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J’attendais avec impatience le fameux plan de déconfinement du gouvernement. Toutefois, quelques heures après avoir entendu les assouplissements des mesures sanitaires à venir, je me suis couchée en ressentant un étrange mélange d’émotions. Je me suis endormie en me disant qu’au fond, le déconfinement ne me rendait pas si heureuse, pas comme je l’avais imaginé.
Pourtant, depuis quelques semaines, la pandémie et les restrictions qui y sont liées me pèsent particulièrement. Sans aucun doute, comme plusieurs, je ressens cette « langueur » dont on a beaucoup parlé. Mes filles également. Et c’est difficile de motiver les troupes, quand la motivation nous quitte aussi. J’ai besoin d’avoir un peu d’air, de voir la lumière véritable au bout du tunnel. Mais, en même temps, je me suis habituée à vivre sans cette lumière...
J’ai terriblement hâte de revoir ma famille et mes amies, pouvoir partager un repas avec eux, pouvoir les inviter dans ma cour, dans ma maison. Reprendre mes cours de yoga et de karaté. Souper au restaurant en tête-à-tête avec mon amoureux. Voir mes filles partir à l’école sans qu’elles aient besoin de porter un masque en tout temps, les voir reprendre leurs activités sportives, vivre leurs vies d’enfants et d’ados.
Mais, on dirait que je n’ai pas l’énergie pour affronter tout ça.
Étrangement, même si par moment mon cerveau n’en peut plus de cette réalité pandémique... certains aspects du confinement me vont plutôt bien. En fait, je me suis habituée à cette vie.
Auparavant, je me suis souvent sentie mésadaptée face à notre société. Je vis mal avec les horaires surchargés, la rapidité de notre société, la consommation excessive, les déplacements à outrance. Alors, dans le confinement, il y a beaucoup de ma vie rêvée. C’est vraiment étrange à dire, et encore davantage de l’écrire!
Au début du confinement, je disais que la vie ressemblait à celle que l’on avait connue lorsque mon conjoint et moi sommes partis un an en voilier avec nos 4 filles. La lenteur, le silence, l’école à distance, l’horaire totalement vide qui laisse la place à la spontanéité du moment et, même, le pain fait maison! Vivre à 6 sur un bateau, c’est loin d’être parfait, c’est vraiment difficile et ardu par moment... mais chaque jour, il y a des moments magiques qui surgissent de ce vide et de cette lenteur.
Plusieurs l’ont vécu aussi en confinement; comme si tout à coup, on regardait la vie avec d’autres lunettes.
Toutefois, un élément crucial qui fait toute la différence pour notre santé mentale, c’est que contrairement à la vie en voilier, le quotidien en confinement n’est pas fait de découvertes (ou si peu) et de rencontres. Les échanges avec les autres êtres humains, même s’ils ne sont pas interdits, sont limités, restreints et plus compliqués. Et s’ajoutent à cela toutes les restrictions qui sont bien loin de la liberté ressentie en voyage.
Cependant, malgré les inconvénients associés à la pandémie, le rythme de croisière me convient. Je voudrais pouvoir conserver ma bulle familiale, garder l’horaire vide. Si le retour à la vie « normale » m’angoisse, c’est peut-être, entre autres, car je crains que la vie revienne exactement comme avant la pandémie.
Il en est de même avec le couvre-feu. Ce n’est pas l’obligation d’être chez soi avant une heure précise que j’aime. Au contraire! Le couvre-feu à 20 h m’a stressée plus d’une fois et m'a même fait enrager par moment. Mais, j’apprécie l’idée de ralentir à partir d’une certaine heure. Je suis une couche-tôt et j’adore le calme qui s’installe après 21 h 30.
Avec des ados, le couvre-feu est également très pratique. On a une bonne excuse pour qu’ils rentrent tôt! Mais, avec le déconfinement, la situation va se transformer rapidement.
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Car eux aussi, ils ont manqué d’air. Je les comprends de vouloir rattraper le temps perdu. Mais, en tant que parent, on dirait qu’il me manque de temps pour m’adapter au fait que mes filles ont vieilli de 15 mois. Habituellement, les changements se font graduellement. Cette fois-ci, on dirait qu’on fait un bond phénoménal vers l'avant.
Pourtant, il y a quelques semaines, mes ados voulaient à peine sortir de la maison. Elles se plaisaient dans leur vie d’ermite. L’une d’entre elles nous inquiétait plus particulièrement avec ses idées sombres.
On les a donc obligés à aller marcher avec leurs amies (oui, oui! Je ne pensais jamais que je serais obligée d’instaurer ce genre de règle dans ma maison!). Elles ont vite repris goût à cette vie sociale.
Et, j’ai l’impression qu’on va basculer dans un extrême lorsque les restrictions vont être levées. Pourtant, dans les faits, elles ne sont pas excessives, je le sais bien. Mais, je ne peux prévoir quels seront les effets sur elles du retour à une vie « normale ».
D’ailleurs, je ne sais pas non plus quels seront les effets sur moi et sur mon entourage.Je ne peux m’empêcher de faire le parallèle avec notre retour à la vie terrestre après un an sur l’eau. Retour qui a été bien difficile par moment.
Mais, cette fois-ci, c'est l’ensemble de la société qui vivra ce retour en même temps et qui aura subi des chambardements durant les 15 derniers mois. J’espère que l’on sera solidaires, indulgents et patients les uns envers les autres... Car, on est tous fatigués, mais pas pour les mêmes raisons. On a surtout besoin de la présence réconfortante de nos familles et de nos amis.
En espérant que le superflu restera derrière nous et que l’on saura conserver les éléments positifs des très longs derniers mois. Bon courage pour ton retour à la « normalité ».
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