Votre enfant oublie fréquemment, ne peut s'organiser convenablement et est constamment déconcentré en classe? Soyez indulgents, il n'est ni lunatique, ni paresseux, ni empli de mauvaise volonté. Il se pourrait, par contre, qu'il soit atteint du « Trouble de déficit de l'attention (TDA) ».
Qu'est-ce que le TDA?
Le TDA est un syndrome neurocomportemental regroupant des symptômes causant un dérangement important du fonctionnement social, familial, académique ou professionnel de la personne atteinte.
Un petit qui a un déficit d'attention peut aussi être atteint d'hyperactivité et d'impulsivité. Lorsque l'hyperactivité est présente, on parle alors de « Trouble de déficit d'attention avec hyperactivité (TDAH) ».
Ces comportements doivent se retrouver dans tous les domaines de la vie de votre enfant (pas seulement à l'école) et être présents de façon récurrente et prononcée afin que l'on puisse soupçonner un TDA. Il est aussi possible de retrouver chez les enfants atteints un ou plusieurs des troubles suivants :
- troubles oppositionnels avec ou sans provocation;
- troubles de comportement;
- troubles anxieux;
- troubles d'apprentissage.
Causes
Le TDA est d'origine neurologique. Il n'est donc pas causé par un retard intellectuel, un déficit sensoriel (trouble de vision ou de l'audition), un manque de volonté, de motivation ou un problème d'ordre psychosocial. De plus, ce trouble n'est aucunement lié à une éducation inadéquate de la part des parents, à une immaturité ou à un besoin affectif non comblé.
Par conséquent, le simple effort de la part de l'enfant, ou de l'adulte atteint du TDA, ne suffira pas à l'éliminer ou à le corriger. C'est un trouble chronique qui touche 5 % à 10 % des enfants, à des degrés divers, et qui persiste chez 50 % de ceux-ci, une fois adulte. Malheureusement, il est souvent méconnu et donc, mal diagnostiqué.
Hypothèse
L'hypothèse la plus acceptée concernant la provenance du TDA met en cause un retard de développement du cortex préfontal du cerveau. Cette zone cérébrale responsable, entre autres, de la pensée, de l'attention, de la planification ainsi que du contrôle de soi (dans le cas où il y a de l'hyperactivité) serait donc immature ou arriverait à maturité anormalement.
Conséquemment, le cerveau des enfants atteints du TDA ne serait tout simplement pas encore prêt pour le contexte scolaire puisque sa carence en dopamine (neurotransmetteur) lui demande un effort psychologique beaucoup trop important, lequel ne peut être soutenu longtemps lors de l'accomplissement d'une tâche.
Personnes à risque
Près de 70 % des causes du TDA est d'origine génétique. En effet, on constate que la majorité des enfants atteints ont au moins un membre de leur famille qui en souffre aussi.
Par contre, on a remarqué que d'autres facteurs peuvent également être en cause. Les personnes à risques sont donc des enfants :
- ayant des antécédents familiaux de TDA;
- ayant eu un violent choc à la tête;
- ayant eu une méningite d'origine bactérienne;
- nés prématurément;
- ayant souffert d'un manque d'oxygène à la naissance;
- ayant eu une mère qui consommait alcool, cigarette, drogues ou autres substances durant sa grossesse.
Symptômes
Même si certains rares cas se déclarent à l'âge adulte, les symptômes du TDA apparaissent majoritairement avant l'âge de 7 ans et souvent, même, dès l'âge de 2 ans.
Attention, certaines situations peuvent cependant conduire, à tort, à des symptômes semblables au TDA. C'est le cas, notamment, lorsque l'enfant vit une situation familiale conflictuelle, une séparation, des conflits avec un enseignant ou des amis, un problème de surdité, etc. Il est donc conseillé d'en discuter avec son médecin afin d'identifier correctement le problème.
Les symptômes du TDA se manifestent comme suit avec une intensité variable :
- difficulté à être attentif de façon soutenue (15 minutes ou plus) à une activité particulière;
- distraction fréquente due à l'environnement (un objet qui tombe, une voiture qui passe, etc.);
- difficulté à commencer ou à terminer une tâche;
- tendance à éviter les activités requérant un effort mental soutenu;
- impression que l'enfant n'écoute pas lorsqu'on s'adresse à lui;
- difficulté à retenir les consignes même si elles sont comprises;
- difficulté à s'organiser;
- perte fréquente d'objets personnels;
- tendance à être antisocial;
- tendance à être isolé (avoir peu d'amis).
Ainsi, un enfant souffrant du déficit d'attention sans hyperactivité passe souvent inaperçu puisqu'il semble simplement être « dans la lune ». Il est souvent considéré comme faisant preuve d'un manque de volonté ou d'intérêt.
Troubles d'apprentissage
Par ailleurs, le TDA est une cause importante des troubles d'apprentissage. Effectivement, le trouble peut occasionner un retard important des acquis scolaires; l'attention étant primordiale dans le processus d'apprentissage, la personne atteinte de TDA ne peut donc pas traiter, analyser, comprendre et mémoriser l'information. Ainsi, sa performance ne sera pas représentative de son potentiel réel.
Estime de soi compromise
L'accumulation d'échecs scolaires subséquents risque fortement de développer un sentiment d'incompétence chez la personne concernée. On doit donc tenter d'aider cette dernière à mieux vivre en travaillant sur son estime de soi. Une des solutions est de l'intégrer, entre autres, à des groupes d'habileté sociale.
Chez l'adulte
Avec le temps, le cerveau de l'enfant se développe et réussit même à rattraper le retard. En vieillissant, la majorité des enfants atteints guérissent, mais le trouble persiste chez presque 50 % de ceux-ci une fois adultes, sous une forme atténuée.
Soins et médication
Alors que nombreux sont ceux qui pensent que c'est en donnant des médicaments à l'enfant dès son jeune âge qu'il développera plus tard une dépendance à la drogue et aux médicaments, c'est plutôt souvent l'inverse qui se produit; ce sont les enfants non traités qui seront portés à s'automédicamenter arrivés à l'adolescence ou à l'âge adulte (drogues, alcool, cigarettes, etc.), conséquence d'une faible estime de soi, d'une anxiété ou d'une impulsivité non contrôlée.
Chez l'adulte, le trouble de déficit de l'attention n'est malheureusement pas souvent soigné. Il se manifeste différemment que chez l'enfant, soit sous une forme amoindrie, mais il leur rend tout de même la vie difficile :
- difficulté de concentration et d'organisation;
- difficulté à garder un travail;
- déprime, désespoir;
- faible estime de soi;
- difficulté à gérer le stress;
- instabilité maritale;
- divorce;
- anxiété;
- consommation de drogues, etc.
Traitement
Médication
Le traitement du TDA est aujourd'hui possible grâce aux psychostimulants. Effectivement, 70 % à 80 % des personnes atteintes répondent bien à ces médicaments. Il s'agit de stimulants afin d'augmenter l'action de la dopamine. Jusqu'à présent, il s'agit du moyen le plus efficace pour suppléer au retard de maturation du cortex préfontal. La dose choisie est cependant d'une importance capitale puisque chaque enfant est différent et que le TDA se manifeste avec une intensité variable d'une personne à l'autre.
Ainsi :
- une dose trop faible : pas de libération de dopamine (ne corrigera pas les symptômes);
- une dose trop forte : trop de libération de dopamine (effet zombie, l'enfant semble éteint ou excessivement nerveuc);
- une bonne dose : le cerveau fonctionne bien, l'enfant garde son attention plus longtemps.
Le méthylphénidate (Biphentin, Concerta, Ritalin, etc.) est le médicament le plus utilisé pour traiter le TDA. Il agit rapidement, soit une heure après la prise du médicament. Il ne guérit pas le trouble, mais en réduit grandement les symptômes et contribue, ainsi, à faciliter l'apprentissage. L'enfant atteint aura donc, par conséquent, tendance à reprendre confiance en ses capacités.
Des effets secondaires peuvent cependant survenir, mais ils ont tendance à s'atténuer avec le temps :
- une perte d'appétit;
- une difficulté à s'endormir;
- des maux de ventre ou de tête;
- l'apparition de tics;
- de l'anxiété.
Autres méthodes
Par ailleurs, certaines méthodes peuvent parallèlement être utilisées afin de favoriser l'attention de votre enfant en classe, dont voici quelques exemples :
- être loin des stimuli;
- avoir son pupitre à l'avant de la classe, près de l'enseignant;
- ne garder que les objets obligatoires et nécessaires dans le pupitre;
- ne faire qu'une tâche à la fois;
- s'isoler des autres élèves pour faire un travail (ex.: derrière un paravent);
- être jumelé avec un autre élève pour l'aider à remplir certaines tâches;
- avoir un rappel visuel sur le pupitre (dessins, pictogrammes, etc.) pour l'aider à se souvenir des tâches qu'il a à accomplir;
- avoir des coquilles protectrices (telles qu'utilisées en construction) sur les oreilles lors d'un devoir afin de ne pas être déconcentré par les bruits.
Méthode Attentix
Aussi, grâce à la participation de l'enseignant, la méthode Attentix peut être exploitée en classe. Il s'agit d'une approche d'enseignement composée d'activités concrètes et utilisant du matériel attrayant pour favoriser les habiletés propres à l'attention.
Coussin « movin'sit »
Le coussin « movin'sit » semble efficace et bien apprécié. Il consiste en un coussin gonflable conçu pour supporter la colonne vertébrale et ainsi favoriser la concentration et l'attention de l'enfant en position assise.
L'école à la maison
Certains enfants, qu'ils soient atteints de TDA ou non, ne sont tout simplement pas prêts pour une intégration en milieu scolaire. Il existe donc la possibilité d'offrir « L'école maison » à votre enfant. Il s'agit, en fait, d'une éducation à domicile. Cette dernière consiste en « l'éducation d'enfants d'âge scolaire sous la supervision de leurs parents, en lieu et place de la fréquentation à temps plein d'un établissement d'enseignement. » Ainsi, vous pourriez respecter le rythme d'apprentissage de votre enfant en lui offrant une éducation plus personnalisée.
Et plus...
Enfin, les recherches ne cessent de progresser et certaines approches complémentaires gravitant autour de la médecine douce font de plus en plus leurs preuves. Vous pouvez donc explorer les solutions offertes de ce côté : neurofeedback, homéopathie, ostéopathie, massothérapie, régime Feingold, régime hypoallergène, méthode Tomatis, etc.
Ressources
Les parents qui se questionnent concernant le comportement de leur enfant doivent d'abord consulter un médecin traitant ou un pédiatre. Ce dernier vous recommandera ensuite à des spécialistes tels un neurologue, un pédopsychiatre ou un neuropsychologue qui eux, pourront aider votre enfant dans ses différentes sphères d'activité. L'enseignant ou les différents intervenants de l'école de votre enfant ne sont pas autorisés à poser un diagnostic. Ils seront susceptibles, cependant, de soupçonner le trouble en identifiant ses manifestations.
Il est aussi possible de s'informer en consultant les références suivantes :
- Le Regroupement des associations de parents PANDA du Québec : organisme d'entraide pour les parents d'enfants avec le TDA/H;
- AQETA : Association québécoise des troubles d'apprentissage;
- CENTAM : Clinique d'Évaluation Neuropsychologique et des Troubles d'Apprentissage de Montréal (info@centam.ca);
- Institut universitaire en santé mentale Douglas;
- AQED : L'Association québécoise pour l'éducation à domicile est un regroupement de parents ayant choisi l'éducation à domicile pour leurs enfants;
- Gouvernement du Québec : le « Guide à l'intention des parents » propose des solutions concrètes au TDA/H;
- Au-delà des difficultés de l'attention: site Internet créé par le pédopsychiatre québécois Claude Jolicoeur;
- Naître et grandir : site Internet consacré au développement et à la santé des enfants révisé par les médecins de Sainte-Justine et le Centre hospitalier universitaire de Québec .
- Le coussin « movin'sit » : sous la rubrique « sensori-moteur »;
- Attentix : site Internet conçu par un psychologue et destiné aux parents d'enfants atteints de TDA/H;
Bon courage!
Catherine Darlington, rédactrice Canal Vie