. Il permettait de ne penser à rien. Tout était réfléchi pour nous. Tout était réfléchi pour se dédier à la méditation et être avec soi-même.
La technique Vipassana
Pour ce qui est des séances de méditation, elles étaient légèrement guidées, puis chaque méditant était laissé à lui-même vivre sa propre expérience.
Au jour 1, je me demandais comment tous ces gens faisaient ; tous semblaient comprendre quoi faire, mais dans ma tête, c’était TELLEMENT COMPLIQUÉ rester assise et OBSERVER. Finalement, j’ai compris qu’il fallait que j’arrête de trop essayer et que je devais juste respirer et observer. Facile à dire, hein?
Et c’est exactement ce que j’ai aimé de ce type de méditation. Non seulement la méditation Vipassana n’est associée à aucune religion, philosophie ou dogme, mais en plus, elle est basée sur les sensations physiques. Le réel. Pour moi, éternelle sceptique, c’était un énorme plus! C’était un plus de pouvoir observer les sensations de mon corps sans essayer de me répéter des mantras que je trouvais un peu cul-cul dans d’autres types de méditation.
Plus le temps avançait, plus j’appréciais méditer. Évidemment, ça ne veut pas dire que le temps était moins long. Certaines journées semblaient éternelles. J’avais toutefois un bon feeling chaque soir.
Une expérience pas facile pour tout le monde
Parlant de bon feeling, je ne pense pas que c’était le cas pour tout le monde. Pendant les séances, il n’était pas rare d’entendre des participants pleurer, renifler, quitter la salle puis revenir. Après tout, quand dans la vie est-on laissé avec son soi intérieur pendant plusieurs jours? Il peut s’en passer des réflexions et du travail sur soi. Malgré tout, il faut toujours revenir à sa respiration et ses sensations.
Et c’est justement ça l’apprentissage numéro 1 de la méditation Vipassana : tout comme la respiration et les sensations corporelles, tout est passager dans la vie.
Tout est impermanent : les souffrances, le bonheur, les fourmis dans les pieds et même les crampes menstruelles. Je ne m’avancerai pas plus que ça dans les apprentissages, car justement, c’est le genre de chose qui se vit plutôt que s’explique.
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Est-ce que je recommande l'expérience Vipassana?
OUI. Nul besoin d’avoir de l’expérience en méditation pour essayer. Au contraire, il est bien plus facile d’apprendre une nouvelle technique que déconstruire d’anciennes techniques associées à d’autres types de méditation.
Je conseille la méditation Vipassana à toute personne désirant être un meilleur humain rempli d’amour et de compassion. À toute personne voulant être en paix avec elle-même et avec le monde. À toute personne désirant se reconnecter au réel, à son corps et à ses émotions.
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Et après?
Toutefois, il ne faut pas le voir comme une fameuse retraite comme beaucoup s’en vendent ces temps-ci. Au contraire, cette expérience ne se vend pas, elle est possible grâce aux dons d’anciens étudiants. Personne ne paie en amont. Justement pour ne pas donner de valeur monétaire à cette expérience qui se veut universellement accessible.
Il ne faut pas voir cette retraite comme une expérience de 10 jours et hop, finito. Il faut plutôt vouloir apprendre à méditer et utiliser ces outils dans la vie de tous les jours. Je dirais que le plus grand challenge est là : continuer de méditer.
Parce qu’après tout, travailler sur soi et vouloir rendre le monde meilleur, ça ne se fait pas en 10 jours. C’est le travail d’une vie.
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