En mars dernier, la crise sanitaire planétaire nous a tous ébranlés. Tout à coup, le monde entier a été mis sur pause. Le télétravail est soudainement devenu possible. En même temps, le nombre de pertes d’emplois explosait. Les écoles ont fermé leurs portes, et ce, durant de longs mois obligeant les enfants à demeurer à la maison.
Au même moment, aux 4 coins de la planète, certains ont dû abréger des voyages au long cours planifiés depuis longtemps, d’autres ont dû modifier leur itinéraire et mettre une croix sur des lieux tant espérés. Des entrepreneurs qui venaient de lancer leur entreprise se sont vus confrontés à des défis qui ne faisaient pas partie de leur plan d’affaires, d’autres ont été contraints de fermer leurs portes. Les habitudes de tous ont été modifiées. Des rêves se sont éteints… alors que les lendemains étaient incertains.
Les semaines ont passé. La situation ne s’est guère améliorée, alors qu’on est frappé de pleins fouets par une seconde vague. Cependant, pour conserver son équilibre, tels les meilleurs surfeurs, il est impératif de se remettre à rêver, de garder le cap sur ses rêves. Car ce sont eux qui donnent un sens à nos vies, ce sont eux qui nous dictent la direction à prendre… et ce, même si actuellement, obligés de demeurer à la maison, on a l’impression de ne prendre aucune direction.
Rêver, parce que c'est si important!
Le rêve constitue la prémisse de tout.
Évidemment, en mars dernier, la réalisation de mes rêves m’a semblé secondaire. De toute façon, il fallait avancer un jour à la fois et vivre le moment présent.
Malgré tout, mon cœur a souffert de voir le rêve d’amis prendre une fin brutale. Mais, était-ce une fin ou une pause?
Même si, sur le moment, nos rêves pouvaient bien être relégués au placard, il y avait urgence après tout; ils doivent maintenant refaire surface, car ils sont d’une importance capitale pour savoir quel chemin emprunter. Sinon, on se perd, même si l’on ne peut plus aller nulle part! Notre cerveau s'emballe, on dépense sans raison valable, on mange et on boit un peu trop, simplement pour calmer notre girouette interne, pour apaiser notre boussole mentale qui ne trouve plus le nord.
Les rêves nous donnent un cap à suivre, un sens à notre existence. On en a tous besoin actuellement.
Mon rêve, à moi
Pour ma part, je rêve de voyage depuis que je suis toute petite. D’abord, je rêvais de voyager vers d'autres planètes, pour enfin revenir sur Terre vers la fin de l’adolescence. Après tout, il y avait amplement de choses à voir ici-bas. D’escapade en escapade, j’ai eu envie de plonger dans le voyage au long cours.
Après plus de 10 ans de rêve, de planification, de préparation, de formation et, bien sûr, aussi d’économies, j’ai eu le bonheur de vivre sur l’eau durant un an avec ma famille.
Cynthia Brunet
Lorsqu’on réalise un tel rêve, on a vite envie de replonger dans un nouveau! Celui-ci n’était pas encore défini en mars dernier. Seule la date était arrêtée : juillet 2022.
Je rêvais d’une autre année en voilier, peut-être même, de traverser un océan… mais je rêvais surtout d’être en mouvement pour découvrir les merveilles de notre planète, avec toute ma famille. Car pendant ce voyage d’un an en 2016, j’ai appris qu’il est rarement nécessaire de parcourir une grande distance pour découvrir un autre côté de notre monde. En voilier, on avance à environ 5-6 nœuds, c’est-à-dire 10-12 km/h. On est tributaire de la météo. Lorsqu’il fait mauvais, on reste sur place, protégés des intempéries. Malgré tout, chaque jour est différent et apporte son lot de découvertes et de rencontres. Alors, nul besoin de partir très loin pour explorer une facette inconnue de notre planète. Je sais que le voyage s’amorce dès que je quitte ma maison, que je sors de ma routine. Ce qui m’importe, c’est la découverte : la base de mon rêve.
Cynthia Brunet
Garder le cap
Bien sûr, la COVID-19 a modifié de nombreux plans et en a même rendu d’autres irréalisables. Malgré tout, il est possible de garder le cap sur nos rêves. S’ils ne se réalisent pas, là, maintenant, tout de suite, ils se réaliseront plus tard, et peut-être allons-nous les apprécier davantage? Toutefois, il est impératif de ne pas les enfouir ni leur tourner le dos. Même s’ils semblent difficiles à concrétiser pour l’instant, il faut conserver ses objectifs. Peu importe notre rêve, on peut toujours travailler pour lui, que ce soit en faisant des lectures sur le sujet, en économisant, en planifiant, en l’imaginant. En posant de petits gestes au quotidien, on avance tranquillement vers notre rêve. On l’aide à prendre forme, mais surtout, on s’assure qu’il demeure vivant!
Se mettre en action
Pour garder notre rêve en vie, il faut aussi se mettre en action. Pour notre part, on hésitait entre trois sortes de voyage au long cours (et même plus…) : en sac à dos en Asie, en voilier sur la Méditerranée ou en autobus à travers l’Amérique. À dire vrai, mon cœur penchait énormément pour revivre une autre année en voilier avec mon amoureux et ma marmaille, mais il était complexe de se rendre en Europe pour visiter des bateaux en pleine pandémie. Pas impossible, mais compliqué. La planification était hasardeuse. En mode COVID, notre tête avait de la difficulté à imaginer ce plan et surtout, on avait besoin d’être dans l’action pour sentir que l’on avançait vers notre rêve… Et la meilleure façon d’être dans l’action, pour nous, a été… d’acheter un autobus scolaire! Avec comme objectif de le transformer en nid douillet!
Cynthia Brunet
Accepter les changements
C’est un gros contrat, très gros, qui ne faisait pas tant partie de mon rêve initial, mais davantage du rêve de mon amoureux! On n’a pas non plus la certitude que les frontières seront ouvertes en 2022 (ça devrait, non?!). Si elles sont encore fermées, on prendra tout simplement un autre chemin pour découvrir le monde ou un autre moyen de transport!
Cynthia Brunet
Ça peut sembler étrange, mais, pendant que j'enlève des bancs, que j'arrache des panneaux de contre-plaqué, que je gratte la rouille sur le plancher, que mon visage s’emplit de poussière, j’ai la certitude que je travaille pour mon rêve, celui de voyager avec mes filles et mon amoureux… Honnêtement, je ne sais pas où tout ça va nous mener, cette histoire d’autobus. Mais, je me vide la tête, je ne pense pas aux restrictions liées à la COVID-19. En 2022, je devrais avoir une mini-maison sur roues pour que le paysage change aux quotidiens, pour que l’on vive dans des décors féériques… et ce même si je ne suis pas entourée d’eau. Le ciel et ses étoiles seront toujours au-dessus de ma tête et, après tout, c’est ce qui compte le plus.
J’ai appris en vivant un an sur un voilier que la destination a peu d’importance, même si, paradoxalement, elle est essentielle. La destination donne le cap au navire. Mais les plus grandes merveilles se cachent en chemin, à l’endroit où on s’y en attend le moins. La magie opère lorsqu’on n’a aucune attente. Nos rêves ont le même rôle, ils nous donnent le cap, la direction à suivre. Ensuite, il faut accepter que des détours s’imposent, car parfois, ils nous mènent ailleurs, et cet ailleurs est justement ce dont on avait besoin, ce dont on rêvait réellement, au plus profond de soi, sans qu’on l’ait saisi réellement. Car un rêve en cache souvent un autre, et un autre… Ils ont tous quelque chose à nous montrer. Afin qu’un jour, on arrive à la fin de notre existence et que l’on soit pleinement heureux de la vie que l’on a vécue. Peu importe les pandémies qui secouent notre planète, peu importe les hauts et les bas du quotidien.
Alors, rêvez et avancez vers vos rêves, un pas à la fois. Un jour, la pandémie sera derrière nous, et la planète aura bien besoin de rêveurs afin que l’on garde le cap, collectivement!
Suivez notre aventure de transformation d'un autobus scolaire en mini-maison sur roues sur bleu-nomade.ca