Dans notre société, quelle place donne-t-on à nos enfants? Cette question me trotte dans la tête, alors que je reviens de l’école de mes filles. J’entends de plus en plus de témoignages de parents qui ne savent plus comment réagir face aux crises d’anxiété de leur tout-petit le matin, avant de partir pour l’école ou encore le soir, avant d’aller au lit… Et je me questionne, encore et encore.
Une génération en détresse?
Alors, lorsque j’ouvre La Presse+, je ne suis pas vraiment surprise d’y lire ce titre : « Génération en détresse ». Il n’en demeure pas moins que cela m’inquiète et que l’on devrait tous s’en inquiéter.
J’ai le bonheur de marcher avec mes filles vers l’école depuis maintenant déjà… Euh... je dois calculer, l’ainée est en 3e secondaire, donc je marche depuis plus de 8 ans. (Pas toujours avec les mêmes!) Ouf! 8 ans à marcher tous les matins (ou presque) et tous les après-midis avec mes enfants sur le chemin de l’école primaire. Lorsque j’écris « bonheur », le terme est pris dans sa globalité, car au quotidien, tout n’est pas rose. À travers ces années, j’ai marché avec des bébés naissants, des fillettes de 2 ans qui lançaient leurs bottes, même s’il faisait froid, très froid, des enfants qui se chicanaient, qui ne voulaient plus avancer… La notion de bonheur dépasse donc ces moments de chaos qui perdurent même avec le temps. Cependant, ces marches quotidiennes me donnent surtout l’occasion d’entendre mes enfants, leurs amis et tous les autres qui empruntent le même chemin et aussi parfois, les autres parents.
Ces marches m’ont procuré la possibilité de laisser mes enfants cheminer tranquillement, au sens propre et figuré, vers leur école. Par moment, elles n’avaient pas envie d’y aller. Et je me permettais de leur dire qu’elles pouvaient rester avec moi, si c’était ce dont elles avaient réellement besoin. (Même si les livres de parentalité disent de ne pas faire ça!) Elles pouvaient aussi se rendre à l’école et m’appeler plus tard, si elles ne se sentaient pas bien. Je pouvais dire ces mots en toute sincérité, car un jour, j’avais pris la décision de quitter un emploi que j’aimais pour être présente pour mes filles. D’être à la maison m’enlevait un poids énorme sur les épaules et me permettait d’être une maman comme je le souhaitais.
Finalement, elles ne m’ont jamais appelée. Une fois à l’école, leurs inquiétudes se dissipaient.
Davantage de temps pour nos enfants
Évidemment, ce luxe n’est pas possible pour tous. Pour ma part, j’ai fait le choix, avec mon conjoint, d’avoir moins d’argent, mais plus de temps pour nos enfants. Pour nous, ça allait de soi, on ne pouvait pas vivre autrement. Notre vie s’est structurée ainsi. Même si les remises en question ont été nombreuses et le sont encore à l’occasion. Toutefois, lorsque je lis sur les cas de plus en plus nombreux d’anxiété chez les jeunes, je nous considère privilégiés d’être là, tout simplement. Car la présence ne fait pas disparaitre les crises ni l’anxiété, mais elle fait en sorte que les crises ont le temps de se vivre, que l’anxiété puisse être désamorcée… Ce n’est pas pour autant toujours facile pour les oreilles d’un parent, loin de là!
Avec ces choix de vie, je peux aussi m’impliquer à l’école. Cela me permet de comprendre la réalité de mes enfants, mais aussi celles des enseignants avec qui ils partagent toutes leurs journées. Car dans un établissement scolaire, il s’agit d’humains, petits et grands, il ne faut pas l’oublier. Et si parfois, on est exaspérés avec nos propres enfants, imaginez comment les professeurs peuvent se sentir avec 25 petites personnes… Lorsqu’on voit les autres enfants qui entourent les nôtres, on comprend. Car il y a tout un effet de chaine, un effet d'entrainement. Les enfants pris individuellement sont extraordinaires. Les profs aussi. Mais lorsqu’on les met tous ensemble et que les souffrances de l’un ouvrent les souffrances de l’autre, on se retrouve indéniablement avec une boule d’anxiété qui ne fait que s’accentuer. La détresse de l’un fait grandir celle de l’autre et ainsi de suite.
L’amour, d’abord et avant tout
Les enfants ont besoin d’une bonne dose d’amour pour arriver disposés à apprendre, à écouter, à découvrir et surtout pour être respectueux envers autrui. Les écrans, avec tous les documentaires et jeux pédagogiques qu’on y retrouve, mais aussi avec toutes sortes d’autres divertissements, peuvent évidemment transmettre de nombreuses connaissances, mais en aucun cas de l’amour. Et c’est de cela que nos enfants ont besoin : de l’amour! On peut bien leur offrir des cours de santé mentale à la maternelle, ils n’auront jamais trop d’outils pour affronter la vie, mais nous, comme parents, il faut aussi revoir notre façon de faire, notre façon de vivre.
Les enfants, au centre de nos priorités
Cessons de dire que nous misons sur la qualité plutôt que sur la quantité. Dans certains domaines, cela s’applique, mais pas avec le temps que l’on passe avec nos enfants. Car on doit être là pour eux, tout le temps ou presque. Et être là ne signifie pas obligatoirement être à la maison, mais plutôt être disponible et être présent de corps et d’esprit. Être prêt à tout mettre de côté pour eux. S’ils avaient une maladie incurable, c’est ce que l’on ferait. S’ils sont en santé, mais anxieux, on devrait avoir le même réflexe. La santé mentale de tous doit primer. Bref, la vie en toute simplicité doit prendre le dessus sur tout le reste. Nos enfants, on doit les aimer et les mettre au centre de nos priorités, pour que notre société soit en santé!