L’anxiété est loin d’être rare : cela affecterait environ 1 personne sur 10 au pays, à divers degrés. Pourtant, c’est un trouble méconnu, à la fois parce qu'il est difficile à comprendre de l’extérieur et parce que ce n’est pas toujours évident d’en parler.
Voici quelques faits qui vont probablement résonner avec les personnes aux prises avec de l’anxiété.
Lany-Jade Mondou/Pexels
1. Ça peut causer des comportements étranges
Certaines personnes se parlent toutes seules, parce que c’est le meilleur moyen qu’elles ont de passer à travers un problème ou une situation difficile.
Certaines personnes font soudainement beaucoup de gestes nerveux, que ce soit se ronger les ongles et les doigts, cligner des yeux, se jouer dans les cheveux, se tordre les mains, taper du pied, jouer avec leurs vêtements à répétition…
Certaines personnes ne sont tout simplement pas capables d’arrêter de parler ou se mettent à rire de façon incontrôlée dans des situations intenses/très émotives.
Certaines personnes sont si imprégnées par le tourment qu’elles ressentent à l’intérieur qu’elles peuvent paraître distantes, froides, apathiques et/ou asociales.
Bref, il s’agit toutes de manières que le corps a trouvé, plus ou moins consciemment, pour évacuer le surplus d’anxiété dans différentes situations. Si soudainement vous ne reconnaissez plus votre ami.e en public ou dans un moment où c’est important de « bien se tenir », ça pourrait être une raison.
Quand on est anxieux, on peut ne pas se rendre compte de certains comportements avant que quelqu’un nous le dise. Et ensuite, malheureusement, la tendance sera peut-être de devenir anxieux que ça arrive encore...
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2. Dire « ne t’en fais pas, ça va aller »... Ça ne fonctionne pas!
C’est probablement une des pires choses à dire à une personne aux prises avec de l’anxiété : « ça va aller », « calme-toi », « tu t’inquiètes pour rien », « c’est dans ta tête », « prends sur toi », ou autre message du genre. Cela ne sert à rien de nier que l'autre va mal en essayant de la « gaslighter ».
Bien sûr, c’est (habituellement) dit avec les meilleures intentions. Et si une personne ne fait pas d’anxiété, cela peut être un phénomène très difficile à comprendre, d’où ce genre de commentaires.
Si seulement c’était aussi simple! Les personnes qui souffrent d’anxiété n’y peuvent rien et ont des perceptions et des pensées qui sont déformées par leur condition. Alors ce genre de commentaire ne fait qu’empirer la situation et les faire sentir encore plus isolées, brisées et/ou anormales. Il faut toujours se rappeler que si une personne très anxieuse était capable de se calmer ou d’arrêter de s’inquiéter... elle le ferait!
Quoi dire alors si on veut réellement aider une personne anxieuse? La réponse est malheureusement peu évidente. Le meilleur moyen est simplement de faire sentir à la personne qu’on est là, qu’on est disponible si elle a besoin de quelque chose. On peut aussi valider sa souffrance, l'accueillir, l'accepter, au lieu de vouloir absolument que l'autre aille bien.
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Si on la connaît bien, on peut proposer certaines choses : « Voudrais-tu qu’on aille prendre une petite marche? », « Est-ce que ça t’aiderait si je te faisais couler un bain? »... Bref, proposer son aide, sa présence, et écouter vraiment l'autre dans ses besoins. Mais c’est possible que rien ne fonctionne sur le moment.
Si l'anxiété empire et se transforme en détresse psychologique intense ou en pensées suicidaires, il ne faut surtout pas hésiter à appeler des services compétents pour aider la personne :
- Centres de prévention du suicide : 1-866— appelle (277-3553)
- Suicide action Montréal : 514-723-4000
3. Les effets sont réellement physiques
L’anxiété est un trouble invisible et c’est facile de croire que ça touche seulement la santé mentale d’une personne.
Mais un état anxieux a également des répercussions physiques qui peuvent devenir très incapacitantes. Lors d’une crise d’anxiété, le corps au complet se met en mode combat ou fuite, chose qui permettait à nos lointains ancêtres d’affronter et de survivre aux dangers.
Quand ça arrive, le corps libère une grande quantité d’hormones telles l’adrénaline et le cortisol, ce qui accélère les battements cardiaques, augmente la pression sanguine ainsi que le rythme de la respiration. Le flux sanguin est concentré sur les muscles et le cerveau, mais diminué partout ailleurs et les fonctions « non-essentielles » comme la digestion ou le système reproductif sont temporairement arrêtées. Par la suite, ça prend jusqu’à une heure au corps pour revenir à un état normal. On peut donc imaginer les effets de cette réponse physiologique lorsqu’elle devient fréquente et répétée.
Même sans se rendre jusqu’à la crise, l’anxiété peut mener à des symptômes physiques désagréables, comme des maux de tête, des douleurs musculaires, une fatigue constante et généralisée, de l’arythmie cardiaque, des étourdissements…
Certaines personnes serrent tellement fort des dents qu’elles compromettent la structure de leur mâchoire. Certaines personnes font des poussées d’urticaire sévères. C’est bien réel.
4. Les déclencheurs sont multiples et différents pour tout le monde
Certaines personnes sont très sensibles au manque de lumière durant l’automne et l’hiver. L’alimentation peut également jouer un rôle, assez important dans certains cas, même si peu de gens le savent.
Plusieurs médicaments peuvent avoir un effet anxiogène chez certains, comme les décongestionnants, les stimulants, les remèdes pour l’asthme, les anticonvulsifs, les médicaments pour la glande thyroïde et la pilule contraceptive.
Il y a beaucoup de déclencheurs : la peur de déplaire ou de ne pas être à la hauteur, l’inquiétude pour le futur ou pour nos proches, les situations sociales, les situations nouvelles ou inconfortables, les situations similaires à un traumatisme passé… Il n’y a pas qu’un seul type de personne anxieuse et un seul moyen de gérer/contrôler son anxiété.
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5. La rumination et les pensées négatives sont parmi les pires symptômes
Souvent, les personnes anxieuses sont constamment bombardées par des pensées négatives qu’elles ont du mal à contrôler. Ces pensées ne sont pas basées sur la raison, mais paraissent bien réelles quand même.
Elles peuvent par exemple leur rappeler qu’elles ne sont pas à la hauteur, que personne ne les aime, que les gens leur en veulent personnellement, qu'un malheur pourrait subitement arriver… Une attaque d’anxiété peut par exemple survenir simplement parce qu’une personne chère arrive 10 minutes en retard ou ne répond pas tout de suite à un texto.
La rumination est également un symptôme difficile, par lequel la personne anxieuse revit constamment et sur-analyse toute petite erreur du passé, toute situation dans laquelle elle considère qu’elle n’a pas réagi comme il fallait sur le coup, tout conflit aussi mineur soit-il… Il va sans dire que c’est épuisant, surtout si ça arrive pendant les heures normales de sommeil.
6. La stigmatisation fait mal
Malgré le fait que l’anxiété est assez courante, beaucoup de personnes n’osent toujours pas en parler. Elles souffrent en silence par peur d’être incomprises, que leur souffrance (invisible) soit minimisée ou encore qu’elles soient « prises pour folles ». En effet, énormément de personnes croient malheureusement encore que l’anxiété n’est pas une véritable condition médicale, que les personnes anxieuses devraient juste se ressaisir, et même que c’est un signe de faiblesse.
Pourtant, en parler fait du bien aux personnes atteintes, ne serait-ce que parce que ça leur permet de se sentir moins seules.
Ce qu’il reste important de comprendre, c’est qu’il ne s’agit pas d’une excuse; personne ne souhaite vivre avec de l’anxiété. Mais aussi, que même lorsqu’elle l’affecte beaucoup, l’anxiété ne définit pas une personne.
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