Les enfants vivent la même surcharge de leur agenda que les adultes. Leurs journées sont occupées du lever au dodo. Les temps libres pour souffler sont quasi-inexistants. Du coup, leur stress augmente. Exagérons-nous? Allons-nous trop loin?
Un confinement qui pousse à réfléchir
Avec le confinement provoqué par la pandémie de la COVID-19 et l’arrêt total de toutes les activités pendant de nombreuses semaines, plusieurs ont pris pleinement conscience du trop grand rythme effréné de la société.
Tout à coup, il n’y avait plus rien à l’horaire. D’abord, la situation a été déstabilisante. Ensuite, de nombreux parents ont constaté que leurs enfants étaient épuisés et que cet arrêt forcé faisait le plus grand bien à toute la famille. À l’inverse, d’autres ont réalisé que ces activités, normalement à l'horaire, leur permettaient de canaliser leur énergie.
Effectivement, il y a des éléments positifs et négatifs dans les horaires réglés au quart de tour. Plutôt que de tout annuler, il faut surtout tenter d'alléger les journées autant que possible et se concentrer sur ce que l’on aime vraiment. Les constats retirés de ces quelques semaines de ralentissement gagneront à être mis en pratique, jour après jour.
Des souvenirs d’enfance à l’opposé de la vie d’aujourd’hui
Lorsqu’on se tourne vers le passé, on réalise que la vie ressemblait, mis à part à la distanciation physique, à cette période de confinement… ou plutôt à celle du déconfinement, alors que les enfants sont retournés jouer dans la rue.
Effectivement, nos souvenirs d’enfance sont remplis de balades à vélo, de soirées passées à jouer avec nos amis, de week-ends aux horaires flous et de « M’man, j’sais pas quoi faire! » lancés parfois en désespoir de cause les jours de pluie.
Mais à travers les années, les temps ont changé.
Peu importe la saison, les enfants sont habituellement ultra occupés. Toute la famille court, sans cesse. Avec le boulot des parents, l’école des petits, les courses quotidiennes, les embouteillages, les devoirs et les activités parascolaires, les temps libres sont rares. Pourtant, les enfants ont bel et bien besoin de relaxer et de souffler. Et les parents aussi.
Comme si cela n’était pas assez, la tendance veut qu’on inscrive nos enfants — voire nos poupons — à une kyrielle d’activités éducatives et sportives. Bien que de plus en plus de parents osent se prononcer contre cette surcharge des agendas, plusieurs continuent de suivre la vague de plein gré ou non. Or, il n’est pas rare que les médecins reçoivent dans leur cabinet des enfants présentant tous les symptômes de l’épuisement.
Comme parent, il est sain de se demander s’il est nécessaire d’« occuper » nos enfants à ce point alors qu’ils ont déjà des semaines bien remplies à la garderie ou à l’école. Est-ce que cette vie constamment structurée peut finir par causer des problèmes?
Des jeunes vies bien stressées
Dès leur entrée à la garderie, les enfants sont confrontés au stress : ils sont bousculés par la course du matin, ils évoluent 10 heures par jour dans un environnement bruyant où ils doivent faire leur place tout en apprenant à partager et à attendre leur tour. Avec l’entrée à l’école s’ajoute le stress lié à la performance scolaire et à la socialisation. Ce stress n’est pas nécessairement négatif. Il permet à l’enfant de s’adapter et de bâtir sa confiance en lui. Mais avant d’ajouter une activité de plus au calendrier hebdomadaire, il faut bien évaluer la situation.
Bien sûr, il n’y a rien de mal à inscrire notre enfant à des activités. Elles peuvent être saines et lui permettre de développer ses talents et ses habiletés. Il se peut que ce soit lui-même qui ait demandé d’y être inscrit.
Il y a un problème, cependant, si ces activités nuisent à la vie de famille ou si on sent que notre enfant réagit mal au stress qu’ajoute cette activité supplémentaire. Il devrait y prendre plaisir. Or, s’il n’a pas choisi l’activité, qu’elle lui a été imposée, il y a fort à parier que ce qui devrait être un loisir est en réalité fardeau.
« L’hyper-éducation »
Il faut se questionner sur les raisons qui poussent tant d’hyper-parents à surcharger l’horaire de la famille entière, alors que les agendas débordent. Nous sommes dans une société de parents très concernés par le succès des enfants. Nous appliquons trop souvent notre propre conception d’adulte pour décider ce qui constitue un loisir « valable ». Nous poussons nos enfants trop rapidement dans le chemin de la performance à tout prix.
À trop vouloir tout faire et tout avoir, on finit par oublier l’essentiel. Nous n’avons souvent plus l’énergie nécessaire pour nous occuper de « vrais » enfants, qui ont des besoins et des désirs d’enfants. En les forçant à maitriser une langue seconde à 6 ans et un instrument de musique à 10 ans, n’essaie-t-on pas, inconsciemment, de les responsabiliser à un trop jeune âge et de les fondre à notre rythme de vie?
Le temps libre — une nécessité
Dans notre société hyper stimulée, l’ennui fait peur et est considéré comme un échec. Mais cette absence de temps morts et de périodes de jeu non dirigé prive l’enfant d’un atout essentiel : la créativité. L’enfant confronté à l’ennui doit apprendre à se divertir seul ou avec ses frères et sœurs. Et il faut de l’imagination et de la créativité pour y arriver. C’est aussi par ces périodes de temps libre qu’il découvre ses propres intérêts et développe sa capacité à résoudre des problèmes. Bref, qu’il apprivoise le monde.
Et les adultes?
Ici, comme ailleurs, il faut savoir donner l’exemple et prendre nous aussi des moments de répit pour montrer à nos enfants qu’il est permis de ne rien faire. On se garde également du temps pour des activités toutes simples en famille : une soirée pizza-cinéma à la maison, une partie de cartes, une visite à la bibliothèque ou une petite balade dans les rues du quartier après le souper. L’important est de ne pas être à la course et de passer du bon temps ensemble.
Il faut essayer de se libérer des dictats de performance de notre société et adopter l’improvisation et le farniente. Il faut aussi se libérer de l’idée que l’ennui est nocif et que l’oisiveté est malsaine.
Il faut surtout redonner le droit à nos enfants d’être ce qu’ils sont : des êtres qui ne demandent qu’à jouer et s’amuser.
7 trucs pour soulager votre rythme de vie... et celui des enfants
- Réévaluer les raisons qui nous poussent à vouloir occuper nos enfants. Est-ce eux qui souhaitent faire ces activités ou plutôt nous? En profiter pour revoir complètement nos horaires. On y trouvera des pistes de solution pour revoir la dynamique de notre famille et appliquer des changements profitables.
- Éviter de remplir de manière systématique le calendrier. Une case libre? Tant mieux! On en profite pour passer un moment en toute simplicité avec les enfants.
- Demander aux enfants de privilégier une seule activité par saison. Il est vrai que souvent, les enfants souhaitent tout essayer, mais après quelques semaines, ils se découragent parfois d’avoir un horaire à suivre soir après soir.
- Planifier oui, mais pas trop à l’avance. Le fait de tout prévoir longtemps à l’avance ne laisse plus beaucoup de place à la spontanéité. Il faut trouver le juste équilibre entre l’organisation qui permet de souffler et celle qui à l’inverse vient nous étouffer.
- Laisser du temps libre aux enfants et résister à notre envie de parents de vouloir leur dire quoi faire ou comment s’amuser.
- Encourager l’imagination des enfants pour qu’ils arrivent à s’exprimer à travers ces moments créatifs.
- Faire un conseil de famille pour demander l’avis des enfants sur la routine, ce qu’ils aimeraient, etc. La participation de tous, ainsi qu’une prise de conscience de toute la famille s’avère essentielle afin que l’horaire soit allégé et que le stress se voit diminué. Il est aussi possible d’instaurer un moment de yoga parent-enfant afin de s’ancrer dans le moment présent et par le fait même revoir ses priorités.
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