
C’est une histoire de résilience, d’inventivité et de courage. C’est l’histoire d’un petit bonheur qui essaye de s’accrocher malgré le vent qui souffle en sens inverse.
C’est l’histoire de 3 entrepreneurs et de leurs collaborateurs, passionnés de bonne bouffe et de bons vins, qui se lancent dans une nouvelle aventure au cœur de Villeray, un quartier montréalais paisible, qui pétille sa douce effervescence dans l’âme de ses habitants. Karina Tétrault, Olivier Martinez et Charles Thibault, tous d’anciens employés de la Buvette chez Simone, ont choisi un nom pour leur nouveau resto qui réchauffe en dedans : Lundis au soleil.
Karina Tétrault, Olivier Martinez et Charles Thibault, propriétaires du restaurant Lundis au soleil
C’est le début d’une histoire, une histoire qui a faim de vivre.
Avec ses grandes fenêtres et son espace aéré, tout porte à croire qu’il fait bon d’aller y casser la croûte en dégustant un verre en tête-à-tête entre les rayons de lumière. L’art de la présentation de plats uniques, avec des produits savoureux venant en grande part de producteurs locaux, ainsi que d'un cellier qui donne l’eau à la bouche.
Ce lieu lumineux qu’ils ont fini par transformer à leur image verra le nuage sombre de la pandémie se pointer au-dessus de sa tête.
Ouvrir un restaurant en plein début de pandémie
Les passants, intrigués par ce nouveau commerce où se trouvait jadis un dépanneur véstuste, regardaient la nouvelle devanture à la fois minimaliste et instagrammable. Celle-ci annonçait l’ouverture prochaine d'un concept restaurant buvette, tout droit sorti du ventre de ses créateurs passionnés.
Ça semblait écrit dans le ciel. C’est en remportant un concours pour revitaliser la Promenade Jarry que le trio de restaurateurs a vu les choses se placer une à une, comme un charme. Chaque problème trouvait sa solution. Puis, la pandémie que personne n’avait prévue a frappé le monde.
Le 13 mars dernier, l’équipe se préparait à célébrer son ouverture lors d’une soirée privée en compagnie de proches, quand le premier ministre Legault s'est adressé à la province en direct de l’écran de télé pour fermer les écoles, puis pour fermer la vie telle qu’on la connait.
L’ouverture officielle au grand public était quant à elle prévue quelques jours plus tard. L’aventure n’était même pas encore commencée que les défis s'accumulaient. Tout ce qu'ils souhaitaient, c'était d'ouvrir enfin leurs portes aux foodies du coin à la recherche d’une oasis de plaisirs simples et gourmands au coin des rues Jarry et St-Hubert.
Ce n'était pas le moment de baisser les bras. Ces gens-là, ils ont le sens du rebond. Plus que jamais, il fallait du soleil dans le coeur.
Quelques produits épicuriens avec vue sur la rue Jarry, restaurant Lundis au soleil
La salle à manger n’aura jamais été aussi pleine que lors de cette réunion intime avec leurs proches. À partir de ce moment, ils n’avaient pas le choix : s’adapter avec agilité à la situation d'urgence sanitaire.
C’est l’histoire d’un petit resto tout neuf, tout droit sorti de son œuf, qui a gardé le cap et a su surfé sur une vague qui ne cesse de lui pleuvoir sur la tête. Cette histoire de restaurateurs en est une de courage admirable; en rien cette aventure n'est normale ou facile. L’espoir d’une lumière au bout du tunnel est plus fort que l’odeur du gel hydroalcoolique.
Après tout, il faut garder le sourire. Et des sourires, il y en a, même derrière les masques.
Karina Tétrault des Lundis au soleil en mode pandémie
Se réinventer avant même d’exister
Sonnés, ils se sont revirés de bord sur un 10 cents, se faisant remarquer dans le quartier par leurs initiatives rafraichissantes durant une période morne de l’histoire de leur ville.
Changement de menu, il faut faire plus de sandwichs, miser sur le concept pour emporter... Pourquoi ne pas mettre sur pied une épicerie pop-up qui égaye le quartier? Puis, les règles se sont assouplies, la salle à manger à pu ouvrir à capacité réduite, la terrasse bien-aimée attire les flâneurs et l'espoir.
La vie dans Villeray n'est jamais aussi belle que quand le soleil brille.
La terrasse des Lundis au soleil l'été dernier, lors de la réouverture à capacité limitée
Puis, on l'a refermé quand Montréal est entrée en zone rouge.
On pourrait presque dire que les Lundis au soleil se sont dénaturés pour devenir les Lundis à l’ombre, question de faire le roseau et rebondir quand les beaux jours leur souriront à nouveau.
La gastronomie québécoise en péril?
Pour ses habitants, Montréal n’est plus la même sans sa vie gastronomique et culturelle habituelle. Bien sûr, les restaurateurs comprennent l’urgence sanitaire. Ils s’y plient. Ils aimeraient cependant en savoir plus sur ce qui s’en vient, parce qu’une salle à manger, ça ne s’ouvre pas du jour au lendemain. Les commandes, ça se prévoit.
Même si le pour-emporter est sur toutes les lèvres, pour des cuisiniers qui aiment l’art de la présentation, ce n’est juste pas la même chose de faire des sandwichs take-out. Ils sont bons, leurs sandwichs. On leur souhaite de pouvoir retrouver les conditions gagnantes prochainement, afin de vivre pleinement leur histoire.
Lundis au soleil
La solidarité plutôt que la compétition
Une des choses magiques qui s'est produite durant cette période incertaine, c’est toute cette solidarité qui a pris le dessus sur la compétition. Bien sûr, tout le monde veut tirer son épingle du jeu, mais avec un peu de créativité, il est possible de donner un coup de main aux distributeurs, aux producteurs et aux cultivateurs locaux en se serrant les coudes.
Quand les Lundis au soleil ont commencé à organiser leur épicerie pop-up pour vendre les produits de distributeurs, qui iraient normalement aux restaurateurs, c'était afin d’en faire bénéficier les gens du quartier, pour accueillir les clients et créer un lien, une conversation, une rencontre, malgré tout.
Même en mode « pandémie », on peut apercevoir une file de jeunes et de moins jeunes, vibrants et allumés, qui viennent faire leurs emplettes, qui viennent dénicher une bonne bouteille et un peu de saveur en bouche.
Quelques-uns des produits disponibles à l'épicerie pop-up des Lundis au soleil
Ces initiatives improvisées démontrent une flexibilité essentielle dans une période de crise, mais ce restaurant aimerait bien redevenir un jour ce qu’il est : un restaurant. On leur souhaite que la situation des restaurateurs s'éclaircice vite, afin qu'ils puissent enfin avoir une meilleure idée du futur. On leur souhaite des réponses malgré le doute.
En attendant, vous pouvez leur donner un peu de lumière au bout du tunnel en allant acheter un lunch, un souper, une histoire pour emporter.
Ouvert du mardi au dimanche, de 11h à 20h
801 rue Jarry Est, Villeray, Montréal, H2P 1W6
514-419-0606
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