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Bien-être

Enfreindre la règle : prendre ceux qu'on aime dans ses bras

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J’ai enfreint la règle. J’ai serré mon père et ma mère dans mes bras. Évidemment, comme c’est le cas chaque jour depuis le mois de mars, j’ai analysé les facteurs de risque: ça fait près de 3 mois que je ne sors presque pas de la maison, mis à part pour une promenade à pieds dans mon quartier ou pour un tour de vélo. Il en va de même pour mes parents. S’il y a un risque, il est plus que minime. En y réfléchissant bien, prendre quelqu’un dans ses bras s’avère moins risqué que de se donner deux becs sur les joues ou encore se serrer la main. On arrête de respirer et on se sert fort le temps d’un instant. Beaucoup de réflexion pour un geste qui nous semblait bien banal il y a quelques mois avant l'arrivée de la COVID-19 dans nos vies.

Une limite atteinte, des rapprochements nécessaires

Lors de cette même fin de semaine, ma fille qui célébrait son anniversaire a invité 3 amies dans notre cour arrière. Je n’avais aucune inquiétude par rapport au respect de la distanciation physique. Ce sont toutes de jeunes ados dociles (!), je devrais plutôt dire disciplinées. Elles ne s’étaient pas revues en chair et en os depuis la fin abrupte des classes le 12 mars.

Les chaises avaient été disposées à, plus ou moins, 2 mètres. Après le malaise des premiers instants, après tout ce temps sans se voir, les discussions ont repris de plus belle. Quelques minutes plus tard, déjà, les 4 amies n’étaient plus à 2 mètres. À ce rapprochement spontané, les gestes se sont ajoutés. Une petite tape amicale sur l’épaule, ici et là; l’une qui prenait les lunettes de l’autre, simplement pour rire un peu… Mais, surtout, pour se toucher, un peu. La distance s’est amoindrie jusqu’à pratiquement disparaitre. Que pouvais-je faire? Ces contacts n’étaient pas une rébellion, mais plutôt un besoin. Le besoin de vivre normalement, d’être des adolescentes qui rient, qui s’amusent, qui se poussent dans la piscine.

Oui, le 2 mètres doit être respecté, mais je les comprenais. 3 mois sans voir ses amies, c’est un peu comme une éternité, surtout à 13 ans.

En croisant l’un de mes voisins, il m’a avoué, à travers une candide conversation, qu’il n’avait pas été capable de résister. Deux jours auparavant, il avait pris son meilleur ami dans ses bras.

Et voilà que j’entends des histoires similaires de part et d’autre. Comme si, tous, au même moment, on avait atteint la limite. Car le contact virtuel est une chose, les discussions à deux mètres également, mais toucher l’autre, vraiment, pas juste l’effleurer, en est une autre.

Le toucher, essentiel à notre bien-être

On le savait, que c’était un besoin, une nécessité. La science le dit. D’ailleurs, la survie de l’espèce serait directement liée au toucher. Il s’agit du premier des 5 sens qui se développe chez le fœtus et c’est le dernier que l’on utilise lorsque notre mort approche.

On connait tous, entre autres, les bienfaits du peau à peau avec les nouveau-nés. Chez les enfants, le toucher s’avère indéniable pour le bon développement socio-affectif. Par la suite, il s’avère essentiel pour communiquer, tout au long de la vie, et ce jusqu’à notre dernier souffle.

À lire aussi : Peut-on se faire des câlins et si oui, de quelle façon?

Le toucher, pour entrer en contact avec l’autre

Force est de constater que l’on n’avait jamais été privé réellement de ce sens. De plus, ne pas pouvoir toucher est une chose, lorsqu’on est loin, car on vit une situation particulière, mais ne pas pouvoir toucher lorsqu’on est face à ceux qu’on aime, ça finit par être insupportable.

Le toucher contribue, entre autres, à la sécrétion d’ocytocine. Une hormone essentielle pour notre bien-être. Mais, ce que l’on vit actuellement dépasse la notion de ce besoin. Car il semble qu’il y ait toute sorte de façon pour activer la sécrétion d’ocytocine : faire des actions bienveillantes, méditer, écrire des mots doux, des poèmes...

Pour ma part, je suis privilégiée, j’ai des enfants et un amoureux. Les câlins n’ont pas été bannis de mon existence depuis la mi-mars. Je ne suis donc pas en carence de cette hormone.

Mais, je suis en carence d’entrer en relation avec l’autre. Car le toucher est un langage qui ouvre la porte aux sentiments véritables. Au-delà de la sécrétion de l’ocytocine, le toucher au sens propre nous permet de toucher l’autre au sens figuré. Les mots possèdent leur propre pouvoir, mais les gestes vont bien au-delà. On le constate lorsqu’on accueille un bébé en ce monde. Il en va de même lorsqu’on accompagne quelqu’un dans la mort. L’empathie et l’amour profond se transmettent difficilement en conservant une distance.

Je ne peux faire autrement que de penser aux mains de ma grand-mère qui tenait les miennes alors qu’elle souffrait d’Alzheimer. Qu’aurais-je fait pour entrer en contact avec elle si je n’avais pas pu lui toucher? Ma main dans la sienne, elle la serrait si fort lorsque je lui parlais, alors que les mots ne suffisaient plus, qu’ils réussissaient à peine à sortir de sa bouche.

Une pandémie pour mettre en lumière nos besoins véritables

La pandémie de la COVID-19 n’engendre pas que du négatif, du positif en ressort également. Elle met en lumière ce qui est essentiel dans notre vie. Je ne m’étais jamais vraiment questionnée auparavant par rapport au toucher.

Avec la distanciation physique imposée, moi qui ne suis pourtant pas portée à toucher les autres, je me suis surprise à ressentir un immense vide en ne pouvant approcher ceux que j’aime. Tout à coup, dans ma tête, un clivage spontané s’est effectué : les gens que j’apprécie et ceux qui ont une place particulière dans mon cœur.  

Effectivement, la distance se vit bien avec la plupart des gens. Toutefois, avec certaines personnes, notre cœur nous indique clairement que l’on a besoin de les toucher, de les prendre dans nos bras. Aucun doute, ce confinement nous aura permis de voir clair dans nos relations. En espérant que l’on puisse très bientôt se rapprocher des personnes qui nous sont chères, celles que l’on a tant besoin de serrer contre soi.  Mais, en attendant, même si l'on est nombreux à avoir enfreint la règle, il faut se ressaisir, s'armer de patience... et reprendre nos distances. On n'est pas à l'abri d'une seconde vague.

Source : La Presse

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