Après quelques années de consultation, de préparation mais également de controverse, la nouvelle version du Guide alimentaire canadien a finalement été lancée. C’est toute une nouvelle pour le monde de l’alimentation! Ce guide était en effet très attendu des nutritionnistes et professionnels de la santé, l'ancienne version ayant été critiquée pour sa proximité avec l'industrie mais également pour ses recommandations parfois difficiles à suivre pour le commun des mortels et devenues avec le temps décalées de la réalité d'aujourd'hui!
La dernière version du guide datait de 2007, mais il s’agissait simplement d’une légère mise à jour du Guide de 1992. Cela faisait donc plus de 25 ans qu’un réel changement de cap n’avait pas été effectué au Canada… Alors que dans les dernières années, certains autres pays se sont vraiment démarqués par des guides complètement différents, remplis de conseils simples, plus globaux et axés sur le gros bon sens… Le Brésil, entre autres, est un pionnier dans ce domaine; le Canada s’est largement inspiré de cet exemple pour élaborer le nouveau Guide.
Quelques faits remarquables sur le nouveau Guide alimentaire Canadien
Voici le lien pour télécharger les éléments visuels du nouveau Guide alimentaire Canadien.
- Il n’y a plus de concept de groupes alimentaires. Les fameux « Lait et produits laitiers » ou encore « Viandes et substituts » n’existe plus!
- On ne parle plus non plus de portions ni même de quantités précises. Rien à calculer ni à mesurer; quelle facilité incroyable pour les gens!
- La présentation visuelle est une assiette (plutôt que l'ancien arc-en-ciel), qui donne plutôt des « proportions » idéales : la moitié en légumes et en fruits, qui devraient constituer la base de l’alimentation. Le reste de l’assiette devrait ensuite être rempli par « des grains entiers » et « des aliments protéinés ».
- Parmi les aliments protéinés, on fait plus de place aux protéines végétales : tofu, légumineuses, noix et graines. Celles-ci sont devenues aussi importantes que les protéines animales : viande, poisson, œuf, yogourt…
- Ce que l’on remarque surtout dans l’assiette, c’est la variété, la couleur et la fraicheur. Ce sont des aliments simples, ni élaborés ni très transformés!
- La boisson à privilégier : l’eau, suivi par d’autres boissons non sucrées (boissons végétales, lait faible en gras, café et thé). On met en garde les gens contre les boissons sucrées (incluant le jus) ainsi que l’alcool.
Bien manger. Bien vivre.
Il s’agit de la nouvelle « devise » du Guide, qui montre bien le changement de philosophie complet, également illustré par la phrase « Une alimentation saine, c’est bien plus que les aliments que vous consommez ».
Pour la première fois, on parle donc d’autres facteurs que la nourriture elle-même et on entre dans les habitudes des gens. Et c’est souvent ce qui fait la plus grande différence pour la santé –pas de s’assurer qu’on mange tout ce qui est requis par le Guide chaque repas!
Par exemple, on conseille de « savourer les aliments » (i.e. plutôt que de manger à la course devant un écran), de « cuisiner plus » (i.e. plutôt que d’acheter des mets du resto ou encore tout préparés), de « manger en bonne compagnie » (i.e de prendre le temps de manger et d'apprécier le moment, puisque la nourriture nous rapproche), de « lire les étiquettes » et de « réduire la consommation d’aliments à haute teneur en sodium, en sucre ou en gras saturés » (i.e. transformés!). Bref, ça rejoint beaucoup des conseils que j'ai évoqué récemment!
Une petite mise en contexte
Rappelez-vous, le Guide alimentaire canadien n’est pas une obligation pour personne : vous avez toujours le loisir de choisir ce que vous désirez manger et en quelles quantités! Ceci étant dit simplement pour relativiser plusieurs commentaires d’internautes vus passés ces dernières semaines, affirmant par exemple que « ce n’était pas le gouvernement qui allait les empêcher de boire du lait certain! »
Dans les faits, peu de gens suivent à la lettre ce guide et ce ne sont même pas toutes les nutritionnistes qui s’y fient dans la pratique de leur travail -quoique toutes celles (et ceux) que je connais étaient très satisfaits par cette nouvelle mouture qui rejoint beaucoup plus les courants actuels! La nutritionniste Cynthia Marcotte m'a d'ailleurs confié ceci: «On est tous heureux de voir que le document à été simplifié, qu'il est visuellement attrayant et clair et qu'il met le focus sur l'assiette équilibrée contenant des aliments colorés et variés. On a aussi beaucoup aimé le fait qu'il insiste sur le plaisir de manger et sur le fait de bien reconnaître nos signaux de faim et de satiété en plus d'encourager les gens à cuisiner le plus possible à la maison!»
Le Guide alimentaire canadien est surtout utilisé dans un contexte « institutionnel », c’est-à-dire dans un but d’éducation ainsi que pour préparer des repas dans les hôpitaux, les résidences pour personnes âgées, les CPE, etc.
L’historique du Guide
Le premier Guide alimentaire canadien a été lancé en 1942[1], soit à une époque de guerre et de rationnement -les gens n'avaient, pour la plupart, tout simplement pas assez à manger! Ce guide visait donc surtout à prévenir les carences alimentaires, mais pourtant plusieurs de ses recommandations étaient demeurées dans les versions suivantes même si le contexte avait bien changé, par exemple le fait de suggérer jusqu’à 4 portions de produits laitiers par jour!
La majorité des gens aujourd’hui mangent amplement à leur faim (et souvent trop), ont accès à une grande variété d’aliments et sont plutôt sédentaires. Les données scientifiques sont également beaucoup plus précises et détaillées sur l’alimentation, rendant plusieurs des anciennes recommandations obsolètes.
Fait important, la version 2019 est également la première à avoir exclus de l’élaboration les groupes d’intérêt, qu’on appelle aussi « lobbys », soit par exemple l’industrie des producteurs laitiers, des producteurs de céréales et des producteurs de viande, pour se baser uniquement sur la science. Et la différence par rapport aux autres versions est notable!
[1]Source: Gouvernement du Canada
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