S'il est un sujet pour lequel les avis divergent, c'est bien celui-ci... Certaines personnes sont persuadées qu'il faut habituer bébé à être indépendant dès son plus jeune âge, alors que d'autres favorisent la fusion parentale systématique afin d'éviter les pleurs à leur enfant. Et bébé dans tout ça, quels sont ses vrais besoins? Pouvons-nous les détecter?
Les pleurs, moyen d'expression
Les pleurs de bébé trahissent généralement des inconforts, des malaises ou, plus simplement, des désirs. Lorsqu'il pleure, son corps s'échauffe, sa pression artérielle augmente, son rythme cardiaque s'accélère et des marques rouges apparaissent au visage et sur le haut du corps. Les signes physiques sont éloquents.
Bébé utilise également ses pleurs pour communiquer. Son langage n'est pas développé. Et il a besoin de s'exprimer. C'est par ce moyen, parfois dérangeant, qu'il souhaite exprimer ses émotions, ses états d'âme, ses désirs, même manifester sa présence. Il a besoin d'être cajolé, d'être rassuré, voire de constater que vous êtes encore dans son environnement.
Pourquoi mon bébé pleure-t-il?
Il y a une réponse simple à cette question : c'est parce qu'il n'a pas d'autre moyen de communiquer avec vous! Après quelques jours en compagnie de votre nouveau-né, vous serez déjà en mesure de remarquer que ses cris sont différents selon les moments. Votre enfant peut exprimer beaucoup de choses en pleurant, et ses cris ne devraient pas être pris à la légère. Voici peut-être ce qu'il essaie de vous dire :
- J'ai faim
- Ma couche est souillée.
- Je suis épuisé, laissez-moi tranquille!
- Je ne veux pas dormir!
- J'ai besoin d'un câlin.
- J'ai mal quelque part (coliques, gaz, constipation, etc.)
- J'ai trop chaud / trop froid.
- J'ai un problème, mais lequel?
- J'ai peur (du bruit, du noir, du silence...)
La dure réalité
Après avoir passé 40 semaines bien au chaud et sans aucun besoin, votre enfant découvre la vie à l'air libre, remplie de petits inconforts. Ce n'est pas par caprice que votre enfant réclame votre présence auprès de lui. D'ailleurs, les pédiatres s'entendent pour dire qu'un bébé de moins de 8 ou 9 mois ne connaît pas le concept du caprice.
Quand il vous appelle, c'est qu'il a un problème. Il faut aussi savoir que plus on répond au besoin de bébé, plus il développe un sentiment de sécurité.
Si, après avoir tout vérifié, bébé pleure encore, c'est peut-être simplement parce qu'il a besoin d'être rassuré, d'être porté et câliné... Cela arrive à tout le monde, même aux adultes! Pourquoi devrions-nous refuser ce plaisir à notre enfant?
Les pleurs à la tombée de la nuit
Sans qu'on sache pourquoi, il est très fréquent que les bébés connaissent une sorte de détresse en fin de journée et pleurent sans pouvoir être consolés. Portez votre enfant, parlez-lui doucement... et attendez que la crise passe, il n'y a rien d'autre à faire!
Les pleurs du bébé plus âgé
Passé les premières semaines, de nouveaux « problèmes » apparaitront dans la vie de votre enfant :
- Les poussées de dents.
- Des peurs incontrôlables (le chien, le bruit du sèche-cheveux, un rire trop fort).
- L'anxiété de la séparation : vers 8-9 mois, votre enfant panique dès que vous sortez de son champ de vision. Il craint de ne plus jamais vous revoir... C'est une étape normale qui se règlera d'elle-même en quelques semaines.
- La perte de son objet de transition (suce, doudou).
- La frustration : incapacité d'attraper telle ou telle chose, de se déplacer tout seul, etc.
Le laisser pleurer pour l'endormir?
Cette considération est très personnelle... Certains parents pensent que l'autonomie est une valeur importante et qu'il vaut mieux l'intégrer dès le plus jeune âge. C'est un choix, et il convient, bien sûr, de le respecter. Chaque situation est différente : par exemple, une maman épuisée qui a déjà deux enfants en bas âge pensera qu'il vaut mieux laisser pleurer son enfant quelques jours plutôt que raccourcir encore ses nuits difficiles.
Le laisser pleurer... étape par étape
Dans la plupart des pays occidentaux, certaines personnes recommandent aux parents de « dresser » leurs bébés afin qu'ils fassent leurs nuits le plus vite possible. La méthode consiste à mettre votre bébé au lit, seul dans sa chambre, après un rituel précis (biberon, changement de couche, petit câlin). Puis, si vous décidez de ne pas répondre à ses pleurs la nuit, pour toutes sortes de raison (souvent votre fatigue personnelle), ils conseillent d'y aller par étape :
- Les premières fois, vous allez le voir, le prenez dans vos bras et le recouchez.
- Ensuite, vous allez le voir dans sa chambre, sans le prendre.
- Vous vous rendez sur le bord de sa porte pour le rassurer doucement.
- Vous lui parlez de votre chambre.
- Vous le laissez s'endormir sans lui parler ou vous tentez la méthode 5-10-15.
Le réconforter aussi longtemps que possible
Cependant, certains parents ne peuvent supporter d'entendre les pleurs continus de leur bébé et préfèrent sacrifier leur propre sommeil pendant quelques mois afin de lui répondre. C'est la façon traditionnelle de s'occuper des jeunes. D'ailleurs, c'est encore comme ça que les mères procèdent dans la grande majorité des cultures (non occidentales).
Ainsi, le bébé dort dans la même chambre que ses parents (dans un lit d'appoint, parfois dans le même lit) et peut être rassuré instantanément lorsqu'il pleure. Cette méthode est particulièrement pratique lorsque l'enfant est allaité à la demande.
Ça passera!
Après quelques mois, les boires du bébé s'espaceront d'eux-mêmes et les parents pourront alors laisser bébé s'endormir dans sa chambre. Il aura besoin de quelques jours d'acclimatation, mais la transition se fera généralement sans problème, contrairement à l'idée largement répandue selon laquelle un enfant qui commence sa vie en dormant dans la chambre de ses parents y restera jusqu'à l'âge de 3-4 ans. Il n'y restera que si vous l'y laissez!
Respectez vos valeurs!
Vous entendrez peut-être des réflexions comme : « tu vas en faire un enfant trop gâté, trop dépendant, trop capricieux » ou « mais, c'est cruel de le laisser pleurer pendant 1 heure! » N'oubliez pas que votre entourage a peut-être plein de bons conseils à vous donner, mais que la décision finale vous revient.
Aussi, n'oubliez pas que tous les enfants sont différents et que les méthodes ne fonctionnent pas de la même façon pour tout le monde. Il ne faut pas que vous vous culpabilisiez si vous éprouvez de la difficulté avec les pleurs de bébé. Il a sa personnalité, vous avez la vôtre.
Toutefois, il y a fort à parier qu'après seulement quelques jours, vous serez en mesure de comprendre les pleurs de votre nouveau-né et d'y répondre de la façon la plus adéquate pour vous. Et surtout, ne paniquez pas si vous avez l'impression de ne pas savoir ce dont votre enfant a besoin. Parfois, nous ne nous comprenons pas entre adultes, malgré les mots. La communication est donc un apprentissage permanent...
Cécile Moreschi, rédactrice Canal Vie
Cet article a été révisé par Geneviève Harbec, cadre conseil pour le secteur de la pédiatrie au Chu Sainte-Justine.