Nous connaissons tous une ou plusieurs femmes atteintes de ce qu'on appelle parfois le « syndrome » de la sauveuse : votre collègue, voisine, soeur, ou peut-être vous-même! Vous savez, celles qui se mêlent des problèmes relationnels de leurs proches en tentant de venir en aide à quelqu'un qui a subi une attaque verbale, qui tâchent de régler tous les conflits, ou interviennent dans les disputes des autres pour les « sauver » d'une situation embêtante...
Bien que partant d'un bon sentiment, cette habitude est souvent mal vue par l'entourage... en plus de causer des souffrances pour celle qui vit toujours par procuration les sentiments d'autrui (parfois même plus fortement que la personne elle-même!) Mais qu'est-ce qui poussent ces femmes à s'impliquer dans la vie de tous ceux qui les entourent?
Pourquoi développe-t-on cette attitude?
Il est difficile de trouver une réponse unique à cette question. Plusieurs choses peuvent expliquer cette tendance à se mêler de tout (ou presque), la plupart d'entre elles trouvant leur source dans l'enfance. En voici quelques exemples :
- Être l'aînée d'une famille nombreuse, et avoir dû s'occuper souvent de ses jeunes frères et/ou soeurs. La personne dans cette situation développe un sentiment de responsabilité envers ceux qui l'entourent et a des difficultés ensuite à ne s'occuper que d'elle-même. Notez que les phrases prononcées par les parents ont ici toute leur importance (tu es responsable, tu dois montrer l'exemple, c'est toi la plus grande, etc.)
- Avoir assisté à de nombreux conflits (des parents, surtout) : souvent, la personne qui est dans ce cas ne supportera pas les malentendus et souhaitera intervenir afin de s'assurer que les choses se règlent de façon pacifique.
- Être dotée d'une personnalité très, très maternelle : les « mères poules » ont tendance à vouloir protéger leur progéniture... et tout le reste du monde!
- Ne pas supporter les divergences d'opinions et les disputes : pour certaines, un sentiment profond de malaise survient dès que le ton monte, et elles essayent alors d'intervenir pour rétablir la paix le plus vite possible.
- Vouloir se retrouver au centre de toutes les situations, même lorsque celles-ci ne nous concernent pas : cela est souvent fait de façon inconsciente, mais il existe beaucoup de personnes qui ne supportent pas d'être « à l'écart » de l'action. Ainsi, lorsqu'un conflit survient entre deux collègues, par exemple, elles devront absolument trouver un moyen d'intervenir, soit en prenant parti pour l'un des protagonistes, soit en proposant des compromis afin de régler le problème.
Il ne s'agit ici que de quelques pistes de réponse. Évidemment, chaque personne est différente. Il faut cependant retenir que c'est le vécu de chacune, associé à ses expériences et à sa personnalité qui influencera ses réactions en situation de conflit.
Qu'est-ce que ça apporte?
Habitudes
En fait, il faut bien comprendre que la personne concernée ne réfléchit pas en termes clairs à ce que lui apporte son attitude. C'est un besoin et elle ne peut simplement pas s'empêcher d'intervenir. Lorsqu'une situation, quelle qu'elle soit, dégénère, quelqu'un doit mettre les pieds dans le plat. Ces femmes endossent généralement le rôle d'arbitre de manière parfaitement naturelle.
De plus, et c'est surtout le cas des femmes d'un certain âge, lorsqu'on a joué ce rôle de « sauveuse » toute sa vie, il devient normal d'intervenir. Elles ne se demandent même plus si c'est la chose à faire ou non : il s'agit simplement d'un comportement habituel.
Fierté
Évidemment, il y a aussi une certaine fierté à se dire qu'un conflit s'est réglé grâce à notre intervention. Qu'on le veuille ou non, il est bien rare de ne faire les choses que par altruisme désintéressé. Même lorsque le bien-être qu'on y gagne n'est que mental, c'est suffisant pour continuer.
Bonne action
En effet, savoir que nos interventions permettent de réconcilier certaines personnes, d'éviter des conflits ou de ramener la paix dans un bureau peut grandement aider à rehausser notre estime de soi. On se sent utile, voire indispensable, et ce sentiment peut à lui seul expliquer cette attitude. Eh oui, nous avons tous (et toutes) besoin de nous sentir indispensables...
Comment se défaire de cette habitude?
Avant de chercher absolument à changer du tout au tout, il convient de se poser quelques questions.
- Est-ce que mon attitude dérange effectivement mon entourage : réflexion, commentaires négatifs, etc.
- Est-ce que je cherche à intervenir même lorsque je connais peu (ou pas) les personnes concernées?
- Est-ce que je dois vraiment faire un effort sur moi pour ne pas me mêler des affaires des autres?
Si vous avez répondu oui à ces questions, il est fort probable que votre attitude, même si elle part d'un bon sentiment, soit démesurée et nécessite que vous effectuiez un travail sur vous-même. Il vous faut comprendre que le monde peut très bien tourner sans vous, que chaque être humain est doté d'une capacité à régler ses propres conflits sans l'aide d'un tiers. C'est peut-être difficile à entendre et à admettre, mais vous n'êtes pas indispensable au bon fonctionnement général de la planète... Personne ne l'est.
Faire confiance
De plus, même dans le cas de situations familiales spécifiques, il convient de faire confiance à vos proches. Comment voulez-vous que vos enfants apprennent à gérer leurs conflits dans la vie si vous ne les laissez pas essayer? Comment votre conjoint pourrait-il développer des moments « homme à homme » avec votre ado, si vous intervenez sans cesse pour savoir si « tout va bien »?
Adapter l'habitude à une situation utile
Cela dit, il existe certainement des situations qui vous permettront de combler votre besoin d'intervenir : pendant les disputes entre vos enfants (mais pas toutes!), lorsqu'on vous demande expressément votre avis, dans les situations impliquant des personnes qui vous sont très proches (famille et amis).
Les bienfaits du lâcher-prise
Même si vous ne vous en rendez pas compte pour l'instant, il existe beaucoup de points positifs à s'occuper de ses affaires... Tout d'abord, il faut bien comprendre que toutes les situations de conflit sont cause de stress. Ne pensez-vous pas que la vie est déjà assez difficile comme ça, sans vouloir en plus vous charger du stress de personnes externes? Tâcher de régler ses propres problèmes est déjà assez difficile, alors pourquoi vouloir prendre, en plus, le fardeau des autres?
Économie de temps et d'énergie
Assurément, si vous vous concentrez désormais sur vous et votre noyau de connaissances, vous gagnerez un temps précieux, en plus d'améliorer votre humeur générale. Exit les problèmes de la cousine du voisin ou du collègue qui occupe le quatrième cubicule à droite... Concentrez-vous sur ce qui vous touche réellement! Après quelque temps, vous vous rendrez compte que vos pensées, au lieu d'être constamment occupées par des histoires négatives, seront concentrées sur ce qui compte réellement dans votre vie.
De plus, n'oubliez pas que nous sommes chacun responsable de nous-mêmes, et seulement de nous-mêmes. Il ne sert à rien de gaspiller votre précieux temps pour des personnes qui n'apprécient pas votre geste et vos efforts. Sachez, au contraire, conserver toutes vos énergies pour ceux qui en valent vraiment la peine, à commencer par vous-même!
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