Le mode de vie zéro déchet est de plus en plus discuté dans la sphère publique et c’est tant mieux! On m’a demandé ici de parler de mon expérience en « transition » vers ce mode de vie.
Je dois d’abord spécifier que je ne suis pas « zéro déchet » et que je ne suis pas certaine que je le serai un jour! Simplement j’ai entamé une réflexion il y a quelques années qui m’a poussé à effectuer certains changements dans cette direction… Je suis loin d’être parfaite et je n’ai pas de leçons à donner à personne. Je fais pour le mieux avec ma situation particulière et je veux continuer à faire de plus en plus d’efforts au quotidien. Je décrirais donc mon mode de vie comme étant « conscient des déchets et en réduction de ces derniers ».
Ma situation
Je vis en banlieue de Montréal avec mon conjoint, nos deux enfants de 11 ans et 14 ans ainsi qu'un chat. Je travaille de la maison depuis une dizaine d'années, ce que je considère comme un point positif pour ce mode de vie (moins de transports, flexibilité qui me permet habituellement de bien planifier les repas et l’organisation familiale). Par contre, le fait de ne pas être en ville constitue aussi un point négatif, par exemple parce que je dois me déplacer en voiture (j'en suis toutefois à ma 2 e auto électrique!) pour faire les courses et que les livraisons (presque quotidiennes chez nous) sont moins efficaces.
Mes limitations
En toute honnêteté, différentes choses me freinent un peu dans cette transition et j’en suis bien consciente. Par exemple, comme blogueuse je reçois souvent des cadeaux et des produits à tester, ce qui fait partie de mon travail. Je navigue du mieux que je peux là-dedans, par exemple, lorsqu’on m’en donne l’occasion, en prenant quelques secondes pour me demander si j’en ai vraiment besoin et en refusant lorsque ce n’est pas le cas. Le mieux que je peux faire, c’est aussi de ne pas gaspiller ces produits, en distribuant l’extra autour de moi de différentes manières.
L’autre frein, c’est la famille… J’avoue que je trouve ça difficile de concilier la vie de mes enfants avec le zéro déchet. J’essaie de trouver un équilibre entre appliquer ces principes au quotidien et ne pas les rendre trop « différents » (mon fils étant Asperger, c’est quelque chose auquel nous sommes très sensibles). Ils m’ont souvent exprimé par exemple que les autres enfants étaient perplexes (et légèrement dégoûtés) face à leur boîte de lunch, remplie de sacs réutilisables en tissu et de boîtes bento en métal. Ce sont des enfants alors de temps en temps ils aimeraient tellement ça avoir « des pattes d’ours » et autres collations du genre comme tout le monde! Donc parfois je cède et je leur fais plaisir, même si c’est en emballage individuel.
Même chose pour les consoles de jeux et autres : je n’aime pas beaucoup ça, mais en même temps je ne veux pas que mes enfants soient les seuls qui ne sachent pas ce que c’est! Ils reçoivent aussi beaucoup de choses qui vont un peu contre mes valeurs : des « gogosses » lorsqu’ils sont invités à des fêtes, à l’école, au camp de jour ou dans leurs activités parascolaires, des cartes cadeaux du Dollorama, ils se font « gâter » lorsqu’ils sont avec d'autres membres de la famille, etc. De notre part, on essaie le plus possible, au lieu de leur acheter des jouets (même s’ils en ont BEAUCOUP) à leur fête ou à Noël, on soit de leur procurer des choses « utiles » qu’on achèterait de toute façon (un nouveau vélo, un sac à dos cool, etc.) ou soit des « expériences ». Sauf que c’est loin d’être parfait!
Comment ça a commencé
Je ne me souviens plus comment c’est arrivé, mais un jour en 2012 je suis tombée sur le blogue de Zero Waste Home. Ça m’a tout de suite rejoint : d’abord le côté plus « minimaliste » mais aussi je dois dire, l’esthétique qui était un peu contraire à ce que je voyais habituellement autour du concept de « simplicité volontaire ». L’univers de Bea (l’auteure), était non seulement en harmonie avec l’environnement, mais aussi incroyablement stylé. Et ce n’est pas que je suis superficielle, mais ça m'a toujours fait du bien de m’entourer de beau et réaliser que c’était possible de combiner les deux a été un gros déclencheur.
Ça vient évidemment d’abord d’une volonté de faire ma part pour l’environnement. Ça ne me rentrait pas dans la tête par exemple d’acheter un énorme contenant de savon à lessive en plastique rigide, de forcer pour le transporter jusque dans mon armoire, de le vider puis de le jeter et d’en acheter un autre exactement pareil quelques mois plus tard! Ça ne me rentrait pas non plus dans la tête de voir tant de gens autour de moi qui buvaient exclusivement de l’eau en bouteille de plastique : je me disais, si notre volume de déchets était notre responsabilité, si ces derniers ne disparaissaient pas « magiquement » chaque semaine, nous consommerions bien différemment!
Je pense de plus que ce mode de vie est plus « apaisant pour l’âme ». Se consacrer à l’essentiel et essayer de rejeter le superflu/ce qui nuit à notre planète, ça fait juste du bien, point. Simplifier un peu son existence, c’est un baume au sein d’une société qui crée beaucoup de stress au quotidien.
La suite s’est faite petit à petit, en commençant par la cuisine, qui reste ma grande passion…
La cuisine
artpixelgraphy Studio / Shutterstock
Une des premières choses que j’ai faites est de repenser mon garde-manger : j’ai remplacé tous les emballages épars par des contenants en verre et j’ai commencé à acheter du vrac chaque fois que c’était possible.
Au quotidien, ça veut aussi dire cuisiner le plus possible plutôt que d’acheter des aliments préparés : des vinaigrettes, des pâtisseries et des desserts, des condiments, des conserves, des confitures, des sauces, etc. Je fais parfois aussi mon pain, mais pour le plaisir, même si ça a aussi l’avantage d’être zéro déchet! L’idée n’est pas d’être esclave dans la cuisine et de me sentir misérable à cause de ça, mais de faire ce que je peux lorsque ça a du sens. Le plus possible, je prépare aussi des lunchs pour les enfants et mon conjoint afin d’éviter les contenants jetables.
Le café et le thé sont aussi préparés à la maison; nous avons une machine Keurig que nous aimons beaucoup, mais on l'emploie avec une capsule réutilisable. Nous faisons nos propres jus et nos smoothies. Tout le monde a sa bouteille d’eau en métal lorsqu’on part de la maison et j’essaie de ne jamais être prise au dépourvu, en apportant partout les bouteilles, les sacs réutilisables, le kit de vrac, etc.
Faire du compost est également un gros plus pour générer moins de déchets et ce, même si notre municipalité ne le ramasse pas! On l’utilise une fois par année pour notre petit jardin, qui fait également partie d’une stratégie « réduisons les déchets ». En saison, plusieurs produits proviennent directement de notre cour –même si ce n’est pas la majorité, il n’y a rien de mieux que ça!
Les produits de soins et d’hygiène
Il y a beaucoup de changements qu’on peut faire dans cette sphère; j’en ai parlé sur Look du jour.
Je fais plusieurs de mes produits : de la poudre libre pour le visage, de l’exfoliant, du démêlant pour les cheveux, du déodorant (qui reste mon produit préféré), du dentifrice, du baume à lèvres, des masques maison, du shampoing sec en poudre…
J’ai changé les bouteilles de shampoing et de revitalisant pour des versions solides, j’ai laissé tomber différentes choses superflues comme le gel douche et la crème à raser… L’idée est de simplifier ma routine et de privilégier des produits et ingrédients qui peuvent répondre à différents besoins.
J’utilise également une coupe menstruelle depuis plus de 5 ans et je trouve cette solution parfaite pour moi; je ne comprends pas pourquoi son utilisation n’est pas plus répandue!
Les produits ménagers
Maude Bergeron - Cuisine estudiantine
C’est une sphère très facile à réorganiser : en général, on a besoin de beaucoup moins de produits que les publicités souhaitent nous le faire croire! Et puis revenir à quelques produits maison à base d’ingrédients simples, ça me semble également plus sain pour la maison et la famille.
Depuis plusieurs années, je fais donc mon savon à lessive et j’ai cessé d’utiliser de l’assouplisseur pour les vêtements. Comme détachant, un bon vieux savon en barre fait habituellement l’affaire.
Chaque hiver durant la saison des agrumes, je conserve mes pelures d’orange et de clémentine pour mon fameux « nettoyant tout-usage » que je fais pour toute l’année. C’est tellement simple mais aussi tellement efficace… Pour le reste, du vinaigre, du bicarbonate de soude, du citron et du savon de Castille : c’est tout ce qui est nécessaire ou presque.
Mon prochain défi : j’ai fait différents tests mais je n’ai pas encore trouvé de recette satisfaisante pour le savon à lave-vaisselle. Je l’achète donc pour l’instant en poudre dans un emballage en carton mais je veux arriver à le faire moi-même!
Les vêtements
J’adore la mode et j’achète des vêtements (j’ai en gros besoin de trois garde-robes : vêtements de sport pour m’entrainer 6 fois par semaine, vêtements relax de maman à la maison et vêtements pour des événements de blogueuse ou autres sorties). Par contre, je ne succombe pas à toutes mes envies ni à toutes les tendances, je les garde le plus longtemps possible (je porte encore quelques vêtements que j’ai acheté dans les années 90, sans blague) et je privilégie la qualité, incluant des entreprises d’ici lorsque c’est possible. J’adore aussi le principe des échanges de vêtements de seconde main : j’en ai déjà organisé et j’ai assisté aussi à plusieurs.
Pour les enfants, c’est la même chose : quand ils étaient plus petits ils ont énormément porté des trucs qui avaient déjà servi! Et même maintenant, tout ce qui peut être passé à d’autres l’est.
Les biens de consommation
Pour tout le reste de ce que nous avons besoin, c’est du cas par cas… J’essaie de rester dans la sphère du nécessaire et de ne pas m’acheter des gadgets qui auront peu d’utilité. Épurer, ça fait toujours du bien!
Mon chum est un passionné d’objets vintage et le suivre là-dedans m’a ouvert deux portes : je collectionne des objets de cuisine antiques dont je me sers entre autres pour mes photos Instagram, mais je n’achète que ce que peux réellement utiliser (de la vaisselle, des assiettes à tartes, des plaques, des ustensiles, etc.) C’est incroyable (et frustrant) de réaliser d’ailleurs que la plupart de ces objets étaient beaucoup mieux faits et plus durables que ceux d’aujourd’hui, puisqu’ils datent d’avant le concept d’obsolescence programmée.
L’autre porte, c’est qu'à cause de lui je me suis familiarisée avec l’univers du seconde main, des petites annonces, des ventes de garage et des marchés aux puces par exemple! Quand c’est possible, ça a beaucoup de sens de se procurer des items spécifiques (des valises, des outils, des articles pour bébés, de l’équipement de sport etc.) usagés. Non seulement on économise et on évite les emballages associés au neuf mais on participe également à une forme de recyclage salutaire pour la communauté. Les enfants ont embarqué là-dedans aussi et leurs propres achats sont souvent de seconde main : des jeux de table, des jouets, des jeux vidéo, des vêtements dont ils se servent comme costume...
Une 3eavenue, autant pour des items que je ne veux plus que ceux que je cherche, ce sont les groupes privés sur Facebook. C’est tout un univers qui s’est ouvert pour moi quand j’ai découvert cette ressource! Il existe en effet de nombreux groupes du genre VTCT (Veux-tu ça toi?) ou ATCT (As-tu ça toi?), pour presque toutes les régions (et même les quartiers, en ville). Ces groupes proposent tout et n’importe quoi, gratuitement! C’est d’abord une initiative sociale (pour aider les gens dans le besoin), mais par extension c’est également une forme de récupération qui a tellement de bon sens, puisqu’elle met directement en contact quelqu’un qui veut se débarrasser de quelque chose avec quelqu’un à qui ça pourrait servir. Il existe de plus des groupes spécifiques de vente, pour les items de chez IKEA par exemple.
À voir aussi:
10 changements qui ne coûtent presque rien pour produire moins de déchets dans la cuisine
Conseils pour voyager de façon écoresponsable
Les balles de séchage, vous connaissez?