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Le phénomène des féminicides a pris de l’ampleur dans les dernières années, ici comme ailleurs. Dès le 25 janvier, la série documentaire Femme, je te tue avec Ingrid Falaise et la recherchiste en affaires criminelles Sarah Bernard fera lumière sur ce phénomène sur la chaine Investigation. On profite de l’occasion afin de se pencher sur la question.
Qu’est-ce qu’un féminicide? Tout simplement, il s’agit du meurtre volontaire d’une personne, en raison de son genre. Elle est tuée parce qu’elle est femme. Les féminicides n’englobent pas les meurtres accidentels ou autres accidents tragiques qui concernent des femmes.
Un féminicide n’est pas spécifiquement perpétré par un homme, mais c’est bien le cas dans 90 % des situations (lorsque l’assassin était identifié).
Au Québec, en 2021, 26 femmes ont été victimes de féminicides. C’est donc une femme tuée à chaque 2 semaines. Il s’agit du nombre le plus élevé de féminicides depuis 2008 (cette année-là, le nombre avait été de 27). Certains intervenants du milieu avancent l’hypothèse que la pandémie a assombri la situation, entre autres parce qu’elle rend plus difficile la possibilité pour plusieurs femmes de quitter une situation de violence. D’autres sources citent plutôt le fait que le nombre de femmes tuées par leur conjoint est en constante diminution depuis les années 70, hésitant donc à parler d’un « effet COVID ».
À l’échelle du Canada en entier, la situation est particulièrement sombre, c’est plutôt 160 femmes qui ont subi un féminicide en 2020, soit une femme tuée à chaque 2 jours et demi.
Certaines femmes sont particulièrement à risque de subir un féminicide au Québec et au Canada. Par exemple, les femmes et les filles Autochtones sont surreprésentées par rapport à leur prévalence dans la population. Parfois, des femmes sont les victimes collatérales d’un féminicide, comme par exemple Sylvie Bisson en 2021; elle était la mère de Myriam Dallaire, dont l’ex-conjoint a commis un double meurtre envers elles.
La plupart des féminicides sont liés à la violence conjugale, soit environ les deux tiers de ces drames. Les conjoints ou les ex-conjoints sont donc particulièrement susceptibles de devenir des meurtriers.
Pourtant, d’autres femmes peuvent être également victimes, simplement parce qu’elles se trouvent au mauvais endroit au mauvais moment. On pense par exemple aux travailleuses du sexe, qui sont plus à risque que la population générale de subir des violences, incluant l’acte de violence ultime de se faire tuer. Peu importe l’idée ou l’opinion des gens sur la prostitution, mourir ne devrait jamais être « un risque du métier ».
Finalement, des femmes sont assassinées par des connaissances, des membres de leurs propres familles ou parfois même par de purs inconnus.
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Quand on parle de féminicide, il est important de choisir les bons mots. Malheureusement on voit souvent encore dans les médias des termes comme « drame passionnel » ; cette formulation est à éviter! D’abord, parce qu’elle sous-entend que l’amour ou la passion peuvent être de bonnes raisons pour tuer, mais aussi parce qu’elle minimise un meurtre et qu’elle sous-entend que la femme pourrait avoir un quelquonque responsabilité dans sa mort.
D’autres expressions du même genre persistent également, comme « drame amoureux » ou « dispute conjugale qui a mal tourné ». Tous ces euphémismes servent en fait à masquer la tragique réalité : ce sont des assassinats qui visent spécifiquement des femmes.
La série documentaire Femme, je te tue est à l’affiche de la chaîne Investigation à partir du 25 janvier 2022. L’animatrice Ingrid Falaise y est accompagnée de Sarah Bernard, recherchiste spécialisée de affaires criminelles.
Au travers de 8 épisodes de 30 minutes, les deux personnalités retracent des histoires de féminicides au Québec, en donnant la parole directement à leurs proches. Une série difficile, mais importante, qui illustre bien que derrière chacun de ces drames, il y a des vies brisées. À voir sans faute!
L’organisme SOS Violence conjugale a reçu 41 000 appels à l’aide entre avril 2020 et mars 2021. On peut les contacter 24 heures par jour, 7 jours sur 7 au 1-800-363-9010.
Tel-aide peut également venir en aide aux femmes victimes de violence, entre 9 h et minuit, au 1-877-700-2433 (ou 514-935-1105 dans la grande région de Montréal et 418-686-2433 dans la grande région de Québec).
Pour en apprendre plus sur le sujet : l’Observatoire Canadien du féminicide pour la justice et la responsabilisation est une excellente source d’information et de données.
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