Alors que le déconfinement se poursuit, plusieurs personnes se demandent pourquoi les rassemblements de 10 personnes et moins sont désormais autorisés dehors au Québec, mais toujours pas ceux qui se produisent à l’intérieur. Est-ce que le risque est le même d’attraper la COVID-19 entre les deux? Et quels sont les facteurs qui font augmenter vs diminuer les risques?
La transmission du virus et les facteurs de risque
Comme le risque zéro n’existe pas et que très peu de gens ont envie de rester à la maison pendant ce qui pourrait bien être des années, il est important que chacun comprenne les manières de minimiser les risques.
Le nouveau coronavirus qui cause la COVID-19 se transmet par particules ou gouttelettes provenant d’une personne infectée (symptomatique ou pas). Chaque fois que nous respirons, ces minuscules particules sont secrétées par notre bouche et nos voies nasales. Certaines sont plus grosses que d’autres et vont avoir tendance à tomber au sol (ou sur des surfaces) rapidement. D’autres sont plus petites et peuvent donc demeurer un peu plus longtemps dans l’air.
Le simple fait de respirer crée des gouttelettes, mais ces dernières sont aussi excrétées en plus grande quantité et avec plus de force lorsque les gens :
- Parlent
- Crient
- Chantent
- Toussent
- Éternuent.
Donc : tousser > crier > parler > respirer normalement.
Prendre conscience de la « gradation » de ces comportements est déjà un début pour mieux comprendre comment se produit une infection.
Les 3 principaux facteurs
Principalement, à part des mesures d’hygiène de base (porter un masque, se laver les mains, désinfecter régulièrement les surfaces, etc.), il y a 3 facteurs qui vont jouer sur le risque d’infection, c’est-à-dire soit contribuer à l’augmenter ou soit à le diminuer.
- La distance
- La durée
- La ventilation.
La distance : À 2 mètres de distance, les chances sont beaucoup moins grandes que les gouttelettes (dues à la respiration ou à la parole) se rendent jusqu’à quelqu’un d’autre.
La durée : Échanger quelques mots avec une personne, à bonne distance ou pas, est beaucoup moins risqué que de maintenir une longue conservation, tout simplement parce qu’à force que des gouttelettes circulent, les chances augmentent de pouvoir s’infecter. Pour la même raison, plus on passe du temps au même endroit et plus le risque augmente.
La ventilation : La manière dont l’air circule, par exemple entre l’intérieur et l’extérieur, est également cruciale à la propagation du virus.
Pour tout lire sur la COVID-19, c'est ici.
La majorité des infections rapportées se produisent à l’intérieur
Une étude de 318 foyers d’éclosion de COVID-19, menée en Chine à travers l’ensemble du pays[1], a révélé que seulement un de ces foyers d’éclosion s’était produit à l’extérieur. Les domiciles et les transports constituaient la vaste majorité des endroits où les infections s’était produites.
L’étude n’a pas été revue par des pairs (c’est-à-dire qu’elle est considérée comme moins définitive), mais elle est considérée comme assez représentative par beaucoup d’experts, qui s’entendent en général pour dire que les milieux intérieurs sont plus risqués.
Le risque est beaucoup moins élevé à l’extérieur
Plusieurs personnes craignent de se faire infecter par des joggeurs ou des cyclistes lorsqu’elles sont dehors en train de marcher, puisque ces derniers « respirent plus fort ». En fait, même s’il est vrai que leur « nuage de respiration » est plus étendu qu’une personne qui marche et ne fait donc pas vraiment d’effort physique, ce facteur est grandement mitigé par la vitesse à laquelle passent ces personnes. Même si elles sont assez près de vous, le « contact » durera à peine quelques secondes (le facteur Durée). Pour qu’une infection puisse se produire durant ces quelques secondes, il faudrait :
- Que la personne soit infectée, mais asymptomatique et assez en forme pour aller faire de l'exercice quand même
- Qu’exactement au moment où elle passe, cette personne excrète une quantité significative de goulettes infectées
- Que ces gouttelettes puissent se rendre à vous, malgré le vent, l’humidité, les rayons du soleil, etc.
- Que ces gouttelettes se déposent précisément dans votre nez, votre gorge ou encore sur vos mains, que vous utilisez ensuite pour toucher votre visage.
Disons que même si les chances que tout ça puisse se produire ne sont pas nulles, elles sont tout de même très peu probables.
Par contre, à l’intérieur, le facteur qui change le plus la donne, c’est la Ventilation. Dehors, même lors des journées où il y a très peu de vent, la circulation d’air est quand même beaucoup plus importante qu’en dedans! Les caractéristiques de circulation d’air dehors (aléatoires, allant dans tous les sens etc.) sont également très différentes de celles à l’intérieur (peu de circulation et/ou encore une circulation toujours dans le même sens comme avec l’air climatisé). Moins l’air circule bien, plus les gouttelettes ou particules peuvent s’accumuler.
Mais attention quand même!
Se trouver à l’extérieur, comme toutes les autres mesures de contrôle du virus (se laver les mains par exemple), ne devrait pas non plus représenter une sorte de « pensée magique ». Même si le risque est généralement faible dehors, ce dernier est quand même présent et augmente si par exemple, vous menez une conservation avec quelqu’un de très près (facteur Distance). Plus vous parlez longtemps, plus le risque est grand (facteur Durée); inversement, le risque diminue si vous portez tous les deux un masque.
Les grands rassemblements extérieurs, comme par exemple les manifestations des dernières semaines, représentent certainement un risque plus élevé d’attraper le virus que de faire une course rapide dans un magasin où se trouvent seulement quelques personnes, par exemple, même si cette deuxième situation se produit à l’intérieur.
Ces manifestations étaient tout à fait légitimes vu la crise sociale et le droit de manifester est à la fois fondamental et immuable. Même l’OMS (Organisation mondiale de la santé) est allée en ce sens : «Nous soutenons pleinement l’égalité et le mouvement global contre le racisme. Nous rejetons la discrimination sous toutes ses formes,» a affirmé il y a quelques jours le directeur général, le Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus[2].
Mais en même temps, l’OMS ainsi que toutes les autorités sanitaires ont rappelé les risques et urgé les manifestants de les réaliser eux aussi. Même dehors, être au milieu d’une foule très près les uns les autres, alors que certains portent des masques et d’autres non, représente une situation très propice à la propagation du virus. Le risque augmente également lorsque les personnes crient, chantent ou encore, malheureusement, lorsque les forces de l’ordre se servent de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants, étant donné que ces derniers atteignent les poumons et font tousser les gens.
Dans une manifestation ou un autre rassemblement extérieur, afin de réduire les risques, c'est important de :
- Maintenir la distanciation dans la mesure du possible
- Éviter les contacts physiques comme les poignées de main, les tapes dans les mains ou les câlins
- Porter un masque en tout temps
- Apporter du désinfectant pour les mains
- Éviter de se toucher le visage.
Retrouvez plus d'informations sur la Covid-19 sur le site Web du gouvernement du Québec.
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Note
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