En cet automne confiné, je dois avouer que Occupation Double tombe à point pour divertir nos soirées. D’ailleurs, cette année, le style de Jay du Temple fait particulièrement jaser : de son vernis à ongles multicolore à ses cheveux pastel, il incarne la masculinité non-toxique de maintes façons et c’est définitivement MON highlight de l’édition 2020.
Bien que cette douce revendication ne soit, selon lui, en rien rock’n’roll, elle ouvre la discussion à un large public sur des sujets tellement importants, notamment la fluidité de genre, l’orientation sexuelle, les doubles standards, et j’en passe.
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Puisque plusieurs personnes semblent avoir une opinion face à ses goûts personnels, je me suis dit qu’un petit retour dans le temps ne ferait de mal à personne!
L'émergence de l’androgynie : 1970
À travers son personnage Ziggy Stardust, David Bowie s’est amusé à défier volontairement les normes de genre en remettant en question le concept de la masculinité. Un homme qui porte une robe n’est pas nécessaire gay et un homme marié à une femme n’est pas nécessairement hétéro. C’est ainsi que Bowie a conquis le coeur de plusieurs générations, en exerçant un magnétisme indéniable envers tous les genres et toutes les orientations confondues, et ce, bien avant que l’androgynie ne soit un terme à la mode.
Bien qu’il ait mentionné par le passé avoir été gay, et puis bisexuel, et puis finalement hétérosexuel, Bowie a tout de même réussi à challenger bien des écoles de pensées face à la différence.
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Plusieurs autres icônes ont également marqué le cours de l’histoire à leur façon, notamment Prince, Mick Jagger, Jimi Hendrix et les Beatles, pour n’en nommer que quelques-uns.
L’ampleur de la sous-culture grunge : 1990 aux années 2000
Avec Kurt Kobain qui mélangeait habilement tricots et robes à fleurs dans les années 90, la corrélation entre le genre, l’orientation et le style vestimentaire était presqu’inexistante. Puis, les années 2000 ont vu la montée fulgurante du emo/punk. Comment oublier ce passage quasi-obligé de l’adolescence? De My Chemical Romance à Green Day en passant par The Used, plusieurs groupes emo, influencés par leurs prédécesseurs, ont transgressé la mentalité hétéronormative de l’époque.
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C’est à coup d’eyeliner, de skinny jeans, d’ouverture d’esprit, de vulnérabilité et de désir de parler pour ceux qui n’avaient pas de voix que ces groupes ont dissout les stéréotypes physiques et psychologiques de milliers d’adolescents en quête identitaire.
Jusqu’à aujourd’hui
À ce jour, plusieurs personnalités publiques de différents domaines continuent activement à déconstruire la rigidité des genres dans l’ultime but de faciliter, à leur tour, le parcours des prochaines générations.
Harry Styles, Matty Healy et Jaden Smith en sont de très bons exemples. Mais ma personne préférée de tous les temps est définitivement Jonathan Van Ness. Vous le connaissez probablement grâce à l’incroyable série Netflix Queer Eye. En 2019, Jonathan a admis se considérer comme une personne non-binaire (ni homme, ni femme, mais un mélange des deux). Ainsi, d’une journée à l’autre, il agence avec style vernis à ongles, moustache, crop top, longue tignasse, talons hauts, et j’en passe.
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Psst : Il est d'ailleurs LA première égérie de Essie de genre non féminin. J’ai tellement un gros crush sur son attachante personne; de sa sensibilité à son sens de l’humour, on veut tous l’avoir dans notre vie!
Tout part d’un solide kick
J’ai passé l’entièreté de mon secondaire à triper sur Billie Joe Armstrong, le chanteur de Green Day. Même à ce jour, il me fait encore réaliser des aspects de ma personne, c’est pas peu dire! À l’époque, je me rappelle qu’il y avait quelque chose entre son ouverture d’esprit, son je-m’en-foutisme et sa féminité assumée qui m’attirait, qui me mystifiait. J’ai vite compris que la féminité et la masculinité coexistait à différents niveaux, dans chaque individu, physiquement et psychologiquement.
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C’est l’essence même du Yin et du yang : la dualité entre le masculin et le féminin. Le yang représente le masculin, le rationnel, et le ying représente le féminin, l’intuition. Dans la culture chinoise, c’est la balance des deux qui crée une harmonie (le sujet est vraiment passionnant, je vous suggère fortement d’aller lire là-dessus!).
Et au Québec?
Sans contredit, Hubert Lenoir est notre bijou québécois (amour infini pour sa personne, évidemment). J’aimerais beaucoup voir d’autres artistes aussi libérés. J’aimerais que notre société soit davantage ouverte et réceptive à la différence. J’aimerais que l’on arrête dès maintenant de :
- Juger les choix, l’orientation et la vie personnelle des artistes;
- Se sentir dans l’obligation d’obtenir une réponse face à ses propres insécurités - en d’autres mots, nourrir une curiosité malsaine.
Au lieu d’émettre une opinion – qui reflète probablement un manque de profondeur, d’empathie ou de jugement – pourquoi ne pas tourner cette réflexion vers soi, en se demandant : « En quoi ça me concerne? En quoi est-ce que cet aspect vient susciter telle émotion en moi? »
À ce sujet, avez-vous entendu parlé de l’anecdote du fils de Bianca Longpré, mieux connu sous le nom de Mère ordinaire, qui désirait porter une robe pour sa rentrée scolaire? Bianca a partagé ce petit moment de son quotidien par une vidéo Facebook et je crois honnêtement que c’est ce genre d’actions qui contribue concrètement à faire évoluer notre société.
Sans compter les jeunes ados qui ont fièrement porté une jupe pour protester contre l’uniforme scolaire genré. Je suis tellement émue des changements qui sont en train de s’opérer, lentement mais sûrement!
Ah, et finalement, j’aimerais dire à Jay Du Temple que oui j’adore son style coloré, mais ce que j’aime par-dessus tout, c’est le voir s’épanouir dans ma tivi. C’est vraiment beau à voir ça.
Psst! : Pour visionner les épisodes d'Occupation Double et admirer le look inspirant de Jay, rends-toi au Noovo.ca.