Dire oui à tout et se garder occupée, mais être une chilleuse, malgré tout.
Travailler fort, mais voyager beaucoup.
Faire la fête souvent, mais rester au sommet de sa performance, quand même.
Sortir danser, mais méditer un peu, tsé.
Boire ben de l’alcool, mais rendre ses oméga-3 tous les jours.
Accepter un nouveau mandat, mais prendre le temps de bruncher avec mom.
Faire du bénévolat, mais apprécier plusieurs grasses matinées par semaine quand même.
Embarquer sur un C.A., mais prendre du temps pour soi. Alleluia.
Squeezer un rendez-vous chez l’esthéticienne entre le yoga et le hockey, mais réussir à organiser un road trip entre amis comme une championne.
Commencer un cours de photo et de ukulele, mais participer à trois 5 à 7 dans sa semaine.
Rédiger pour un blogue, mais écrire des lettres d’amour à mes amies au moins une fois par année.
C’est tu ça l’équilibre? J’ai l’impression que oui. Je travaille fort, je prends soin de moi ainsi que de mon entourage et je donne de mon temps à la communauté.
Compte Instagram de @ouiamlabanane
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... Finalement, non.
Je me rends compte que mes moments pour moi sont comprimés entre 1000 activités. Que mon brunch avec ma mère est chronométré pour arriver à temps au cours de yoga (parce que je me suis inscrite au challenge du mois, évidemment).
Que mes soupers entre amies sont moins spontanés parce que je dois les mettre dans mon iCal. Que mon émission de radio est rapidement enregistrée, car je dois me rendre à temps au soccer.
Que ma date hebdomadaire avec mon amoureux est écourtée parce que « j’ai un cours de danse avant le souper mais juste 60 minutes, promis ».
Ça me dérange pas dans le fond. Toutes ces activités me font plaisir. Pis anyways, je suis hyperactive depuis toujours. Faut que ça bouge. Faut que je bouge.
Quand j’y pense, ce qui me dérange, c’est que je n’ai plus le temps de m’ennuyer. Pis ça, j’m’en ennuie.
Mes activités paraprofessionnelles (pour ne pas dire parascolaires) sont soigneusement sélectionnées et placées dans un horaire bien chargé, au détriment de mes activités personnelles et parapersonnelles (lire ici : l’ennui).
Même mes moments pour prendre soin de moi, lire, méditer ou me faire un masque font partie d’une liste de choses à faire entre « aller à la poste », « monter le Mont Royal » et « nettoyer le drain de la terrasse ».
C’est pas normal.
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Je m’ennuie de m’ennuyer, comme quand j’étais enfant : « MAMAAAAAAN, j’m’ennuie ». Comme quand je tombais sur une abeille morte au bord de la fenêtre et que je la regardais pendant des heures. Comme quand j’utilisais ma créativité et ma spontanéité du moment pour écouter la petite bibitte intérieure et CRÉER.
Pis, ce qui est triste, c’est que je me rends compte que je ne suis pas la seule adulte à ne plus s’ennuyer. La productivité a pris le dessus. On la recherche. On la glorifie. On se surpasse. Pis on est dont bien fiers d’avoir été productifs.
Productifs au profit de quoi? Au profit de notre créativité. Au profit de notre petite bibitte intérieure. Au profit de l’enfant en nous qui, au fond, a peut-être juste le goût d’être couché à terre, les jambes en l’air en train d’inventer une chanson qui n’existe pas. Au profit des dessins qu’on pourrait encore faire à nos mamounettes d’amour, même si on a 30 ans. En fait, surtout si on a 30 ans. On dessine clairement mieux qu’à 3 ans. Quoi que, peut-être pas. Bref, la productivité a pris le dessus sur nos envies du moment.
Je m’ennuie de chercher quelque chose à faire pendant 8 heures de suite qui ne soit pas une tâche d’adulte.
Je m’ennuie de ne pas savoir ce que les minutes et les heures représentent.
Je m’ennuie de ne pas savoir ce que je vais faire demain.
Je m’ennuie de m’ennuyer.
Pis je suis certaine que vous aussi.
Dans le fond, la solution, c’est peut-être juste ajouter ça dans ma liste de choses à faire : M’ENNUYER.