La deuxième vague de COVID-19 est-elle déjà arrivée au Québec? C'est une des nombreuses questions agitant la communauté scientifique.
Une définition... vague
Si l'expression «deuxième vague» est actuellement sur toutes les lèvres, sa définition précise en revanche est loin de faire consensus et selon les sources, elle varie. La définition la plus logique de la deuxième vague est la suivante: «qui vient après la première et avant la troisième», ce qui n'est que partiellement suffisant, car on n'évoque ici que la notion d'évolution et de succession dans le temps des vagues.
Ce qu'il faut comprendre, c'est que comme l'a déclaré à la BBC le Dr Mike Tildesley, de l'université de Warwick. «Ce n'est pas particulièrement scientifique: la définition d'une vague est arbitraire», et on considère ainsi parfois comme une deuxième vague, ce qui n'est en réalité qu'une première vague irrégulière, une situation que l'on a pu observer chez nos voisins américains.
De façon générale, on considère qu'il y a une deuxième vague quand on observe une nouvelle hausse des infections qui se maintient dans le temps. Outre sa définition, la forme que la deuxième vague va prendre est aussi sujet à débat. «On peut difficilement caractériser comment va se produire une deuxième vague», a résumé le 1er août dernier la Dre Cécile Tremblay, infectiologue au Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) à Radio-Canada.
La balance penche vers le oui
Cela dit, selon les résultats d'un sondage d'opinion préparé par CBC Radio-Canada et soumis au début du mois de juillet à 170 à experts en santé publique et en épidémiologie de Montréal, la balance penche fortement du côté du oui.
Comme l'indique le tableau de résultats ci-après, 113 des 170 participants estiment que la probabilité qu'il y ait une deuxième vague au Québec est très probable.
CBC/Radio-Canada
La COVID-19 étant une nouvelle maladie, il est très difficile, voire impossible, de savoir précisément comment elle va évoluer et se comporter dans les semaines, les mois et les années à venir. Pour tenter de prévoir l'avenir, beaucoup d'experts internationaux spécialisés en épidémiologie regardent le passé, à savoir l’historique de certaines maladies respiratoires comme le SRAS, car celles-ci sont également causées par un virus très proche de celui de la COVID-19.
C'est grâce à ce travail d'analyse historique, qu'un expert comme le Dr Cédric Yansouni, spécialiste des maladies infectieuses au Centre universitaire de santé McGill est capable d'affirmer à nos confrères de Radio-Canada : qu' «Aucune pandémie de maladie respiratoire ne s’est produite en une seule vague. Il y a toujours une transmission sur une base continue pendant un certain temps. Cela peut durer des mois, jusqu’à deux ans».
Encore peu de gens infectés
Un autre facteur qui rentre dans «l"équation deuxième vague» si l'on peut dire est le taux d'infection de la population. En effet, le nombre de personnes ayant été infectées au Québec étant très faible, peu de gens ont développé une immunité. Selon les résultats d'une étude récente menée par la Société canadienne du sang et le Groupe de travail national sur l’immunité face à la COVID-19, le taux d'infection est très faible. En effet, les résultats initiaux de l’analyse faite sur 10 000 échantillons dans le but de détecter la présence d’anticorps contre le SARS-CoV-2 montrent que moins de 1% de ces échantillons comportaient des anticorps contre le nouveau coronavirus.
Pour tout lire sur la COVID-19, c'est ici.
De nouveaux cas confirmés
À la fin du mois d'avril 2020, un sommet avait été atteint en ce qui concerne les nouveaux cas quotidiens de COVID-19. Il y a eu ensuite un creux jusqu'à la fin du mois de juin. Malheureusement, le nombre de cas confirmés de COVID-19 est reparti à la hausse en juillet et se situe désormais autour de 150 cas sur une base quotidienne.
Voici le tableau synthèse de l’évolution des données le plus récent au moment d'écrire ces lignes :
Face à cette hausse du nombre de cas, le gouvernement du Québec affirme que la situation demeure cependant sous contrôle, mettant en lumière le faible nombre d’hospitalisations et de décès.
S'il semble bel et bien bien que la deuxième vague soit déjà présente au Québec, il est cependant très difficile de savoir comment la situation évoluera. Certains spécialistes comme Benoît Mâsse, professeur à l’École de santé publique de l’Université de Montréal, se risquent cependant à faire un pronostique. Selon lui, une hausse des hospitalisations plus tard à l’automne est à attendre avec une augmentation des infections pendant encore plusieurs semaines. Il évoque l'arrivée du mois de septembre et avec lui, de la rentrée scolaire et de la reprise des activités à l’intérieur, ce qui peut augmenter les risques d’infections. «On peut s’attendre à une hausse plus substantielle des infections et à une augmentation des hospitalisations d’ici la fin d’octobre et le début de novembre», affirme-t-il dans un échange par courriel avec nos confrères de Radio-Canada.
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