« Détransitionneur », ce nouveau terme a été mis en lumière dans un reportage de Radio-Canada. Ce sont de jeunes adultes qui utilisent eux-mêmes ce mot pour démontrer leur réalité. Ils avaient fait le choix de faire la transition vers le sexe opposé et ils ont décidé de refaire le chemin inverse.
Un nouveau phénomène
La journaliste Émilie Dubreuil a démontré cette réalité méconnue et a offert une voix à des jeunes qui ont décidé de « détransitionner ». Ils croyaient, en changeant de sexe, avoir une seconde chance dans la vie. Pourtant, ils ont réalisé que leur malaise persistait. Ils n’étaient pas plus heureux et même que parfois la détresse s’est accentuée. Certains d’entre eux ont réalisé qu’ils étaient en fait homosexuels, mais qu’ils n’avaient pas été capables de se l’avouer étant donné des gestes d’intimidation ou homophobes de leurs pairs. D’autres ont réalisé qu’ils étaient profondément mal avec eux-mêmes, mais qu’ils l’étaient tout autant dans le sexe opposé.
Une fois cette prise de conscience amorcée, ils ont cessé de prendre des hormones ou des bloqueurs de puberté pour revenir à leur sexe initial.
Une réponse d’Enfants Transgenres
Enfants transgenres a répondu à ce reportage en disant que cela peignait une minorité. Selon l’organisme, la majorité des enfants qui effectuent une transition vers l’autre sexe se voient libérés d’un poids et peuvent enfin vivre comme ils le souhaitent. Il déplore que le reportage donne la voix uniquement aux « détransitionneurs ».
Une souffrance bien réelle
Ce sujet est complexe, la réalité délicate. Chose certaine, les gens qui prennent la décision de changer de sexe ne le font pas sur un coup de tête. Les parents les encouragent rarement sur cette voix, mais ils les supportent, les accompagnent, les aiment profondément et souhaitent leur bonheur.
Ces jeunes vivent une dysphorie du genre, c’est-à-dire qu’ils ont l’impression d’être dans le mauvais corps, et ce depuis leur naissance. Leurs souffrances sont bien réelles et cela va bien au-delà d’une petite fille que l’on surnomme « garçon manqué » ou à l’inverse d’un petit garçon efféminé.
Lorsqu’ils apprennent, souvent via le monde infini de l’Internet, que la médecine peut leur offrir une solution à leur malaise, plusieurs connaissent enfin une libération. On peut critiquer ou non ceux qui s’identifient aux transgenres qui partagent leur transition sur leur chaine YouTube, mais on ne peut nier qu’ils sont une source d’inspiration et d’espoir pour des jeunes qui ne trouvent plus de réponses au sein de leur entourage. Ceux-ci réalisent qu’il existe une solution pour être bien dans leur peau. Pour certains, il s’agit d’une question de vie ou de mort, un enjeu peu banal.
La médecine pour basculer dans le sexe opposé
Il est donc maintenant possible de prendre des bloqueurs de puberté dès l’âge de 11-12 ans, prendre des hormones soit de la testostérone ou de l’anti-androgène et de l’œstrogène vers l’âge de 18 ans et ensuite, ceux qui le souhaitent peuvent faire appel à la chirurgie pour une transformation complète.
Cependant, malgré les avancées de la médecine, il est impossible de transformer complètement une femme en homme et vice versa. La médication devra être prise tout au long de la vie avec des répercussions qu’on ne connait pas encore.
Sommes-nous anti-transgenres si nous posons des questions?
Le discours doit être ouvert
Le processus n’est donc ni noir ni blanc pour ceux qui l’enclenchent. Souvent, il n’existe pas d’autres solutions à cet instant précis. Toutefois, sans pointer son voisin ou son ami du doigt, il est sain comme société de se questionner. De tels débats ne doivent pas se restreindre aux cours d’éthique ou de philosophie. À cet effet, le reportage de la journaliste Émilie Dubreuil présente une réalité documentée sur les détransitionneurs et même s’ils sont une minorité, il faut les écouter.
Un documentaire aux multiples facettes : Les enfants trans, il est temps d’en parler
Le documentaire de Stella O’Maley, Les enfants trans, il est temps d’en parler, présente aussi une vision complexe de l’univers des transgenres. On y voit des jeunes qui font la transition et qui sont totalement heureux; des parents inquiets, mais qui accompagnent leur jeune, car c’est ce qu’il souhaite au plus profond d’eux. On entend le témoignage d’un autre jeune sympathique et allumé qui est conscient d’être un cobaye, mais qui y trouve davantage de points positifs que négatifs. Une jeune femme qui a « détransitionné » explique qu’elle ne regrette absolument rien, car ce cheminement lui a permis de mieux se connaitre et de s’accepter. Stella O’Maley rencontre également un transgenre qui a amorcé la transition alors qu’il était déjà marié et avait des enfants. La situation n’est pas plus limpide alors qu’on est un adulte mature. Pour l’entourage, c’est même plus complexe. La femme qui a marié un homme qui devient finalement une femme perd de nombreux points de repère. Celle-ci ne se considère pas lesbienne, même si son partenaire de vie est dorénavant une femme.
De l’amour et une grande écoute
Dans toutes ces histoires, il en ressort une grande dose d’amour. On aime notre enfant ou notre partenaire indépendamment du genre qu’il affiche et on veut surtout qu’il soit bien avec lui-même.
Ceux qui reviennent à leur sexe initial le font, car ils ont trouvé une personne qui a pris le temps de les écouter et de les accepter. D’autres font le processus pour changer de sexe pour les mêmes raisons. Bref, c’est complexe et les nuances sont nombreuses!
Des discussions qui ne doivent pas être censurées
Stella O’Maley ne démontre pas un instant qu’elle est anti-transgenre, tout comme la journaliste Émilie Dubreuil. Il en va de même avec les experts, comme James Caspian, psychothérapeute qui a travaillé de nombreuses années avec les transgenres, mais dont les recherches sur les détransitionneurs ont été interdites par les universités par crainte de représailles.
pourtant, la discussion ne doit pas être censurée, elle est légitime. L’inquiétude se porte plutôt sur la médication. Quels sont ses effets à long terme comme l’infertilité et la perte de désir ou de sensation? Les bloqueurs de puberté influencent le développement physique, mais interagissent aussi avec le parcours psychique des adolescents; quelles en sont les répercussions? Cerne-t-on le véritable malaise? Est-ce qu’un médicament est la meilleure solution ou simplement la plus rapide? Les impacts sont méconnus, mais il ne faut pas oublier aussi que la transition vers le sexe opposé peut transformer la vie de manière positive dans de nombreux cas.
Des zones grises qui démontrent un malaise profond
Les zones grises sont nombreuses et le bien-être de tous s’avère primordial. La Dre Heather Brunskell Evans se demande pourquoi nous n’apprenons pas à vivre avec notre corps et ainsi dépasser la notion du genre, plutôt que de se tourner vers les médicaments et la chirurgie. Être qui nous devons être. Tout simplement. Mais à l’heure où la chirurgie plastique est des plus populaires, le débat déborde du sujet. Nous sommes à une époque où plusieurs mènent une quête pour être tout simplement quelqu’un d’autre, indépendamment des souffrances et des questionnements liés aux genres. Notre société moderne et les communications qui vont à un rythme effarant accentuent peut-être tous ses malaises.
Je ne suis pas une spécialiste, ni docteure, ni psychologue, mais je crois qu'il est nécessaire de se pencher sur les enjeux liés à l'univers des transgenres. Il faut se documenter, avoir un regard critique sur la médication à vie, mais surtout ouvrir notre cœur à la différence, ouvrir nos oreilles à tous ceux qui veulent se faire entendre, en commençant par nos propres enfants.
Si vous êtes touchés de près ou de loin par ce phénomène ou tout ce qui est liés aux LGBTQ+, ils existent diverses ressources, entre autres :
GRIS – Groupe de recherche et d’intervention sociale
Guide de ressources LGBT – Gai écoute
Sources: Radio-Canada, Enfants Transgenres.ca, Huffpost, Les enfants trans
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