Partir un an, quelle drôle d’idée! Sur un voilier, avec 4 enfants en plus? Et si je vous disais que voyager durant un an avec des enfants, c’est plus facile que durant 3 semaines, est-ce que vous me croiriez?
Jamais, je n’aurais pensé dire ça un jour! Mais, alors que j’en suis à compléter les derniers préparatifs pour un voyage en famille de 3 semaines au Guatemala, c’est ce qui me traverse l’esprit. Et ces pensées me poursuivront tout au long de notre périple.
Voyager en voilier vs en sac à dos
Lorsque mon amoureux avait émis l’idée de voyager sur un voilier, je l’avais trouvé plutôt étrange et… vraiment irréaliste. Nous n’avions aucune expérience dans ce domaine et je ne voyais pas vraiment l’intérêt de vivre sur l’eau. À travers les années, j’ai cheminé. Et surtout, je suis tombée sous le charme de l’univers nautique.
Vivre sur un voilier avec des enfants, c’est voyager avec sa maison. Oui, bien sûr, une petite maison, mais tout y est: les vêtements pour affronter l’air frais tout comme la chaleur, les cahiers d’école, les toutous réconfortants, mais aussi, une cuisine avec tout le nécessaire pour se préparer de bons petits plats et une salle de bain propre! Les enfants conservent leur petit cocon au fil du voyage. Ils n’ont pas à tout remettre dans leur sac chaque fois que l’on change de lieu.
Lors d’un voyage terrestre, tout doit être porté sur le dos! Le défi s’avère bien plus grand. De plus, on ne sait pas toujours où l’on dormira, si le lit sera confortable, si la toilette aura un siège, si…
Faire manquer l’école à nos enfants
Étonnamment, il est plus complexe de sortir ses enfants de l’école durant une courte période que durant un an!
Lorsqu’on part un an, nos enfants disparaissent presque du système scolaire. En tant que parents, on prend la charge de l’école sur nos épaules. On est les seuls responsables à savoir si nos enfants passeront ou pas au prochain niveau.
Lors d'un voyage de quelques semaines, c’est une autre histoire.
Il est difficile de savoir à l’avance quelle matière sera vue. Selon le niveau scolaire, c’est plus ou moins complexe. Évidemment, il y a toujours des professeurs qui collaborent et d’autres qui vous jugent. Et je les comprends! Il y a des élèves qui partent à tout moment pour une semaine dans le sud, pour un tournoi de hockey, pour… je ne sais trop quelle raison. On tombe alors dans le bassin des parents indignes!
Alors, on prend le risque de partir ou non en voyage. Mais il s’agit d’un risque calculé, car on connait nos enfants.
Dans notre cas, une fois de retour, les trois plus jeunes, qui sont au primaire, ont réintégré les rangs sans trop de problèmes. Il faut dire que nos filles ont des enseignantes en or qui ont facilité la transition.
Du côté de l’école secondaire, c’est un peu plus ardu. Il faut dire qu’avec 8 professeurs différents, la gestion s’avère bien plus grande. Notre plus vieille doit récupérer ce qu’elle a manqué. Elle travaille fort, utilise ses heures de diners pour reprendre des examens manqués, mais ne s'en plaint pas trop. Je crois que la beauté du voyage lui permet d’accepter tout ce temps à rattraper.
Cynthia Brunet
S’adapter à ses enfants et vice versa
Lorsqu’on part en voyage, on doit s’adapter à ses enfants. C’est étrange de l’écrire comme ça, mais c’est une réalité. Habituellement, nos enfants passent la majeure partie de leur temps à l’école ou à la garderie. Lorsqu’on se retrouve avec eux 24 heures sur 24, il y a une période de transition, tant pour eux que pour nous. Même au sein de la fratrie, ils doivent se réamadouer. Cette période d’adaptation s’avère la même pour un court ou un long voyage. Puisqu’il faut la vivre, aussi bien en connaitre les bénéfices le plus longtemps possible par la suite, non? Lorsque l’on part longtemps, les limites de chacun s’imposent graduellement et naturellement, sans que personne ne soit brusquée. On redécouvre alors nos propres enfants!
Changer de rythme et vivre dans le moment présent
Lorsqu’on s’offre le luxe de partir un an, on se permet de changer de rythme. On plonge dans un nouveau mode de vie. On l’a tous déjà expérimenté durant un court voyage, c’est relativement simple de vivre plus lentement.
Même si la vie à bord d’un voilier demande beaucoup d’organisation et une vigie constante de la météo, on ne peut faire autrement que d’être dans le moment présent. Chaque lendemain nous mène vers l’inconnu et vers une nouvelle aventure. On ne peut se projeter très loin dans l’avenir, on se préoccupe principalement des minutes et des heures qui suivent. On n’a pas d’autre choix que de profiter de l’instant présent.
Partir seulement quelques semaines est plus complexe, car on ne fait que goûter à un autre rythme de vie. D’ailleurs, ça nous prend souvent quelques jours, voire une semaine ou deux pour ralentir. Lorsqu’on s’y habitue, souvent, le voyage est déjà terminé!
Cynthia Brunet
Diminuer les dépenses
Bien sûr, voyager durant un an nécessite des mois, des années d’économie et de planification. Mais, lorsqu’on fait le calcul, on réalise que les courts voyages coûtent un prix faramineux par rapport à une année complète. Faites l’exercice. Se promener d’un hôtel à l’autre, manger dans les restaurants, visiter les attraits touristiques, tout ça coûte cher. Déjà, lorsqu’on ralentit la cadence et qu’on se permet un mois ou deux de voyage, on réalise que le coût est pratiquement le même que 10 jours chargés en activités.
À bord d’un voilier, lorsque le coût de l’hébergement est nul puisque toutes les nuits se passent à l’ancre, les dépenses associées au voyage chute drastiquement. Le coût de la vie devient même moindre que lorsque l’on est dans sa propre maison avec toutes les dépenses qui y sont associées : essence, restaurant, achat de vêtements pour toute la famille, cours et activités des enfants, etc. Alors, pourquoi hésiter à partir longtemps? (Oui, je sais, il y a notre emploi!)
Cynthia Brunet
Avoir tout son temps
L’élément le plus précieux qui fait qu’un voyage devient plus simple qu’un autre s’avère sans contredit le temps. Ah! Ce temps, comme il est précieux.
Durant un an, seule la météo dictait nos déplacements. Si nous étions bien à un endroit, nous pouvions y demeurer tant et aussi longtemps que le vent nous le permettait. Évidemment, il y a des iles où nous aurions aimé rester davantage, mais le mauvais temps nous chassait. Toutefois, ce que nous avons appris durant cette année, c’est que peu importe les tempêtes ou encore les petits et grands malaises des enfants, comme des adultes, lorsque nous avons du temps, tout se vit plus aisément. Même la menace d’un ouragan, lorsqu’on a le temps d’aller se mettre à l’abri et que rien ne nous presse, peut se transformer en un moment exquis du voyage.
Lors des voyages où notre billet d’avion décide du moment du retour, le mauvais temps, comme les ennuis de santé deviennent cauchemardesques. On l’a expérimenté à la fin de notre séjour au Guatemala. 3 membres de la famille sur 6 ont eu une intoxication alimentaire. Nous avons donc fait une visite du célèbre site de Tikal sans que les conditions optimales ne soient réunies. Avoir eu tout notre temps, on aurait patienté pour que toute la famille puisse profiter de cet endroit sublime. On a donc vu cet endroit, sans le vivre vraiment. Ce qui arrive trop souvent, malheureusement, lors des courts séjours à l’étranger.
En conclusion… partir un an, est-ce vraiment plus simple?
À bien des égards, je me dis qu’il est plus simple de partir pour une longue période. Les entre-deux sont difficiles.
Mais alors que cette réflexion m’effleure l’esprit, je me rappelle que pour partir un an, il y a eu de nombreux dossiers complexes : la planification scolaire, la location de la maison, les assurances de toutes sortes, nos emplois, l’alimentation à bord d’un voilier, sans compter l’apprentissage du monde de la voile… Cependant, partir un an nous offre le plus grand de tous les luxes, celui du temps, qui permet d’amortir tous les efforts mis dans ce projet, qui permet de savourer pleinement chaque instant. Bref, partir, peu importe la durée, n’est jamais simple… mais ça en vaut toujours la peine!
Pour en connaitre davantage sur notre aventure sur notre voilier, consultez À six sur Perla VII.
Cynthia Brunet
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