Le 12 janvier aura lieu le 10e anniversaire du séisme en Haïti qui a causé la mort de plus de 250 000 personnes. Les témoignages poignants et troublants sont nombreux. La population locale mérite tellement mieux, mais peine à se relever étant donné la situation politique actuelle. Malgré tout, de ce pays émanent des gens inspirants qui font tout en leur possible pour aider la population locale, et conservent l’espoir de construire un pays où il fait bon vivre.
Car les Haïtiens ne baissent pas les bras, ceux qui habitent toujours là-bas, ceux qui ont quitté leur pays pour pouvoir mieux l’aider par la suite, ceux qui font grandir des projets, un à la fois, en gardant toujours l’espoir qu’un jour leur pays d’origine et ses habitants pourront vivre fièrement, en pouvant subvenir eux-mêmes à leurs besoins fondamentaux, en retrouvant leurs droits.
Ils sont connus, d’autres bien peu, mais ils font tous une différence à leur façon. Et ils ont beaucoup à nous apprendre.
Dany Laferrière, écrivain
Agence France-Presse
Dany Laferrière, à travers ses mots, son œuvre nous fait voir son pays d’origine, sa beauté et ses travers. En plongeant dans l’un de ses romans, on ressent l’âme du pays, le bonheur d’une tasse de café ou le simple fait de rouler à vélo; le délice de l’océan, la complicité avec un vieux chien. On y comprend également la complexité à y vivre, l’étouffement qu’on peut y ressentir, la difficile réalité de l’exil.
On remarque toute la disparité avec notre quotidien de québécois, alors que les gens ne pensent pas à ce qu’ils pourraient bien manger pour souper, mais plutôt s’ils vont pouvoir manger. On découvre entre autres des peintres primitifs qui remplissent des toiles par instinct de survie, qui font des chefs d’œuvre pour réussir à manger, tout simplement.
Dans son tout dernier livre, Vers d’autres rives, son histoire se clôt sur ces mots, en parlant du séisme qui a secoué Haïti en 2010 : « Derrière ces maisons brisées, je cherche le visage de l’amour. Dernière rive. » Le visage de l’amour : sans aucun doute ce qu’il y a de plus précieux en ce bas monde. Et malgré le chaos, cet amour persiste. L’amour qui permet de traverser le temps et aussi qui donne la force de se relever de toute tragédie, et ce, malgré le chaos.
Dominique Anglade, députée libérale
kanpe.org
Bien connu sur la scène politique, Dominique Anglade est députée de Saint-Henri-Sainte-Anne depuis 2015. Elle est née à Montréal, en 1974, de parents haïtiens. Ceux-ci sont décédés tragiquement lors du tremblement de terre en Haïti en 2010. Comme elle l’a rappelé dans son témoignage émouvant à l’Assemblée nationale, en reprenant les mots de sa tante : « nos morts sont morts, il va falloir qu’on les enterre. Par contre, on peut faire encore beaucoup pour les vivants. »
Elle se remémore également les mots écrits par son père à sa mère l’année de sa naissance : « Allons bâtir des quotidiens qui ressemblent à nos rêves ». Car même lorsqu’on vit le pire cauchemar, il faut continuer à regarder vers l’avant, continuer de croire en nos rêves.
Dominique Anglade a donc fondé dès 2010, avec Régine Chassagne du groupe Arcade Fire, KANPE, qui signifie en créole se tenir debout. La mission de la fondation est d’accompagner des familles haïtiennes vulnérables vers l’autonomie financière.
Ils réussissent à faire une réelle différence dans la vie de plusieurs habitants du pays. Entre autres, grâce à un partenariat avec une fondation privée canadienne, KANPE a soutenu le Programme d’accompagnement familial qui a permis à 550 familles de sortir de la pauvreté extrême grâce à la création de microentreprises. Grâce à ces microentreprises, ces familles réussissent à obtenir un peu d’épargnes. La scolarité a alors passé de 31 à 87 %.
Des animaux d’élevage ont aussi été distribués, ainsi que des graines de haricot, et ils offrent des formations de base en comptabilité et différentes formations techniques. Les résultats sont nombreux et concrets. Pour en connaitre les détails, consultez KANPE.org.
Marjorie Villefranche, directrice générale de la Maison d’Haïti
Facebook CDPDJ
Marjorie Villefranche est venue au Québec à l’âge de 12 ans pour y passer des vacances, mais finalement, elle n’est jamais retournée vivre en Haïti. Ce sont ses parents qui sont venus la rejoindre. Vous pouvez imaginer le choc, alors qu’elle n’avait pas pu faire ses adieux à sa terre natale.
Elle est aujourd’hui directrice générale de la Maison d’Haïti à Montréal depuis 2010, mais elle y collabore depuis bien plus longtemps. Cette maison fondée en 1972 pour la communauté haïtienne s’est diversifiée à travers les années et y accueille maintenant les gens de toutes origines.
Lors du séisme de 2010, la Maison d’Haïti s’est transformée en centre de crise et a accueilli de nombreux Haïtiens. Le mouvement de solidarité entre les Québécois et les Haïtiens a d’ailleurs été extraordinaire. De nombreux Québécois de souche se sont transformés en bénévoles pour offrir leur soutien.
10 ans plus tard, Marjorie Villefranche est toujours à la tête de la Maison d’Haïti et continue à avoir un impact considérable sur la communauté haïtienne ici et là-bas.
Kerlando Morette, jeune entrepreneur
Instagram Kerlando Morette
Kerlando Morette est un jeune entrepreneur haïtien de 26 ans. Il a évité de peu le tremblement de terre puisqu’il est arrivé au Québec 13 jours avant la tragédie. Il s’est longtemps senti coupable d’avoir quitté son pays, d’avoir quitté les siens. Malgré tout, il a plongé à fond dans sa nouvelle vie où tout était dorénavant possible. Il s’est rappelé sa famille en Haïti pour qui l’entrepreneuriat était sa seule option de survie. En effet, ils survivaient grâce à du commerce de nourritures au coin d’une rue. Ici, même si ce n’est plus une question de survie, l’entrepreneuriat continue à couler dans ses veines. Il ne peut en effet se contenter du confort du salarié. Il veut vivre pleinement sa vie.
En 2016, avec son amie Myriam, il fonde donc Innovapub, une entreprise qui commercialise des bornes de recharges pour cellulaire avec des contenus publicitaires. À travers son réseau qui ne cesse de grandir, il fait tranquillement sa place. Il continue également à s’impliquer en Haïti, entre autres en travaillant sur un projet pour diminuer la déforestation. Pour ce faire, il implante un système pour transformer les déchets organiques en charbon vert. Celui-ci, bien moins cher et moins polluant, viendra graduellement remplacer le charbon de bois qui est actuellement très utilisé par la population.
Le 30 décembre dernier, il a livré un magnifique message sur sa page Facebook pour souligner ses 10 ans de vie en sol québécois. En voici une partie : « Le Québec est pour moi l’endroit où les rêves deviennent réalité. Le Québec a réussi à mettre en valeur ses talents, ses ressources naturelles et intellectuelles au service de tous les Québécois et même des nouveaux arrivants. Je rêve maintenant au jour où les dirigeants de mon pays maternel atteignent cette maturité. »
Il gagne assurément à être connu. Suivez-le sur Instagram.
Il s’agit que d’une infime partie de gens qui font une différence dans la vie de plusieurs. 10 ans plus tard, Haïti souffre toujours de ce violent séisme, mais comme l’auteure Yanick Lahens le rappelle dans son livre Failles, cette faille en cachait de nombreuses autres.
Mais les Haïtiens sont patients. Et ils nous offrent un regard totalement différent sur notre Québec. Puisque l’on est tous reliés de près ou de loin, ce qui se passe en sol haïtien nous touche également. On peut tous contribuer à notre façon, pour que dans 10 ans, Haïti soit un nouveau pays.
Sources: La Presse, Réseau M, La Maison d'Haïti
Sympatico souhaite remercier la collaboration de Cynthia Brunet et Betty Archille pour la réalisation de cet article.
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