Tandis que la sous-alimentation chronique touche près de 800 millions de personnes dans le monde, un récent rapport de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) estime qu'un tiers de la production alimentaire destinée à la consommation humaine dans le monde est perdue ou gaspillée. Au Canada et aux États-Unis, il est estimé qu'environ 40 % de la nourriture produite n'est pas consommée. Face à ces données, que pouvons-nous faire en tant que consommateurs pour faire notre part pour réduire le gaspillage?
Le gaspillage, de multiples enjeux
Ceux qui ont faim
Ces pertes alimentaires du champ à l'assiette soulèvent d'importants enjeux à la fois sociaux, économiques et environnementaux. En effet, des quantités ahurissantes de nourriture sont jetées alors que le nombre de foyers vivant dans l'insécurité alimentaire est très élevé. Avec une population mondiale qui pourrait atteindre 9,5 millions en 2075, la planète (déjà hypothéquée sur le plan environnemental) aura considérablement plus de bouches à nourrir, alors que tant de nourriture produite est jetée.
Le gaspillage de ressources naturelles
De plus, faire parvenir la nourriture de la ferme à l'assiette nécessite une quantité importante d'énergie, tout en monopolisant de grandes parts des terres et en utilisant beaucoup d'eau et de ressources. Le gaspillage représente donc la perte de toutes les ressources ayant été nécessaires à la production de toute cette nourriture (production, transport, entreposage, transformation...). Autant d'étapes énergivores (et donc coûteuses) effectuées pour produire de la nourriture qui n'atteindra finalement pas son objectif de nourrir les populations.
L'effet de serre
Outre les effets sur l'environnement de la production de nourriture, le rejet de la nourriture gaspillée n'est pas sans impact. En guise d'exemple, la nourriture jetée serait responsable de jusqu'à 25 % des émissions de méthane aux États-Unis, soit un gaz à effet de serre plus puissant que le CO2. Les pertes et le gaspillage alimentaire à travers le monde contribuent à créer une demande insoutenable sur les ressources naturelles limitées de la planète (FAO 2012).
Notre pouvoir
Selon un rapport (IMECHE 2013), il existe un potentiel de fournir 60-100 % plus de nourriture tout en libérant des terres, en économisant de l'énergie et en conservant des ressources naturelles, tout simplement en gaspillant moins. C'est une bonne nouvelle.
Mais en tant que consommateur, que pouvons-nous faire?
Réduire notre gaspillage alimentaire
Le gaspillage n'a pas toujours été aussi important que de nos jours : l'Américain moyen d'aujourd'hui gaspille environ dix fois plus que l'Américain moyen des années 1970. Personne n'aime gaspiller, on le fait généralement avec un pincement au coeur. Voici quelques trucs pour réussir à réduire le gaspillage.
Planifier
Une des causes du gaspillage à domicile, c'est tout simplement qu'on a tendance à faire les courses selon ce qu'on voudrait manger plutôt qu'en fonction de ce qu'on mange réellement.
Par exemple, on souhaiterait bien cuisiner tous ces légumes qu'on a placés dans notre réfrigérateur... mais finalement un souper au restaurant s'improvise avec des amis, un autre soir le manque d'énergie nous mène à opter pour un plat préparé plutôt que de se mettre aux fourneaux, ou on a manqué de temps pour faire des lunchs...
Tous ces exemples pouvant mener à ce que les aliments (achetés avec plein de bonnes intentions de les consommer) finissent par se défraîchir tranquillement. En planifiant ses menus et en prévoyant des repas qui peuvent aussi se transformer en lunchs, il est plus facile d'acheter selon ses besoins réels et de suivre son plan de match.
Lorsque l'horaire est vraiment trop imprévisible pour envisager de planifier les repas, il peut être judicieux de faire ses achats en plus petites quantités, quitte à les faire plus régulièrement.
Vérifier les dates
C'est tout bête, mais si on fait les courses de façon un peu distraite et qu'on néglige de regarder les dates de péremption, on peut parfois avoir de mauvaises surprises.
Bien conserver
On jette souvent de la nourriture quand on trouve les aliments moins frais, moins « parfaits ». D'une part, il est judicieux de s'assurer que l'on conserve ses aliments frais de façon optimale afin de les garder le plus appétissants possible. D'autre part, il existe mille et une façons d'utiliser une pomme un peu ramollie ou une courgette qui n'est pas de première fraîcheur. Il suffit de se trouver des idées de recettes de potages, de galettes, de marinades, de purées, de compotes, de biscuits et plus encore!
Enfin, quand on cuisine en grande quantité, on congèle pour ne rien perdre et avoir des plats en réserve!
Jazzer les restes
On ne jette pas que des aliments de base; nos poubelles se remplissent aussi de surplus de repas qu'on a préparés. Il y a parfois des restes après le repas, qu'on met au réfrigérateur et qu'on oublie, ou qu'on a moins envie de manger.
Il est judicieux de penser à congeler afin d'avoir des repas pour plus tard. On peut aussi trouver des idées pour «jazzer» les restes afin de ne pas avoir l'impression de redondance au menu. Par exemple, le surplus de poulet grillé consommé la veille peut se transformer en une multitude d'autres plats (sandwichs, pâtes, risotto, soupe ou salade repas, etc.).
Partager
On a acheté un grand panier de légumes, ou on a profité d'une promotion achetez-en deux et obtenez-en un gratuitement... et on n'aura pas le temps de tout consommer avant que ça défraîchisse? Si on partage avec ses amis, collègues ou voisins, on fait des heureux et on met les chances de son côté d'éviter de remplir la poubelle inutilement!
Composter
Une belle façon de faire en sorte que les déchets organiques aient une deuxième vie!
Alors, voilà. En faisant un tout petit effort pour moins gaspiller, on rend service à la fois à l'environnement et à notre budget. C'est un pensez-y-bien!
Pour plus de trucs afin de réduire votre empreinte écologique, visitez le Collectif Zéro Déchet.