Votre enfant a fait tout ce qui était en son pouvoir pendant l'année scolaire, mais malgré ses efforts, le verdict vient de tomber : il devra redoubler son année. Même si vous saviez depuis quelques mois que votre enfant avait certaines difficultés, vous n'étiez pas préparé à cette nouvelle.
En tant que parent, comment gérer cette situation et aider notre enfant à y faire face?
La question du redoublement au Québec
Entre les années 2000 et 2008, la réforme de l'éducation avait presque complètement éliminé l'option du redoublement, en avançant que c'était une pratique archaïque qui n'avait presque que des inconvénients. On disait que cela rabaissait les jeunes et les mettait en situation d'échec telle que, bien souvent, ils ne parvenaient pas à se « remettre » et finissaient par décrocher au secondaire.
Depuis 2008, plusieurs associations d'enseignants et de parents ont réclamé le « retour » du redoublement parce que, selon eux, un élève qui ne réussit pas accumule ses échecs d'année en année et se retrouve ainsi confronté à une « montagne » qu'il devient extrêmement difficile de franchir... D'où le risque, encore une fois, de décrocher! Certaines personnes pensent également qu'un élève en situation d'échec peut ralentir les apprentissages de toute une classe, ce qui viserait ainsi à « niveler » par le bas et pourrait désavantager ceux qui ont la capacité d'aller plus vite.
Réhabilitation
Le redoublement a donc été réhabilité, mais selon certaines règles. Ainsi, il est désormais possible de redoubler une fois pendant le cycle primaire, et une fois pendant le secondaire. Comme l'école primaire est divisée en trois cycles de deux ans, le redoublement sera d'habitude recommandé à la fin d'un cycle si le professeur se rend compte que l'élève n'a vraiment pas réussi à assimiler les exigences minimales. Ce sont les matières principales (français, anglais et mathématiques) qui sont évaluées pour définir les aptitudes scolaires de l'enfant. Autrement dit, s'il réussit ces trois matières, le redoublement ne sera pas envisagé même s'il « coule » toutes les autres.
Conditions générales
- Généralement, si le jeune ne sait pas du tout lire à la fin du 1er cycle (2e année), il devra recommencer son année.
- Il est également possible que le jeune qui réussit moyennement durant toute sa scolarité primaire doive refaire sa 6e année, si l'on estime qu'il n'a pas un niveau adéquat pour passer au secondaire.
- En ce qui concerne le niveau secondaire, celui-ci est également divisé en deux cycles et encore une fois, le redoublement ne sera proposé qu'à la fin d'un cycle (soit à la fin de la 2e ou de la 5e année du secondaire).
- Au secondaire, il existe également des cours de rattrapage qui sont donnés pendant le mois de juillet pour permettre aux jeunes qui ont des lacunes dans les matières principales de revoir le programme complet afin d'être prêts pour l'année à venir. À la fin de cette session d'été, s'ils réussissent l'examen, ils pourront éviter de redoubler. À noter cependant que le service n'est pas gratuit : il faudra débourser entre 100 et 400 $ par jeune pour leur permettre de suivre cette session de rattrapage.
Aider le jeune dans cette épreuve
Il existe plusieurs moyens d'aider votre enfant lorsqu'on lui annonce qu'il devra reprendre son année. Tout d'abord, il faut bien comprendre qu'il se sent généralement déjà assez mal, alors il ne sert à rien de l'accabler de reproches supplémentaires ou de le punir pour la totalité des vacances scolaires, par exemple. De plus, inutile de voir cette situation comme un échec éternel! Il faut essayer au contraire de la transformer en un « nouveau départ », qui permettra à votre enfant d'enfin combler toutes ses lacunes. Il sera ainsi mieux équipé pour les années suivantes.
Souvent, les enfants ont « honte » de se retrouver dans une classe avec des élèves plus jeunes qu'ils connaissent depuis plusieurs années. Si c'est possible, vous pourriez envisager de l'inscrire dans une autre école. De cette manière, personne ne pourrait se moquer de lui et il pourra vraiment se concentrer sur ses apprentissages au lieu de se sentir « nul » chaque fois qu'il rencontre ses camarades de l'année passée.
Il est très possible que votre enfant expérimente une forte baisse de son estime personnelle. Il ne comprendra pas pourquoi lui a été rétrogradé, alors que ses copains sont passés au niveau supérieur. Il est de votre devoir, en tant que parent, de lui faire comprendre que tous n'ont pas les mêmes forces. Peut-être qu'il excelle dans d'autres domaines (sport, dessin, etc.), mais malheureusement ce n'est pas ce qui est pris en compte à l'école. Vous devrez essayer à tout prix de l'empêcher de se dénigrer parce que cela pourrait devenir un cercle vicieux et lui causer des problèmes pour l'avenir.
Tâchez également d'être plus présent dans sa vie, de vous intéresser à ses travaux, de vérifier ses devoirs, de le complimenter pour ses progrès. Plusieurs études ont démontré que lorsque les parents s'impliquent activement dans la scolarité de leurs enfants, ceux-ci réussissent mieux. D'ailleurs, cela est vrai même si vous-même n'avez pas la possibilité de l'aider dans ses apprentissages (par exemple, si votre langue maternelle n'est pas le français). Simplement s'asseoir à ses côtés pendant qu'il ou elle fait ses devoirs peut avoir une grande influence sur ses résultats scolaires.
Déculpabiliser
Lorsque le professeur nous annonce qu'il veut faire redoubler notre enfant, nous aurons peut-être l'impression que tout est de notre faute, que nous n'avons pas rempli « notre mission » et pas su être un bon parent... mais les choses sont rarement toutes noires ou toutes blanches.
Il existe des parents qui ne s'impliquent pas (ou très peu) dans les études de leurs jeunes alors que ceux-ci enchainent les succès. Il y a aussi des parents qui passent des heures à aider leurs enfants et / ou qui leur payent des cours de rattrapage, mais leurs résultats restent médiocres. Toutes les situations sont différentes et surtout, chaque personne est différente.
L'important est de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour aider votre enfant, mais vous ne pouvez pas non plus faire des miracles. Il ou elle a sa part de responsabilité, quel que soit son âge.
Prendre des mesures pour l'avenir
Lorsque le personnel scolaire choisit de faire redoubler un jeune, il ne s'agit pas d'une décision de dernière minute. Tout au long de l'année scolaire, il est probable qu'on vous ait contacté pour vous aviser de ses difficultés, pour vous conseiller et vous orienter. Il ne faut jamais prendre à la légère ces « signaux d'alarme. » Vous ne devriez pas considérer les professeurs comme des ennemis qui cherchent à rabaisser votre enfant, mais plutôt comme des alliés qui essaient de trouver des solutions pour l'aider à avancer.
Enfin, même si la société semble mettre en avant les personnes qui réussissent sur le plan académique, il faut bien comprendre que tous n'ont pas les mêmes capacités d'apprentissage, et cela n'a rien à voir avec l'origine sociale, ethnique ou autre. Certaines personnes ne seront jamais à l'aise avec les études et cela ne remet pas en cause votre rôle de parent. Si c'est le cas de votre enfant, vous devriez l'encourager à suivre une autre voie (par exemple, l'orienter vers des études professionnelles) plutôt que de le laisser s'enliser dans le système scolaire... pour ensuite décrocher!
Cécile Moreschi, rédactrice Canal Vie