Le sexisme fait partie de notre quotidien. Mais doit-on l’accepter pour autant? La réponse est simple : non. Et s’il est très présent sur les réseaux sociaux, c’est par ces mêmes réseaux que des féministes ont choisi de s’y attaquer.
Sur YouTube
En 10 ans, bien des images sexistes ont circulé sur YouTube. Certaines ont été retirées, mais d’autres servent à sensibiliser les spectateurs, soit celles l’Américaine Shoshana Roberts. Avec l’aide d’un complice, elle a déambulé dans Manhattan, à New York, pour démontrer le sexisme dont les femmes sont victimes. Vêtue d’un t-shirt et d’un pantalon noir, elle a arpenté les rues durant 10 heures alors qu’un complice filmait ses déplacements.
Les remarques n’ont pas tardé. Regards insistants sur certaines parties du corps de la jeune femme, propositions pour un café, conversations sont légion. D’autres hommes ont même offert de lui donner leur numéro de téléphone.
Vue plus de 39 millions de fois, la vidéo de moins de deux minutes a suscité de nombreux commentaires.
Et l’expérience a fait des petits. Quelques jours plus tard, une autre vidéo faisait son apparition sur la même plateforme. On y voit une femme déambuler dans les rues de la Grosse Pomme. Et elle est abordée à maintes reprises. La même dame poursuit l’expérience quelques heures plus tard, en portant cette fois un hijab. Et personne ne semble la remarquer.
Facebook réagit
En 2013, des associations féministes de partout dans le monde ont entrepris une campagne pour lutter contre le sexisme sur Facebook. Plus de 5000 micromessages (tweets) et autant de courriels ont été envoyés aux gestionnaires du réseau social pour dénoncer les propos sexistes qui y pullulaient. Les membres de ces associations souhaitaient dénoncer les images de viols et de violence domestique, de même que les pages qui encourageaient ces gestes de violence gratuite, dont une, pour le moins explicite, ayant pour nom « Violer son amie juste pour rire ».
Et elles ont eu gain de cause. La vice-présidente de la politique publique du réseau, Marne Levine, s’est engagée à exercer « un meilleur contrôle des publications qui incitent à la violence dans le monde réel, au vol, à la destruction, ou qui inflige indirectement un stress émotionnel à un individu. Les discours de haine et de discrimination seront également interdits ». Cette modération s’appuie notamment sur le signalement, par les utilisateurs, de pages problématiques. Et ça marche!
Sur Twitter
En Suisse, après être descendues dans la rue pour dénoncer le sexisme, des femmes ont utilisé le réseau social Twitter pour acheminer 127 plaintes symboliques de harcèlement recensées lors d’une marche contre le harcèlement sexuel. Elles ont également créé des comptes Twitter tels que #harcelementderue et #safedanslarue qui connaissent du succès.
En novembre 2014, la Fédération des femmes du Québec a lancé une campagne sur Twitter pour inviter les femmes à dénoncer les agressions dont elles ont été victimes. En quelques heures, des milliers de femmes, dont des personnalités connues, ont dénoncé leur agresseur. Une campagne similaire, au Canada anglais, a récolté pas moins de 4 millions de micromessages en une seule journée.
L’utilisation des micromessages semble d’ailleurs fort efficace. Selon une étude réalisée récemment par des chercheurs de l’Université Wilfrid-Laurier à Waterloo, les femmes seraient plus à l’aise de s’exprimer sur le réseau social Twitter. Lors de l’expérience, les 93 participantes ont reçu des informations sur des cas troublants de sexisme, puis le tiers d’entre elles pouvaient réagir publiquement sur Twitter. Un autre groupe pouvait envoyer des micromessages, mais uniquement à leurs amis, tandis qu’un troisième groupe était confiné au silence. Au troisième jour de l’expérience, « les personnes qui « tweetaient » publiquement enregistraient un bien-être accru, mesuré grâce à des questionnaires, alors que le niveau de bien-être restait inchangé chez les deux autres groupes de participantes ».
Et dans Internet
Octobre 2014, un groupe de femmes lançait sur Internet le site Macholand.fr, pour dénoncer le sexisme dont elles sont victimes. Résultat, au moment d’écrire ces lignes, le site compte plus de 20 000 activistes, et a déjà obtenu des résultats. Des sites Internet, des entreprises, voire la Fédération française de tennis et le site de service public de France, ont modifié leur approche ou retiré des pages Internet qualifiées d’offensantes.
La lutte contre le sexisme est loin d’être terminée. Mais chaque effort, si petit soit-il, permet de mieux vivre, dans une société où les femmes sont davantage respectées.