Mise à jour septembre 2021
Au début de la pandémie, la piste des groupes sanguins avait été étudiée pour essayer d'expliquer pourquoi certaines personnes développaient une forme sévère de la COVID-19 et d'autres non. Il faut se remettre en contexte: il y avait énormément d'incertitudes, et très peu de connaissances ou de données disponibles sur le sujet.
Même à l'époque (au printemps 2020), si certaines études avaient semblé démontrer un lien entre le groupe sanguin et la sévérité de l'infection à la COVID, d'autres n'avaient pas réussi à prouver un lien de causalité, semant déjà un doute sur cette hypothèse.
Depuis, une large analyse de données a été effectuée pour établir ce qu'il en est et la conclusion est très claire: le groupe sanguin n'a AUCUN effet ni sur le risque de contracter la COVID-19, ni sur la sévérité de la maladie.
L'analyse, dont les résultats ont été publiés au printemps 2021 sur la prestigieuse plateforme JAMA (Journal of American Medical Association), a inclut plus de 108 000 personnes aux États-Unis. Parmi ces dernières, environ 11 500 ont contracté la COVID; elles ont pu être comparées aux autres qui ne l'ont pas eu. Et les auteurs ont constaté que le groupe sanguin ne jouait aucun rôle significatif dans le risque de contracter la COVID, ni celui de développer une maladie plus sévère.
« À partir de cette large analyse, nous pouvons établir qu'il n'existe pas d'association entre le groupe sanguin et la susceptibilité ou la sévérité » (à/de la COVID-19), a expliqué le Dr. Amesh Adalja, qui travaille au centre médical John Hopkins à Baltimore au Maryland, et qui n'est pas impliqué dans l'analyse.
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Les groupes sanguins pourraient avoir une influence sur la sévérité de la COVID-19 chez certaines personnes, selon des études préliminaires. Néanmoins, celles-ci sont encore peu nombreuses et effectuées sur un nombre restreint de patients. D’autres analyses seront nécessaires avant de pouvoir y tirer des conclusions sans équivoque. Malgré tout, l’hypothèse semble plausible et pourrait expliquer pourquoi la COVID-19 frappe si différemment d’un individu à l’autre.
Lien possible entre groupes sanguins et sévérité de la COVID-19
Une étude chinoise parue en prépublication le 27 mars a démontré qu’une plus grande proportion d’individus du groupe sanguin de type A étaient infectés par le virus, alors que ceux du groupe 0 semblaient être épargnés. Les auteurs de l’étude ont pu suivre l’évolution de la maladie auprès de 2173 personnes infectées par la COVID-19.
Une seconde étude, publiée en juin, réalisée cette fois-ci auprès de 1 500 patients hospitalisés en Italie et en Espagne, et de 2 000 personnes « témoins » qui n’avaient pas eu la COVID-19, met également en lumière une corrélation possible entre les groupes sanguins et la sévérité de la maladie. Selon l’auteur de l’étude, Dr Andre Franke, de l’université de Kiel en Allemagne : « il y a un risque accru de COVID-19 sévère chez les personnes du groupe sanguin A, et un risque moindre chez celles du groupe sanguin 0. »
Un lien a aussi été établi entre le système sanguin ABO et la sévérité de la COVID-19 par la société privée de génétique 23andMe. Les données génétiques de 750 000 patients ont été analysées. Toutefois, aucune publication officielle n’a été faite à cet effet à ce jour puisqu’une étude plus précise est en cours auprès de 10 000 patients qui ont reçu un diagnostic positif de la COVID-19.
Pourquoi un lien possible?
Depuis quelques années, des chercheurs observent des liens possibles entre les groupes sanguins et certaines maladies, que ce soit la malaria, les problèmes cardiaques ou, dans le cas qui nous intéresse, les infections associées aux différents coronavirus.
À la suite de l’épidémie de SRAS en 2003, une étude avait démontré que les personnes de groupe sanguin A et B étaient plus susceptibles d’être infectées par le virus que celle du groupe 0.
Cette corrélation serait liée au fait que chaque groupe sanguin possède des anticorps contre les autres types, par exemple : les A contre les B, les B contre les A et les 0 contre les A et les B. Ces anticorps pourraient avoir un impact pour combattre certains virus.
En effet, après l’épisode de SRAS des chercheurs ont démontré que les anticorps anti-A influencent la liaison entre le virus du SRAS et sa cible, la protéine ACE2. Celle-ci constitue en quelque sorte une porte d’entrée qui est présente, entre autres, à la surface des cellules pulmonaires. Cependant, les anticorps des individus d’un groupe sanguin autre que A et AB forment un obstacle à l’entrée du virus du SRAS dans ces cellules.
Les anticorps anti-A semblent donc avoir une influence sur les risques de contracter un coronavirus ainsi que sur la sévérité des symptômes.
De nombreux bémols avant d’en arriver à des conclusions
Néanmoins, les scientifiques n’abondent pas tous en ce sens. D’ailleurs, Eric Klok, de l’Université de Leyde, aux Pays-Bas qui a de son côté réalisé une étude sur l’embolie pulmonaire associée à la COVID-19 a pour sa part une opinion plus tranchée. Il ne croit aucunement en une association possible entre le groupe sanguin et la sévérité de la COVID-19.
Au Québec, les scientifiques ne sautent pas trop vite aux conclusions dans un sens, comme dans l’autre. Même s’il est possible d’effectuer des rapprochements entre le virus du SRAS de 2003 et le nouveau coronavirus, les deux virus, quoique de la même famille, ne se propagent pas de la même façon et ne provoquent pas une aussi grande variabilité de symptômes.
De plus, il s’avère essentiel que des recherches sur un plus grand nombre de personnes soient réalisées afin d’établir des conclusions scientifiques fiables. En effet, Benoit Barbeau, professeur au Département de sciences biologiques de l’UQAM, mentionnait dans Québec Science que : « le nombre de patients dans l’étude [faite en Chine et publiée le 27 mars] n’est pas assez élevé pour avoir des résultats significatifs. La corrélation observée entre le groupe sanguin et la sévérité de la maladie peut être fondée, mais elle peut aussi être fortuite, et s’expliquer d’une manière qui n’aurait rien avoir avec le groupe sanguin. »
Bref, l’hypothèse est intéressante, mais d’autres données doivent être collectées. Des recherches se poursuivent afin de pouvoir confirmer ou infirmer l’influence du groupe sanguin sur la sévérité de la COVID-19. Un élément s’avère certain, la maladie ne frappe pas tout le monde de la même manière, et une part génétique ainsi que le groupe sanguin pourraient faire partie des critères à surveiller pour connaitre l’incidence de la maladie chez certains patients.
Sources : Québec Science, La Presse, Global News
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