Oui, en effet, quel beau défi que l'allaitement! Il s'agit d'un geste d'amour, un don de vie pour votre enfant, un apport émotif et physiologique dont les recherches ne cessent de vanter les mérites. Cependant, pour certaines femmes, allaiter n'est pas aussi facile que ce à quoi elles s'attendaient. Que ce soit au niveau émotif, physique ou psychologique, l'allaitement peut parfois être éprouvant. Le manque de ressources, de soutien de la part de l'entourage ou de connaissances engendre occasionnellement la transformation de ce geste si tendre en un moment angoissant et douloureux.
Néanmoins, lorsque ces difficultés sont traversées, la joie et le bonheur que procure l'allaitement font oublier toutes les peines. Il s'agit de défis qui valent certainement la peine de surmonter!
Les bienfaits du lait maternel
Il faut d'abord bien s'informer au sujet de l'allaitement et des propriétés du lait maternel lorsque l'on désire allaiter notre enfant. Ces informations ne peuvent que vous aider à persévérer lors des journées plus difficiles. Contrairement à nos mères et à nos grand-mères, nous sommes privilégiées de pouvoir profiter de ces connaissances : il s'agit d'un « lait vivant » qui s'adapte à l'âge et aux besoins du nourrisson et du bébé. Les recherches ont prouvé que le lait maternel contient tous les ingrédients nécessaires à une bonne croissance de l'enfant. Ainsi, en étant consciente de tous les bénéfices reliés à l'allaitement, on comprendra pourquoi une majorité de femmes choisissent de mettre leur bébé au sein.
Les bienfaits de l'allaitement pour la mère
Pour la mère, il s'agit du meilleur moyen d'atténuer le « baby blues » puisque par ce geste, et grâce aux hormones sécrétées, un sentiment de bien-être apparait. À long terme, le fait d'allaiter votre ou vos enfants diminue les risques de cancer du sein, rééquilibre vos hormones et favorise le retour à la taille que vous aviez avant votre grossesse!
Les défis
Gerçures ou crevasses
Même si les avantages sont nombreux, certains problèmes peuvent survenir lors de l'allaitement. Ces derniers nuiront à une bonne production lactée. Parmi ces difficultés les plus courantes, on retrouve les gerçures et les crevasses. Dès les premiers jours de l'allaitement, il est normal de ressentir un certain inconfort aux mamelons. Si la position du bébé au sein n'est pas adéquate, des gerçures peuvent alors apparaitre (blessures superficielles du mamelon). À la naissance, profitez des connaissances de la sage-femme ou des infirmières et demandez de l'aide pour bien positionner bébé à chaque boire, pour diminuer les risques de malaise, et augmenter votre aisance à allaiter. Un repositionnement du bébé au sein règle, dans la majorité des cas, la situation, tandis qu'une crème à base de lanoline soulage temporairement le mamelon. Lorsque les gerçures s'aggravent, elles laissent souvent place à des crevasses (blessures plus profondes du mamelon, avec ou sans saignement). Si ces blessures persistent, des risques d'infection peuvent survenir. Il est alors recommandé de consulter une marraine d'allaitement, votre CLSC ou toute autre personne-ressource en allaitement.
Le couple
L'arrivée d'un nouveau bébé est parfois difficilement vécue chez certaines personnes. La première année de vie d'un enfant est effectivement considérée comme étant une rude épreuve pour le couple. Le manque de sommeil, le changement des habitudes de vie et le manque de temps pour accomplir les tâches quotidiennes sont des facteurs qui peuvent accroitre le niveau de stress, lequel est déjà élevé à la suite de cet événement heureux qu'est l'accouchement. Il faut, de plus, s'habituer à une nouvelle présence... qui exige beaucoup d'attention! Or, l'allaitement, lorsqu'il est bien vécu, favorise la détente et l'attachement de la mère à ce nouvel être qui fait désormais partie de sa vie. Le calme étant au rendez-vous, les épreuves sont alors plus facilement surmontées!
Cependant, bien qu'allaiter soit considéré comme étant « pratique » (peu importe où vous allez, vous n'avez pas à penser aux bouteilles de préparation commerciale) et économique (le lait maternel ne coûte rien), il s'agit tout de même d'un investissement de temps pour une nouvelle maman qui n'en a que trop peu. La décision d'allaiter doit donc se faire à deux, c'est-à-dire, d'un commun accord entre les nouveaux parents. Ainsi, alors que la mère sera la seule responsable de l'alimentation du bébé, le conjoint, en contrepartie, devra veiller à accomplir la plupart des tâches normalement exécutées à deux : ménage, épicerie, repas, entretien de la maison, etc. Il s'agit effectivement d'un compromis qui demande beaucoup de courage et de persévérance, mais qui vaut la peine d'être fait puisque vous offrez ce qu'il y a de mieux à votre bébé : le lait maternel!
Bonnes habitudes de vie
Il est prouvé que de bonnes habitudes de vie favorisent le succès de l’allaitement. Or, respecter ces bonnes habitudes représente parfois un défi de taille puisque le manque de temps et de sommeil, à la suite de l’arrivée d’un bébé, risque d’entrer en conflit avec la préparation de bons petits plats mijotés ou avec l’exercice physique! Il est, par ailleurs, important de prendre conscience des principaux facteurs susceptibles de nuire au bon fonctionnement de l’allaitement. Ces derniers peuvent, en effet, retarder ou inhiber le réflexe d’éjection et la production du lait :
- Le stress;
- La douleur;
- La fatigue;
- L’anxiété;
- La déshydratation.
Ainsi, pour que la nouvelle maman se sente disposée à s’occuper de son bébé en étant à l’écoute de ses besoins et pour que l’allaitement soit optimal, il est primordial qu’elle puisse autant que possible :
- Bien dormir;
- Bien manger et s’hydrater;
- Être dans un environnement calme et sain;
- Avoir du soutien de la part de son conjoint et de ses proches;
- Avoir un peu de temps pour elle afin de soigner son corps (surtout à la suite d’une césarienne, à une épisiotomie ou s’il y a des douleurs dues à un allaitement difficile);
- Se divertir (faire une marche, voir une amie, écouter un film, etc.).
Alcool et tabac
Par ailleurs, la mère fumeuse sera fortement encouragée, et ce, par tous les professionnels de l’allaitement, à allaiter son bébé malgré le fait qu’une forte consommation de produits du tabac diminue la quantité de lait. Les mères qui ne se sentent pas aptes à cesser de fumer peuvent, tout de même, tenter de diminuer leur consommation ou, du moins, fumer après avoir allaité leur bébé. Évidemment, il faut se soucier de ne pas exposer votre enfant à la fumée secondaire. Quant à la consommation d’alcool, la maman qui désire prendre un verre doit se limiter à une seule consommation et attendre 2 ou 3 heures avant d’allaiter (pour une femme de gabarit normal). Elle pourra prendre sa consommation immédiatement après une tétée, s’assurant ainsi que le taux d’alcool dans son sang soit au minimum lors du prochain allaitement. Cela dit, elle doit cependant être consciente qu’une grande quantité d’alcool inhibera le réflexe d’éjection du lait.
L'allaitement en public
Certaines personnes n’éprouvent pas d’inconfort à allaiter en public, mais d’autres peuvent se sentir intimidées. Si tel est votre cas, lorsque le bébé a soif et que vous êtes à l’extérieur de la maison, il vous faudra trouver un endroit calme et confortable pour allaiter. Il existe, à cette fin, plusieurs accessoires vous permettant d’allaiter en toute discrétion : couvertures d’allaitement, porte-bébés, vêtements prévus à cet effet. Malgré cela, certains endroits vous feront sentir « de trop », considérant le fait d’allaiter comme étant inapproprié pour leur établissement. Il s’agit d’une situation malheureuse, mais quelquefois inévitable. Recherchez alors les lieux pro-allaitement arborant « Bébés allaités : bienvenus dans nos lieux publics », une initiative qui fut instaurée afin d’y normaliser l’allaitement. Ces endroits vous accueilleront à bras ouverts.
Culpabilité
Chaque allaitement est différent puisque chaque bébé et chaque maman sont différents. Il est donc possible que certaines mères éprouvent d’énormes difficultés à allaiter, et ce, malgré le fait qu’elles soient bien entourées et informées. Elles ressentent alors beaucoup de culpabilité et un sentiment d’incompétence en s’appropriant, à tort, la responsabilité de ces difficultés. Elles perçoivent ces obstacles comme un échec et elles ont tendance à se décourager. Par ailleurs, le stress causé par ce sentiment n’aidera en rien leur situation. Heureusement, il existe plusieurs groupes de soutien à l’allaitement. Informez-vous à votre CLSC. Surtout, n’hésitez pas à demander de l’aide.
Enfin, dites-vous que même si votre allaitement ne fonctionne pas, n’oubliez pas tout l’amour que vous offrez à votre enfant. Il s’agit effectivement de l’ingrédient le plus important du bon développement d’un bébé, qu’il soit allaité ou non.
Bon allaitement!
Pour de l'aide ou pour toute information :
- Nourri-Source : organisme à but non lucratif dont la mission est de promouvoir, de supporter et de protéger l'allaitement maternel au Québec, en offrant différents services dont le marrainage, les haltes-allaitement et de l'animation.
- Ligue la Leche : autorité mondiale en allaitement dont la mission est d'aider les mères à allaiter leur bébé par un soutien de mère à mère, en donnant de l'encouragement, de l'information, de l'éducation et en faisant la promotion d'une meilleure compréhension de l'allaitement comme étant un élément important d'un développement sain du bébé et de la mère.
- Organisation mondiale de la santé (OMS) : institution spécialisée de l'ONU pour la santé. Elle est chargée, entre autres, de diriger l'action sanitaire mondiale, de définir les programmes de recherche et de fixer des normes et des critères en matière de santé.