Les troubles d'anxiété touchent de nombreux enfants. Comme beaucoup d'entre eux ont un tempérament inhibé et qu'ils sont peu turbulents, ce sont souvent des enfants qui ne dérangent pas leur entourage et dont la souffrance a tendance à passer inaperçue. D'ailleurs, de nombreux adultes qui consultent pour un problème d'anxiété disent qu'ils avaient déjà des signes précurseurs ou carrément de vrais symptômes d'anxiété durant leur enfance.
La situation change un peu, car au cours des deux dernières décennies, de plus en plus de chercheurs se sont penchés sur l'anxiété chez les enfants, et nous sommes maintenant plus sensibilisés à cette problématique. Nous savons également que certains enfants plus actifs et turbulents peuvent, eux aussi, souffrir d'anxiété... même si ce n'est pas cette problématique qui est la plus apparente chez eux!
Facteurs de risque
Plusieurs facteurs peuvent prédisposer un enfant à éventuellement souffrir d'anxiété.
- Le fait d'être né avec un tempérament inhibé : les enfants qui ont un tempérament inhibé sont plus introvertis et plus calmes que la moyenne. Ils pleurent souvent et s'adaptent moins bien à tout ce qui est nouveau. Ils peuvent sembler timides.
- Les événements de la vie : Si un enfant est victime ou témoin d'événements traumatisants, il pourrait développer un trouble d'anxiété. Cette probabilité sera encore plus grande si l'enfant a, en plus, un tempérament inhibé.
- Les attitudes parentales : Bien involontairement, les parents, par leurs attitudes et comportements, peuvent causer ou maintenir l'anxiété chez leur enfant. En effet, un parent surprotecteur peut transmettre indirectement à son enfant le message implicite que le monde est dangereux et qu'il ne peut l'affronter seul. Inversement, un parent trop négligent au plan de la sécurité de son enfant expose ce dernier à vivre des accidents ou des événements traumatisants.
En lisant ce dernier point, il ne faut surtout pas vous sentir coupable d'avoir induit de l'anxiété chez votre enfant! Au contraire... il est préférable de vous concentrer sur votre pouvoir de prévention ou d'intervention.
Anxieuse, moi?
D'abord, en tant que parent, il faut tenter d'identifier si nous n'avons pas nous-mêmes une petite tendance anxieuse... Si c'est le cas, la première étape pour aider son enfant est peut-être de tenter de travailler sur soi-même, afin de limiter la possibilité que nos comportements et attitudes malsaines se transmettent à lui par apprentissage social. C'est également en étant moins anxieux qu'un parent évitera de tomber dans le piège de la surprotection.
L'interroger
Ensuite, lorsque l'enfant manifeste ses signes qu'il a peur et que des pensées inquiétantes et exagérées envahissent sont esprit, on peut tenter de l'aider à remettre en question son discours intérieur, en lui posant des questions.
Par exemple, lorsqu'un enfant demande « Et si Maman oubliait de venir me chercher au camp de jour », le parent peut répondre en demandant « Est-ce déjà arrivé? Et si cela arrivait, quels seraient les éléments de sécurité autour de toi, que pourrais-tu faire pour te sortir de ce problème? »
Croyez-moi, lorsque l'enfant est assez mature pour raisonner un peu, c'est beaucoup plus efficace que de le rassurer temporairement avec des réponses toutes faites qui ne le convaincront pas!
Affronter ses peurs
Il est également important de comprendre que le principal facteur de maintien d'un problème d'anxiété, d'une peur irrationnelle ou d'une phobie, c'est l'évitement. En effet, quand on évite quelque chose qui nous fait peur, on maintient notre perception exagérée du danger associé à cette situation, et on perd un peu de notre sentiment d'efficacité personnelle.
Il doit être volontaire
Autrement dit, on continue d'avoir peur pour rien, et on se sent un peu poule mouillée! Ainsi, une stratégie pour gérer l'anxiété, dont vous avez sûrement entendu parler, c'est d'affronter ses peurs. Mais attention! Si on force un enfant, ou même un adulte, à affronter une situation qui le rend anxieux contre son gré ou sans qu'il ne comprenne pourquoi, on risque d'obtenir le contraire de l'effet désiré : sa peur augmentera et sa motivation à collaborer à notre stratégie diminuera. Il est donc préférable d'amener l'enfant à affronter ses peurs graduellement, par petites étapes faciles, tout en respectant son rythme.
Lorsque l'enfant collabore, il peut réaliser par lui-même que sa peur était exagérée, ce qui est beaucoup plus efficace qu'un parent qui tente de le convaincre qu'il est bébé et qu'il a peur pour rien! En réussissant le défi de s'exposer à l'objet de sa peur, l'enfant développe un sentiment de compétence personnelle qui aide à dissiper l'anxiété.
Consulter
Si la peur de votre enfant est très intense, qu'il en a plusieurs ou que son fonctionnement quotidien en est significativement atteint, il est préférable de consulter un professionnel pour s'assurer que ces concepts de base seront appliqués en s'adaptant à sa situation personnelle et même, à votre situation familiale. Consulter un psychologue spécialisé dans les troubles anxieux chez les jeunes peut aider un parent à mieux comprendre toutes les subtilités de ces stratégies et à savoir comment les adapter aux particularités de son enfant.
Maintenant que vous connaissez la base, vous savez qu'il ne faut ni permettre à votre enfant d'éviter constamment ses peurs irrationnelles ni le forcer à les confronter contre son gré, en ne respectant pas son rythme. Encore une fois, comme dans bien des situations, il faut chercher l'équilibre et le juste milieu!