Mise en contexte : vous avez un souper prévu au programme ce week-end? Ou vous désirez susciter (positivement) l’attention de vos collègues et de votre boss au prochain 5 à 7 en ayant une conversation éclairée sur les sujets chauds de l’heure? Parfait : on a décidé de vous aider en démystifiant des sujets de société! C’est maintenant le moment d’aborder un sujet très délicat qui entre dans la catégorie « cas par cas » : l’aide médicale à mourir…
L’aide médicale à mourir n’est certainement pas un sujet à prendre à la légère. Quand il est question de la vie et de la mort d’une personne, on se doit d’en parler avec délicatesse et respect. Chez nous, une loi fédérale modifiant les dispositions du Code criminel portant sur l’aide médicale à mourir est entrée en vigueur le 17 juin 2016. Ainsi, le Canada adoptait une loi permettant aux adultes admissibles de demander l’aide à mourir. Depuis, l’adoption de cette loi fait beaucoup jaser et les réactions vont dans les deux sens : devrait-on ou ne devrait-on pas aider une personne souffrante à mettre fin à ses jours? Ici, souvenons-nous que ce sont les faits qui sont importants.
C’est quoi au juste, l’aide médicale à mourir?
La définition officielle, si on peut dire ça ainsi, de l’aide médicale à mourir, ici au Québec, va comme suit : « L’administration de médicaments par un médecin à une personne en fin de vie, à sa demande, dans le but de soulager ses souffrances en entraînant son décès ». À l’évidence, tout au long de la démarche, des médecins doivent évaluer si la personne répond – et continue de répondre – aux conditions requises pour avoir recours à l’aide médicale à mourir. Quelles sont ces conditions, exactement? Il y en a 7 et elles doivent toutes être remplies, sinon la personne n’est pas admissible à l’aide médicale à mourir :
- La personne doit être âgée d’au moins 18 ans.
- La personne doit être assurée selon la Loi sur l’assurance maladie du Québec.
- La personne doit être atteinte d’une maladie grave, qui ne peut pas être guérie.
- La condition médicale de la personne doit se caractériser par un déclin avancé et irréversible de ses capacités.
- La personne doit éprouver des souffrances physiques et/ou psychiques continuelles et insupportables, qui ne peuvent pas être apaisées.
- La personne doit être en fin de vie.
- La personne doit être en mesure de comprendre la situation et les renseignements fournis par les professionnels de la santé, de même qu’être apte à prendre elle-même des décisions.
Ça va? Vous nous suivez jusqu’ici?
La marche à suivre, en fonction de la loi
Il est important de savoir qu’il en revient à la personne visée par l’aide médicale à mourir d’en faire elle-même la demande. Aucun des membres de sa famille, de ses proches, ni un professionnel de la santé ne peut s’avancer à sa place. Pour se faire :
- La personne doit exprimer verbalement son choix, à un médecin, d’avoir recours à l’aide médicale à mourir.
- Elle doit ensuite remplir et signer le formulaire du gouvernement, à ce propos.
- La signature dudit document doit être supervisée par un professionnel de la santé, qui apposera à son tour sa signature. Deux témoins indépendants doivent aussi signer le formulaire.
- À chacune de ses rencontres avec un médecin, la personne doit continuer d’exprimer son souhait d’avoir recours à l’aide médicale à mourir.
Normalement, il doit s’écouler 10 jours entre la demande d’aide médicale à mourir et le moment où celle-ci sera administrée. La personne peut néanmoins retirer complètement sa demande ou la repousser, si elle le souhaite. Le jour venu, le médecin s’assurera une dernière fois, en posant directement la question, que la personne veut bien recevoir l’aide médicale à mourir.
Maintenant qu’on a exploré « le qui, le quoi, le quand, le comment et le pourquoi » de la chose, quelques chiffres entourant l’aide médicale à mourir ici, au Québec, peuvent être intéressants :
- Un sondage effectué en 2013 démontrait que 66% des médecins étaient en accord avec la loi sur l’aide médicale à mourir. Un an plus tard, 84% des Québécois penchaient aussi en la faveur de cette loi.
- Chaque année, il est estimé que moins de 2% de personnes en fin de vie demanderont l’aide médicale à mourir. Ça représente un maximum de 1200 décès, ici au Québec.
- En date du 31 mars 2018, 1632 personnes avaient reçu l’aide médicale à mourir. Le nombre de demandes initiales était de 2462, ce qui veut dire que 830 demandes n’ont pas été acceptées.
- Parmi les 1632 demandes accordées, 90% de ces personnes avaient un maximum de 6 mois ou moins à vivre, 87% étaient âgées de 60 ans et plus et 78% souffraient d’un cancer.
- 67% des personnes ayant reçu l’aide médicale à mourir sont décédées à l’hôpital, contre 20% à leur domicile.
On espère que vous vous sentez mieux équipée pour aborder ce sujet de société sérieux, mais important.
Bonne discussion!
Sources :
canada.ca
chumontreal.qc.ca
ici.radio-canada.ca
educaloi.qc.ca
journaldequebec.com
ledevoir.com
selection.ca
quebec.ca